Pourquoi Jacques Lacan a-t-il salué le noeud borroméen comme une ultime trouvaille en matière de repérage dans la cure ? C'est qu' il répondait à ses attentes, et à trois critères : l'argument de l'a-cosmicité (pas de correspondance biunivoque entre microcosme et macrocosme), l'argument de l'a-céphalie, (aucun des ronds de la chaîne borroméenne ne sauraît se dire premier); enfin, l'argument du jeu de mourre qui établit entre les ronds de l'Imaginaire, du Symbolique et du Réel une dominance circulaire. La chaîne borroméenne surgit ainsi comme paradigme de la solidarité entre concepts et comme fondement inconscient d'une éthique.
L'idée de cet ouvrage est de susciter une confrontation entre des approches théoriques et des analyses de situations thérapeutiques de personnes souffrant d'autisme. Le cadre théorique proposé est celui de recherches dans le domaine des sciences cognitives qui tentent de cerner la pathologie autistique par rapport à la théorie de l'esprit. Cette approche se veut ouverte et non exclusive.
De quelle logique relève les modes de prise en charge des pauvres et des marginaux dans notre société ? Faut-il y voir l'effet d'une volonté humanitaire s'exerçant à l'égard de ceux qui souffrent ? Faut-il y voir tout au contraire l'effet de la domination exercée par des appareils d'État ou par des élites dirigeantes ? Cet ouvrage tente de dépasser le caractère réducteur de ces explications et de trouver dans la sociologie de l'action des outils d'analyse appropriés pour saisir la complexité des modes d'administration des pauvres et des marginaux.
Cet ouvrage rassemble les textes majeurs sur la sanction en éducation. Quatre-vingts auteurs sont réunis dans cette anthologie, plus de cent textes proposés. Cet ouvrage est à la fois un outil de formation et une remarquable contribution à l'histoire des idées. Philosophes, psychanalystes et pédagogues s'expliquent sur un sujet aussi difficile qu'essentiel.
Rassemblant des essais écrits au fil des dix dernières années, ce livre prend pour objet la figure énigmatique d'un devenir démocratique de la politique mondiale qu'accompagne comme son ombre la prolifération des violences extrêmes. A la politique entendue comme mise à l'épreuve de la diversité humaine tend à se substituer une post-politique qui réactive toujours plus distinctement la figure immémoriale du troupeau humain conduit par ses pasteurs avisés.
Ici et ailleurs se multiplient des haines diverses. Haine raciale et politique de facture classique mais aussi haine des temps présents qui se dit sous des formes nouvelles par le recours entre autres, à cette expression devenue banale mais étrange : " avoir la haine ". Que veulent signifier exactement ceux qui l'emploient ? Comment penser la diversité des haines ? Toutes sont-elles également condamnables ? Peut-on penser la politique et l'Histoire à l'écart de cette passion ?
La domination et l'aliénation sont choses si courantes qu'elles ne se révèlent pleinement que par et dans l'acte qui ébranle leur mainmise. La dynamique qui s'engendre alors s'appelle émancipation.
Parce qu'en décillant le regard elle donne à voir et à comprendre, l'émancipation est constitutive d'un savoir qui est à la fois relecture du passé et critique du présent. Autant dire qu'elle fait éclater la fermeture sur soi d'un présent qui n'a jamais à proposer que sa morne ou tragique répétition. Que l'émancipation ouvre ou rouvre l'avenir ne signifie pas qu'elle vise à réaliser une quelconque nature humaine, puisque à l'inverse, c'est la dynamique éman-cipatrice qui libère ou crée des virtualités qui n'apparaîtraient ou même n'exis-teraient pas sans elle. En l'absence de tels mouvements pris en acte et dans leur effectivité, il n'existe aucun point de vue d'où elles pourraient s'énoncer et se déduire a priori.
L'émancipation n'a pas besoin de preuves, c'est elle qui fait preuve.
Une brèche s'est ouverte à l'Est de l'Europe, au tournant des années 1980, que nous ne savons pas bien nommer: fin d'un empire, d'un siècle, d'une aberration politique, d'une espérance dévoyée...? La vitesse de l'Histoire ne nous a pas laissé le temps de reprendre notre souffle, ni de méditer la portée de cet effondrement : à peine l'avions-nous enregistré qu'il nous fallait déjà faire face aux sinistres de l'âge " post-communiste " - en Ex-Yougoslavie, en Tchétchénie...
Rassemblant des essais écrits au fil de l'ultime décennie du " socialisme réel ", Alain Brossat propose une réflexion libre de préjugés sur les traces et les ruines de ce communisme trop vite jeté aux oubliettes de l'Histoire.
