Filtrer
Éditeurs
- Buchet Chastel (15)
- Editions De La Loupe (7)
- Folio (7)
- Creaphis (4)
- Filigranes (3)
- Le Livre de Poche (3)
- Bleu Autour (2)
- Editions de la Flandonnière (2)
- La Guepine (2)
- Lamaindonne (2)
- Les éditions du Chemin de Fer (2)
- Lizzie (2)
- Points (2)
- Arthaud (1)
- Audiolib (1)
- Editions Du Ruisseau (1)
- Flammarion (1)
- Invenit (1)
- Isabelle Sauvage (1)
- Libra Diffusio (1)
- Libretto (1)
- Novellix (1)
- Quelque Part Sur Terre (1)
- Revue 303 (1)
- Sun Sun (1)
- Ulmer (1)
- Zoé (1)
- Éditions Guérin (1)
- Éditions des Busclats (1)
Langues
Prix
Marie Hélène Lafon
-
« La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l'érable, mais elle n'entrera pas dans la maison. Elle n'y entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l'après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c'est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu'elle a de la chance avec la lumière d'octobre, la cour de la maison, l'érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu'à elle dans l'air chaud et bleu. » Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans le pays d'en haut avec la mère et le père. La ferme est isolée.
Impeccable, rythmé, viscéral. Une poignée de mots viennent et reviennent, introduisent le battement d'un rythme, et voilà bien le miracle : ce livre qui jamais ne se détourne de ce qu'il y a, ce livre qui ne prétend qu'au réel est aussi l'oeuvre d'art la plus exquise. Damien Aubel, Transfuge.
Âpre et bouleversant. Laurence Caracalla, Le Figaro magazine. -
«Très vite, tous se demanderaient sans se l'avouer comment on avait pu jusqu'alors vivre sans André, son babillage, ses rires, sa vitalité tendre et sa douceur. Il avait été dans la maison comme une chanson vive, en dépit des ragots et de ce trou que creusait dans sa vie l'absence d'un père.» André grandit heureux dans la famille de sa tante, auprès de ses cousines. Mais au fond de lui reste tapie la douleur d'être le fils d'un père inconnu et d'une mère distante. Alors qu'André est sur le point de se marier, sa mère lui livre un nom... Dans la France rurale du XX? siècle, l'Histoire du fils est aussi celle de trois générations qui se débattent avec le poids des silences familiaux.
-
"Je pense parfois à elle sous lui. Il est immense, anguleux, dru. Il est comme un ogre ; il doit l'avaler, la dévorer, plusieurs fois, pour la contenir, pour s'en défaire, pour s'en guérir. Parce qu'il n'est pas comme moi ; il a peur ; depuis le début, le premier soir, le soir du chien. Il n'a pas été premier. Il sait qu'elle peut partir ; et comment elle part. Moi, je ne le savais pas. Je ne savais pas comment les femmes partent."
Laurent a aimé Marlène. Elle n'est plus là. Il faut continuer à vivre. -
Le photographe, Alexis Vettoretti, auteur de la série Paysannes, primée, est parti depuis 2013 à la rencontre des femmes françaises, filles et femmes de paysans nées dans l'entre-deux-guerres, témoins d'une époque révolue et dans laquelle, pourtant, elles vivent toujours. La romancière Marie-Hélène Lafon signe le texte Je les reconnais, placé dans un cahier hors-texte.
Paysannes. Leurs visages portent les traces d'un siècle qui a vu notre société passer de la tradition à la modernité. Travailler la terre. Élever les enfants. S'occuper du foyer. Une existence silencieuse, héritée d'une époque dont les derniers vestiges s'effacent lentement. Impensable, inacceptable pour les enfants du xxie siècle.
Paysannes, une série de portraits émouvants réalisés à la chambre grand format, dévoile ces femmes françaises, filles et femmes de paysans nées dans l'entre-deux-guerres, témoins d'une époque aujourd'hui révolue et dans laquelle, pourtant, elles vivent toujours.
La série photographique est accompagnée du texte de Marie-Hélène Lafon, Je les reconnais. -
Le présent volume rassemble la totalité des nouvelles de l'auteur publiées chez Buchet/Chastel (deux recueils : Liturgie en 2002, et Organes en 2006). Opus complété par : Bon en émotion, et La Maison Santoire (nouvelles publiées par ailleurs et épuisées).
