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Seuil
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« Bad-jens : mot à mot, mauvais genre. En persan de tous les jours: espiègle ou effrontée. »
Chiraz, automne 2022. Au coeur de la révolte « Femme, Vie, Liberté », une Iranienne de 16 ans escalade une benne à ordures, prête à brûler son foulard en public. Face aux encouragements de la foule, et tandis que la peur se dissipe peu à peu, le paysage intime de l'adolescente rebelle défile en flash-back : sa naissance indésirée, son père castrateur, son smartphone rempli de tubes frondeurs, ses copines, ses premières amours, son corps assoiffé de liberté, et ce code vestimentaire, fait d'un bout de tissu sur la tête, dont elle rêve de s'affranchir. Et si dans son surnom, Badjens, choisi dès sa naissance par sa mère, se trouvait le secret de son émancipation ? De cette transformation radicale, racontée sous forme de monologue intérieur, Delphine Minoui livre un bouleversant roman d'apprentissage où les mots claquent pour tisser un nouveau langage, à la fois tendre et irrévérencieux, à l'image de cette nouvelle génération en pleine ébullition.
D'origine iranienne, lauréate du prix Albert-Londres et grand reporter au Figaro, Delphine Minoui couvre depuis vingt-cinq ans l'actualité du Proche et Moyen-Orient. Publiés au Seuil, ses récits empreints de poésie, Je vous écris de Téhéran et Les Passeurs de livres de Daraya (Grand Prix des lectrices ELLE), ont connu un immense succès et ont été traduits dans une dizaine de langues. -
Les passeurs de livres de Daraya ; une bibliothèque secrète en Syrie
Delphine Minoui
- Seuil
- 19 Septembre 2017
- 9782021363029
De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d'explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d'exhumer des milliers d'ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.
Leur résistance par les livres est une allégorie : celle du refus absolu de toute forme de domination politique ou religieuse. Elle incarne cette troisième voix, entre Damas et Daech, née des manifestations pacifiques du début du soulèvement anti-Assad de 2011, que la guerre menace aujourd'hui d'étouffer. Ce récit, fruit d'une correspondance menée par Skype entre une journaliste française et ces activistes insoumis, est un hymne à la liberté individuelle, à la tolérance et au pouvoir de la littérature.
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« Alors, voilà, c'est fini. Je suis assise à l'arrière du taxi, nuit noire, fenêtres ouvertes au vent. La voiture file vers l'aéroport, un épais silence à ses trousses. Dehors, les rues sont désertes, les réverbères évanouis. Le nez collé à la vitre, je photographie du regard ce Téhéran que j'ai appris à aimer et qui se dérobe à nouveau. Au détour d'un carrefour, le chauffeur ralentit. Dans la pénombre, il slalome prudemment entre les poubelles calcinées, les carcasses de voiture incendiées. Derniers clichés d'une ville à l'agonie. Dans un frisson, je me dis que bientôt, il n'y aura plus de témoin pour raconter. Sous mon foulard, je me surprends à trembler, entre peur et tristesse. Tout en moi se révolte contre le tour que prend l'histoire iranienne, mon histoire. » Téhéran, été 2009. En pleine répression des manifestations postélectorales, Delphine Minoui quitte précipitamment l'Iran. Quand lui revient le courage d'écrire, c'est avec une plume remarquable qu'elle raconte son quotidien sous la forme d'une lettre à son grand-père, livrant un témoignage poétique et bouleversant sur l'Histoire de l'Iran contemporain. Au fil de cette missive, se dessine une contrée à la fois rêvée et redoutée, tiraillée entre ouverture et repli sur elle-même. Le regard d'une journaliste sur le pays de ses ancêtres se mue progressivement en un parcours identitaire.
Un récit autobiographique, reportage-pèlerinage d'une des rares femmes occidentales à avoir vécu au plus près de cette société iranienne, laquelle n'avait encore jamais été décrite avec tant de beauté et d'émotion.