Et si le bonheur n'était qu'une question de choix identificatoire ? Et si l'identification à l'Autre n'était qu'un des moyens mis en oeuvre pour réparer les dommages produits par la survenue d'une bévue, d'une épissure au niveau du noeud fondamental du sujet par exemple? Privation, Frustration, Castration sont ici les nominations de l'entre-deux qu'examine cet ouvrage et où un sujet est susceptible de basculer lorsqu'il désespère de trouver sa place dans l'échange social.
L'emploi offre le cadre dans lequel s'opère l'activité de travail : réglementation de cette activité, définition du statut du travailleur, règles de rémunération. Ce cadre est une construction sociale marquée par des contingences des histoires nationales. Au cours des années 1950-1980, le partenariat social a donné à l'emploi en France une relative homogénéité sur le territoire national , avec deux éléments majeurs : la généralité des règles et l'affirmation de la cotisation sociale.
On assiste depuis le début des années quatre-vingts à un retour à l'hétérogénéité de l'emploi, avec une place croissante des règles spécifiques au nom de discriminations positives, et à une multiplication des emplois définis par l'Etat puissance publique (les "emplois aidés") en même temps que s'accentuent les pressions à la baisse des cotisations.
Le présent ouvrage analyse la construction et la mutation récente de cet emploi à la française, en particulier à travers les politiques d'emploi des jeunes et de lutte contre le chômage de longue durée.
Les contributions sont le fruit d'un séminaire du Groupe de Recherche sur l' Education et sur l'Emploi (GREE-CNRS), équipe d'économistes et de sociologues du travail de l'Université Nancy 2.
Qui sont-ils ces étrangers qui se confrontent au ban public ? Étrangers dans leur ville ? Ils y habitent, y travaillent, y consomment, y produisent depuis 20, 30, 40 ans. Étrangers dans leur civilité ? Ils s'engagent dans la vie locale, participent au lien social dans le quartier, enrichissent la vie culturelle. Une Europe qui se construirait dans l'exclusion ne saurait être réellement considérée comme démocratique.
Les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) ont été créés en 1991. Cet ouvrage revient sur les circonstances de leur naissance et retrace la mise en place de la formation actuelle des enseignants, que ces nouveaux instituts abritent désormais. Parmi ces futurs enseignants, on découvre les professeurs des écoles venus se substituer progressivement aux instituteurs. S'appuyant sur une approche narrative et biographique, l'auteur les a suivis jusqu'à l'installation au premier poste, découvrant comment ces jeunes praticiens deviennent des enseignants singuliers.
Juif italien, rescapé du camp d'Auschwitz, inlassable témoin de la Shoah, chimiste de profession, écrivain, poète, traducteur, vulgarisateur, il est l'auteur de très nombreux ouvrages. Toutes ses oeuvres, celles concentrationnaires, celle de fiction ou de critique, visent à promouvoir le respect de la dignité de l'être humain grâce à une culture ouverte aux croisements des savoirs : savoir corporel et spirituel, savoir scientifique et littéraire ou poétique, savoir manuel et intellectuel, savoir des choses et des personnes.
Mais les valeurs véhiculées par tous les écrits de Primo Lévi sont d'autant plus fortes qu'elles ont été trempées dans l'expérience de la Shoah, expérience indicible, qui toutefois peut et doit être transmise à travers la mémoire gravée de l'écriture.
L'auteur traite ici une question essentielle et pourtant souvent tabou, celle de la sanction. Qui peut oser dire qu'il ne s'est jamais posé cette question ? Pour comprendre ce qui se passe quand la question de la sanction se pose, l'auteur recourt aux ressources de l'histoire de la philosophie mais aussi à celles de la mythologie ; il s'efforce de comprendre le sens des positions dans ce domaine, et clarifie quelques enjeux fondamentaux : la signification et les visées de l'acte éducatif, la loi, l'autorité... avant de préciser ce qu'il faut entendre par sanction éducative. Cet ouvrage fait suite à Eduquer et Punir, qui retraçait l'évolution historique des pratiques punitives dans les lieux d'enseignement.
Ce sont des entretiens et de nombreuses lettres de réponse à une enquête lancée en 1997-1998 en Lorraine qui fournissent une matière étonnamment riche et vivante à cette étude sur les catholiques et la guerre d'Algérie. La qualité des témoignages permet de revivre ces années sur lesquelles on se penche désormais avec plus de sérénité.