Cette présente édition - la première au format poche - présente d'autres textes de l'auteure publiés en revue mais jamais repris dans un recueil. -
Joseph est un doux. Joseph n'est pas triste, du tout. Joseph existe par son corps, par ses gestes, par son regard ; il est témoin, il est un regardeur, et peut-être un voyeur de la vie des autres, surtout après la boisson, après les cures. Il reste au bord, il s'abstient, il pense des choses à l'abri de sa peau, tranquille, on ne le débusquera pas.
-
«Il y a comme ça des périodes où les plaques tectoniques de nos vies se mettent en mouvement, où les coutures des jours craquent, où l'ordinaire sort de ses gonds ; ensuite le décor se recompose et on continue.» Le Franprix de la rue du Rendez-Vous, à Paris. Une femme, que l'on devine solitaire, raconte et imagine. Gordana, la caissière. L'homme qui s'obstine à venir chaque vendredi matin. Silencieusement elle dévide l'écheveau de ces vies ordinaires. Et remonte le fil de sa propre histoire.
-
Cézanne : des toits rouges sur la mer bleue
Marie-Hélène Lafon
- Flammarion
- D'/apres
- 13 Septembre 2023
- 9782080421357
Il y a Paul et il y a monsieur Cézanne. Il y a le père et la femme, le jardinier Vallier, le docteur Gachet et les écrivains Flaubert et Zola. Tout un monde. Il y a les toits rouges sur la mer bleue, les mains, le sucrier, le chapeau, l'argent et les secrets. Il y a les silences, épais. Marie-Hélène Lafon est allée vers Cézanne comme on «va au paysage». À corps perdu. Cet essai en est la trace éblouie.
-
«Il disait à Mo je te boxe, je te boxe, je t'écrase, je te meurs, ça va fillette ça va, rentre chez ta mère, heureux les simples d'esprit le royaume de Dieu est à eux, allez en paix mon fils, vous avez du feu, va mourir Mo va mourir, et d'autres phrases qui les faisaient rire les deux dans la grande allée du centre. Mo ne savait pas pourquoi il riait.» Au centre commercial, Mo travaille à la gestion des rayons et des stocks. Il est le dernier fils, le gardien de la mère depuis la mort du père. C'est son rôle. Il semble heureux de cette vie. Cela lui est égal qu'on profite de sa gentillesse. Jusqu'au jour où il rencontre Maria.
-
«À la porte de Gentilly, en venant de la gare, on n'avait pas vu de porte du tout, rien de rien, pas la moindre casemate, quelque chose, une sorte de monument au moins, une borne qui aurait marqué la limite, un peu comme une clôture de piquet et de barbelés entre des prés.» Fille de paysans, Claire monte à Paris pour étudier. Elle n'oublie rien du monde premier et apprend la ville où elle fera sa vie. Les pays raconte ces années de passage.
-
«À Nevers, la deuxième fois, Annette et Paul avait apporté des photos. Ils avaient eu l'idée le premier jour, en novembre. Ils ne savaient plus qui l'avait pensé et proposé d'abord. Ils avaient été du même avis ; ça aiderait pour raconter pour faire comprendre ; ils n'étaient pas seuls dans cette affaire, ils n'étaient pas neufs ; l'enfant la mère les soeurs les oncles, on les imaginerait mieux, chacun de son côté, avant de les connaître en vrai.» Paul, quarante-six ans, paysan à Fridières dans le Cantal, ne veut pas finir seul.
