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Alban Lefranc
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C'était un poisson volant, une sirène et un hippopotame. Il avait vécu dans un foyer de jeunes travailleurs. Son enfance était une plaie ouverte. Autodidacte et lecteur frénétique, il était entré en littérature comme en religion. Son premier livre, La Vision dans l'île, donnait la sensation physique qu'un animal vous sautait au visage. Il écrivait sur des feuilles volantes qu'il collait sur les murs. Il ne buvait pas en gourmand, mais en barbare. Il avait un tempérament de prêcheur. Il avait séjourné dans un hôpital psychiatrique. Il se préparait à être mort très longtemps. Qui était Julien Mana, assassiné d'un coup de couteau au matin du 10 avril 2022 ? Sept hommes et femmes, qui l'ont côtoyé à divers moments de sa vie, prennent la parole.
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Maman Küsters s'en va au ciel ; le droit du plus fort ; tous les autres s'appellent Ali
Rainer werner Fassbinder
- L'Arche
- Scène Ouverte
- 18 Janvier 2019
- 9782851819567
Les dialogues de 3 films majeurs de l'enfant terrible du cinéma allemand.
Maman Küsters apprend que son mari, ouvrier dans une usine chimique, s'est suicidé après avoir tué son patron.
La presse à scandales harcèle la veuve.
Pression médiatique, conflits de classe et engagement politique s'entremêlent avec brio dans ce drame.
Franz, jeune homme d'origine modeste, gagne une importante somme d'argent au loto.
Il s'entiche alors d'Eugen, jeune bourgeois aux goûts de luxe.
Eugen usera de ses charmes pour lui inculquer les bonnes manières tout en le pillant, menant ainsi Franz à sa perte.
Emmi, veuve d'une soixantaine d'années, rencontre Ali, jeune immigré, dans un café.
Il s'installe chez elle dès le lendemain et ils se marient.
Leur romance à contrecourant scandalise l'Allemagne des années 70.
Comment cette relation résistera--t--elle à l'intolérance et aux préjugés ?
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C'est un visage qu'il nous faut.
Un beau visage intimidant.
Une mèche qui flotte au-dessus des rues la nuit.
Qu'on imagine dans notre dos quand on va rincer la racaille.
Avec les camarades.
J'aimerais voir ça un jour.
Des jeunes corps qui se disputeraient l'honneur de mourir.
Pour moi.
À chaque seconde.
Prêts à se jeter sous les balles avec ravissement.
Des jeunes corps ravis qui ne demandent qu'à se jeter sous les balles.
Des jeunes corps ravis qui n'existent qui ne tiennent debout que par la pensée.
Émue.
De la balle qui les déchirera.
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La transfiguration romanesque d'une vie, la fusion artistique d'une critique sociale et politique dans une prose inspirée et jouissive.
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"Nous ne vivons plus dans une époque, mais dans un délai".
Luc Jardie voudrait réunir dans un seul livre toutes ses obsessions : Thomas Münzer, révolutionnaire et théologien, Alain Delon, le porno californien, l'apocalypse et sa mère. Mais le monde autour de lui glisse dans le chaos, et la figure de la mère, terrifiante et comique, menace d'absorber toutes les autres...
Dans cette fable romanesque à l'humour incisif et au style incandescent, Alban Lefranc retrace les efforts désespérés d'un homme pour s'affranchir du poids du passé et survivre à l'enfer du monde contemporain.
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«Nous venons de cerveaux saccagés par la consommation et par le dogme de la non-violence. Nous avons grandi dans la dépression, la maladie et la peur du déclassement. Mais cette engeance est sortie des non-lieux où vous vouliez la cantonner. Vous avez laissé une armée grandir dans vos entrailles.» De la Fraction Armée rouge, née à la fi n des années 60 en Allemagne de l'Ouest, la rumeur n'a retenu que le récit d'espionnage ou le road movie sanglant. Loin des clichés associés à «la bande à Baader», ce roman remonte aux sources de la démence nazie, de son emprise durable sur le langage et les corps. Car plutôt qu'Andreas Baader, c'est Bernward Vesper, fils d'un célèbre poète nazi, qui incarne la déchirure d'une jeunesse prise entre le poison de la langue hitlérienne et l'enthousiasme béat du miracle économique. Il va bientôt rencontrer Gudrun Ensslin, une femme prête à tout pour que le mensonge cesse.