Héritière des actions de vulgarisation scientifique élargies aux dimensions de la technique et de l'industrie, la Culture Scientifique Technique et Industrielle (CSTI) a fait l'objet dans les années 80 d'une politique publique dont l'ouvrage de Marie-Jeanne Choffel-Mailfert éclaire les enjeux. L'analyse effectuée permet d'interroger la portée et le sens de diverses formes d'aménagement culturel des territoires en regard des mutations en cours et éclaire ce qui constitue la toile de fond de notre modernité.
Cet ouvrage se propose de faire le point sur quelques dossiers brûlants : les missions actuelles et futures de l'école, son fonctionnement, la place des technologies de l'information et de la communication dans le processus d'apprentissage et plus largement la culture scolaire, la diversité de l'offre de formation et les risques de ségrégation qui lui sont liés, les politiques éducatives et leur impact en terme de démocratisation.
Le phénomène d'urbanisation est massif. Aujourd'hui les trois quarts de la population vivent en milieu urbain. Ville et société se confondent. La mondialisation de l'économie, les mutations d'une civilisation désormais postindustrielle minent la qualité des rapports entre les individus. La question urbaine préoccupe autant les citoyens que les pouvoirs publics. Quels sont les rapports de la ville à ses banlieues ? Comment appréhender la diversité des populations, des modes de vie ? Comment évaluer l'impact des grands chantiers engagés par les politiques de la ville ?
L'ancienne Yougoslavie n'existe plus. Une nouvelle réalité tente de se dégager de la fange. Aider à concevoir cette réalité, c'est ce que s'efforce de faire cet ouvrage en soulignant les interactions qui ont permis les crimes génocidaires des dix dernières années. Reconstruire un avenir est une tâche ardue : la reconnaissance des crimes commis et leur sanction en constituent le préalable évident. Une conception plus sereine de l'identité nationale, ainsi qu'une vision moins étroite des liens possibles entre communautés différentes, permettraient quelques avancées en direction de la justice et du respect des droits de l'homme.
Chercheurs et praticiens participent de la définition et de la mise en oeuvre de dynamiques interculturelles dans le domaine de l'intégration et des politiques de la ville. Quelles peuvent être la rencontre et l'articulation de leurs démarches respectives? Eclairer les processus à l'oeuvre au sein de l'espace social, mieux comprendre les phénomènes individuels et collectifs de représentation d'autrui et les phénomènes de confrontation entre groupes, explorer les parcours des différentes communautés et les histoires de vie individuelle, etc. à partir de modèles d'analyse et de constructions théoriques.
Dans nombre de secteur d'activité, les processus multiples de décentralisation qui se succèdent depuis vingt ans contribuent à transformer les pouvoirs des institutions et des acteurs, et ainsi à changer profondément les rapports qu'ils entretiennent entre eux. C'est le cas dans le domaine de l'action sociale et dans celui de l'action populaire pour ce qui concerne ses relations avec les structures intercommunales. Cette question est abordée dans cet ouvrage à partir de l'étude de six pays lorrains situés en milieu rural.
Les "événements" de Novembre et de Décembre 1995 en France ont déjà fait couler beaucoup d'encre. Pourtant l'interrogation demeure : quel sens leur donner ? Que s'est-il passé au juste : un combat d'arrière-garde, une reviviscence des conflits classiques, une explosion de l'irrationnel, ou quelque chose de plus nouveau et de plus complexe ? La cité dans le conflit, c'est la cité en tant qu'agitée et traversée par le conflit : mais c'est peut-être davantage la cité en tant qu'animée ou réanimée, remise en question, par le conflit.
La servitude, soumise à la critique de la philosophie, se pose d'emblée comme étant une question antérieure, c'est-à-dire qu'elle est de ces questions qui suscitent un déploiement de références ayant trait tout autant à l'anthropologie qu'à l'histoire, au sens le plus politique du terme. La servitude, avant d'être une attitude, cette sorte d'ethos social où se perd l'idée de justice, s'apparente déjà à un passé qui, selon la formule consacrée, se refuse a passer.
Quel nom aujourd'hui inventer qui confère au serf une nouvelle idée de soi propre à troubler le cours normal du temps, susceptible de nous extraire de ce jeu aveugle où, comme le rappelle Jean Genet, le serviteur n'est jamais qu'un miroir déformant du Maître ?
Si la violence accompagne l'histoire de la ville dès son origine, nous sommes aujourd'hui confrontés à des actualisations particulières de celle-ci : les "violences urbaines" et les "les violences scolaires". Une première réflexion voit émerger les questions de l'éducation citoyenne et des nouvelles missions de l'école, puis le regard se tourne résolument vers les pratiques des différents membres du système scolaire.