Annette, trente-sept ans, vit à Bailleul dans le Nord. Après avoir rompu avec le père de son fils, elle doit s'en aller, recommencer ailleurs... Marie-Hélène Lafon nous raconte leur rencontre, née d'une petite annonce dans un journal, lue et découpée. C'est une histoire d'amour. -
Ailleurs : Quatre histoires courtes
Filteau-Chiba Gabrielle, Gary Victor, Caroline Lamarche
- Novellix
- 4 Octobre 2024
- 9789175896755
La nouvelle a le pouvoir de nous transporter ailleurs. En vingt minutes de lecture, elle nous ouvre l'univers d'un auteur et réintroduit le plaisir de lire dans notre quotidien. Marie-Hélène Lafon, prix Goncourt de la Nouvelle en 2016, nous accompagne entre l'Aubrac et l'Algérie autour d'un mystérieux cahier d'écolier. C'est Haïti que nous fait découvrir Gary Victor, sur les traces d'une malédiction vaudou. Caroline Lamarche, lauréate du Goncourt de la Nouvelle en 2019, évoque la relation, tissée de dépendance et de liberté, entre un homme et un oiseau. Gabrielle Filteau-Chiba, jeune romancière québécoise, nous place dans les pas de Sitka, chienne-louve de Colombie-Britannique en quête d'un foyer.
Cette boîte contient quatre nouvelles au format de poche :
Marie-Hélène Lafon - Bon en émotion
Gabrielle Filteau-Chiba - Sitka
Gary Victor - La langue
Caroline Lamarche - Frou-Frou -
« D'où viennent nos pères ? Qui sont-ils ? Que transmettent-ils ? Et qu'attendent les fils ? » sont les questions que pose Éric Courtet. Les non-dits balisent nos vies le plus souvent, et nous faisons avec, reconstruisant notre propre histoire et celles de nos aînés. C'est ce silence qui est ici souligné avec ces portraits de pères et de fils réunis, de tous âges, un « arrêt sur image » qui puisse enclencher une narration pour le regardeur, en territoire intime - une autre vérité.
Au-delà des ressemblances (ou leur absence) entre les sujets, c'est avant tout les jeux de regard, les postures et les gestes qui frappent. Tendresse ou dureté, pudeur, gêne ou affection, complicité ou timidité, malaise... ces sentiments, auxquels participent le décor et les tenues, ne sont pas donnés d'emblée mais évoqués par le hors-champ, l'au-delà de l'image. Derrière la frontalité apparente, quand bien même les sujets sont de dos, c'est une approche fragile de tous les noeuds éventuels, tous les secrets qui relient les pères et les fils ; les transmissions possibles ou rejetées, professionnelles ou de toutes sortes (le goût pour tel sport, la musique, la nature...) - en un mot : les racines, qu'on est invités à interroger, entre passé et futur, parce qu'ils restent, les pères, les fils.
Les racines ou les sources... Marie-Hélène Lafon, dont on connaît l'obsession dans ses livres pour l'arrachement et l'attachement à une terre d'enfance, s'est glissée entre ces images pour y proposer sa propre narration, sa propre lecture des silences. Par petits blocs de prose dense (et deux poèmes), elle redonne parole aux fils, et peu importe qu'on puisse retrouver tel ou tel élément des images dans ces textes, ils ne font surtout pas légendes parce que ce qu'on entend c'est une voix, où affleurent sentiments et sensations toujours paradoxales - humaines. Proposant une mémoire à ces fils, elle nous invite à son tour, avec Éric Courtet, à interroger la nôtre, à regarder ces visages, ces attitudes à l'aune de notre propre histoire, en écho. À lire la fragilité des généalogies et des filiations, comme, des arbres, « [la] peau, [le] grain, [les] velours. [Le] silence. » -
Marie-Hélène Lafon : une autre vie
Marie-Hélène Lafon
- Lamaindonne
- Poursuites Et Ricochets
- 29 Septembre 2023
- 9782492920097
Mon père fut paysan dans le Cantal, comme toutes les générations qui l'ont précédé. Après sa mort, j'ai retrouvé des photos prises entre 1956 et 1959 pendant son service militaire au Maroc. Mon père sur la plage, en maillot de bain , en uniforme dans la chambrée , déguisé en femme dans le jardin du colonel , torse nu au milieu d'un groupe d'enfants. À la fin du service militaire, il rentre dans le Cantal et dans sa vie de paysan. Il se marie avec ma mère le 31 décembre 1959. Un autre père, un autre corps, une autre vie. Un livre d'images et de mots pour flairer cette piste.