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« On s'est bien foutu de votre gueule toutes ces années, de vos grands yeux ahuris, de votre indéracinable accent teuton, un peu moins les derniers temps où votre main s'armait promptement d'un tesson paraît-il, Queen of the bad girls enfin, parvenue au but. »
Ni hagiographie, ni descente en flammes, Vous n'étiez pas là détourne le genre biographique pour passer outre les images d'Épinal associées à Nico (1938-1988) : cover-girl précoce, demi-mondaine dans La Dolce Vita, égérie des films de Warhol, femme fatale du Velvet Underground, maîtresse d'une poignée de célébrités et increvable junkie bien au-delà des années 70.
Apostrophant son héroïne sur un ton tendre et grinçant, Alban Lefranc s'approprie les tendances à l'affabulation de Nico, tord ici et là le bâton des faits et finit par la mentir vraie. Partant de ce rapport décalé, elliptique et dissonant, il l'exhume des ruines du IIIe Reich, la confronte à l'absence d'un père, autopsie les zones d'ombre de son ascension fulgurante, remet en perspective ses frères de chaos, ôtant un à un les masques d'une intériorité mouvante pour réinventer quelques-unes de ses vies possibles.
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Elle venait de Marioupol ; à la recherche d'une famille perdue en Union soviétique
Natascha Wodin
- Editions Métailié
- Bibliothèque Allemande
- 15 Octobre 2020
- 9791022610704
À l'ouverture des archives de l'Union soviétique, Natascha Wodin, obsédée par le souvenir de sa mère qui s'est suicidée à 40 ans, entame des recherches pour reconstituer son histoire. Déportée d'Ukraine au cours de la Seconde Guerre mondiale, sa mère a été envoyée dans un camp de travail en Allemagne, pays où ses parents ont ensuite été contraints de rester sous peine d'être traités comme des collaborateurs du nazisme s'ils étaient retournés dans leur pays d'origine, sort rencontré par plus de 20 millions de personnes - non juives - exploitées comme esclaves par l'industrie et l'agriculture allemandes.
Le récit suit le rythme des recherches de l'auteur et leurs difficultés. Il y a les fausses pistes, la lenteur administrative des services concernés en Ukraine et en Russie, les témoins disparus ou survivants, ceux qui ne savent pas mais sont prêts à inventer... L'auteur finit par reconstituer non seulement l'histoire de sa mère, mais aussi celle d'une famille entière sur tout un siècle. Les événements historiques sont présents, mais, dit-elle : « Je ne les raconte que s'ils avaient un rôle dans le destin de ma mère. Pour moi la littérature se trouve surtout dans les béances du destin, ces béances renferment le secret qui est à la fois l'objet de mon écriture et ce qui me fascine en elle. Le secret est la terre nourricière de la littérature. »
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Atteint d'une grave malformation cardiaque (deux opérations à coeur ouvert), le narrateur - qui est aussi l'auteur - mène un dialogue avec ce coeur coupable de lui avoir fait mener, depuis l'enfance, une vie en sursis, alors que le coeur lui rappelle les épisodes où il a joué avec l'idée de la mort. Comment vit-on lorsque l'on sait qu'à tout moment la vie peut s'arrêter ?
Max et son coeur - il s'emballe, il cogne, il se détraque. Et pourtant Max sait que son coeur et lui doivent affronter ensemble la vie et l'amour.
Max David Villanders, dramaturge à succès, est né avec une malformation cardiaque : un trou entre les oreillettes. Il a été opéré à dix-neuf ans mais, trois décennies plus tard, il doit repasser sur la table d'opération et le danger est, à cet âge, encore plus grand.
Devenu tellement présent dans la vie du héros, son coeur ne se contente plus du rôle de serviteur muet qu'il joue chez quelqu'un de bien portant. Cette revendication va si loin que tous deux décident d'écrire un livre : l'histoire de leur vie en commun. Il apparaît bien vite que c'est "le coeur électrique" qui la plupart du temps encourage Max à oublier sa femme et à tomber amoureux d'une jeune postière kabyle. Celle-ci est prête à répondre à l'amour de Max (et de son coeur) s'il lui raconte et lui avoue toutes ses aventures amoureuses, sans exception.
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'Il absorbait par tous ses pores l'espace clos entre les cordes, et sa peau comme une éponge avalait le volume à grandes gorgées, dévorait les moindres détails de ce carré magique de six mètres sur six où il avait choisi de passer sa vie désormais.' Comme chacun sait, il n'y a qu'une seule façon de passer le cap Horn : vite. Mohamed Ali a su somptueusement incarner cette vitesse face à ses adversaires sur le ring, face à l'Amérique blanche des années soixante.
Mais avant de s'appeler Mohamed Ali, il a fallu que le jeune Cassius Clay surmonte ses peurs, sorte de son mutisme et s'invente un corps. Il a fallu qu'il trouve la voix qui habite pleinement ce corps.
Ce livre raconte sa genèse : Ali avant Ali.
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Par une matinée ensoleillée, le professeur Hinrich Schepp pénètre dans leur bureau commun et trouve sa femme morte à sa table de travail, penchée sur le vieux manuscrit d'un roman inachevé, inspiré par une vaine passion qu'il avait nourrie pour une serveuse yougoslave. Un roman d'un étrange pouvoir d'envoûtement. Par une belle matinée ensoleillée, le professeur Schepp, spécialiste de la Chine, découvre en entrant dans son bureau que sa femme, qui est aussi sa collaboratrice, est morte, penchée sur le manuscrit qu'elle était en train de corriger. Le professeur n'arrive pas à y croire : sa femme était plus jeune que lui et il avait toujours pensé mourir avant elle pour l'attendre, comme il le lui avait promis, sur la rive du lac bordant l'île des morts (celle du tableau de Böcklin). Autre sujet d'affolement : il s'aperçoit que le manuscrit au-dessus duquel sa femme a rendu l'âme n'était pas son dernier essai sur la Chine ancienne mais le vieux manuscrit d'un roman inachevé, inspiré par une vaine passion qu'il avait nourrie pour Dana, serveuse yougoslave dans un bar. Or, sa femme a annoté son manuscrit, et ses remarques prouvent qu'elle a tout à fait compris que le héros du roman était bien lui. A présent qu'elle est morte, il ne pourra plus jamais s'expliquer. Ils ne pourront plus jamais se réconcilier. Tout au long de cette journée, alors que le cadavre de sa femme commence à sentir dans la touffeur de l'été, le professeur va revivre cette passion fatale qui avait fait de lui la risée de toute la ville, une sorte de Professeur Unrat (dans le film L'Ange bleu de Josef von Sternberg). Etrange est le pouvoir d'envoûtement de ce roman, qui baigne dans l'odeur des fleurs qui se fanent, du corps qui se décompose, du professeur qui se liquéfie littéralement sous nos yeux. Si sa femme a choisi de mourir, il semble que ce soit un suicide, c'est sans doute pour le tuer moralement. Et sa vengeance ira même au-delà de la mort car c'est finalement Dana, et non lui, qu'elle attendra sur la rive du lac en face de l'île des morts.
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L'amour la gueule ouverte - hypotheses sur maurice pialat
Lefranc Alban
- Hélium Éditions
- 19 Mars 2015
- 9782330047122
Tyran mal aimé du cinéma français répliquant aux sifflets de Cannes (« Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus »), double du flic misogyne incarné par Depardieu dans Police (« C'est à dire que ma mère m'aimait pas. Alors j'me venge sur toutes les femmes »), créateur toujours insatisfait, Maurice Pialat était-il tel que ses détracteurs et ses coups d'éclat le dépeignent ?
De son oeuvre, il reste que le réalisateur fut aussi le peintre de femmes singulières et libres, parmi les plus inoubliables du cinéma français.
Tel un sculpteur, Alban Lefranc travaille la matière de l'oeuvre et de l'homme pour faire surgir une vérité aussi rude et juste que son modèle.