-
Le pays d'en haut ; entretiens avec Fabrice Lardreau
Marie-Hélène Lafon
- Arthaud
- Versant Intime
- 20 Février 2019
- 9782081443839
«Ces lieux façonnent des gens un peu verticaux, austères et tenaces... C'est un fond dont je ne me suis jamais départie, et le travail d'écriture, depuis plus de vingt ans, m'y confronte constamment [...] ; ce nord du Cantal, ce pays perdu à mille mètres d'altitude, est fondateur ; et le sauvage n'est jamais loin ; il palpite sous l'écorce des choses.»Marie-Hélène Lafon a grandi dans une ferme isolée du Cantal, au coeur de la vallée de la Santoire, et ses livres s'en souviennent. À travers ces conversations, elle nous invite dans son pays perdu, ces terres volcaniques de moyenne montagne où la sauvagine, toujours proche, palpite sous l'écorce des choses. Voyage au coeur d'un monde intense, aux sources de la beauté.
-
Où sont les hommes.
Avalés par la lumière. Avalés par le temps.
Noyés de silence.
Tandis qu'une femme attend et s'arrondit derrière l'image.
Les étés sont irrémédiables. -
Le petit Giono illustré
Jean-Philippe Pierron, Selçuk Demirel
- Editions Du Ruisseau
- Silex
- 10 Juillet 2024
- 9782491992309
Aujourd'hui, l'oeuvre romanesque de Jean Giono (1895-1970) est considérée comme l'une des plus importantes du XXe siècle. Dès Colline (1929), Regain (1930) et Jean le Bleu (1932), toute une génération s'est reconnue dans les aspirations de l'écrivain de Manosque : proximité retrouvée avec la nature, authenticité de la vie paysanne, nostalgie des petites communautés villageoises... Giono exalte Le Chant du monde auquel il nous convie avec générosité. Mais son lyrisme d'inspiration panthéiste ne manque pas de lucidité : la Nature peut être violente et les relations entre les Hommes cruelles. Avec la menace du second conflit mondial, Giono réactive son pacifisme viscéral, né de son expérience traumatisante de la Grande Guerre. Il multiplie romans et tribunes pour enjoindre la jeunesse européenne à toujours préférer la vie. Sa défiance vis-à-vis de l'État et des affres de la modernité capitaliste rappelle l'empreinte laissée par son père bien-aimé, un cordonnier libertaire d'origine piémontaise. À travers cette centaine de citations, Giono peint avec tendresse et lucidité le petit bal des caractères. Il nous délivre aussi des messages d'une modernité étonnante : pacifisme inconditionnel, critique de la ville et de l'argent, écologisme... « Personne ne vous promet plus que le progrès vous donnera la joie » écrivait-il en 1938. Enfin, Giono nous offre parmi les plus belles pages de la littérature mondiale sur le ciel et la montagne, sur le vent dans les arbres et la vigueur des ruisseaux. « Ouvre-toi, ouvre-toi : le bonheur et la joie sont là qui veulent entrer. »
-
Ce livre est une joyeuse rencontre. Il part de l'invitation faite par le photographe et écrivain-voyageur Luc Baptiste à la romancière et nouvelliste Marie-Hélène Lafon de folâtrer sur un chemin d'images composé pour elle. Des images saisies chez elle, dans la haute vallée de la Santoire (Cantal), mais ailleurs aussi : Grèce, Jordanie, New-York, Vichy...
Marie-Hélène Lafon, qui sait Luc Baptiste « né loin » comme elle, a voulu ce jeu avec lui.
Dans les blancs qu'il lui offre, entre paysages rêches et entassements urbains, bêtes au pré et silhouettes d'enfants, vestiges de pierre et portraits peints sur les murs, elle est en elle et avec lui, elle se retourne sur son pays et se déporte. -
Tout texte renvoie à une culture ; parfois, même, plus précisément, se construit dans la relation à un livre, à une oeuvre, voire au Livre.
Cette collection «Rapport à ...» ouvre un espace pour que les auteurs expriment leur dette, ou rendent hommage à un écrivain qui a pu être source d'inspiration ou de libération, déclencher une écriture, permettre de franchir le seuil de la page blanche...
Marie-Hélène LAFON est un professeur de lettres classique à Paris. Depuis vingt ans ses ouvrages sont remarqués et salués pour leur exigence et leur qualité stylistique (Le Soir du chien, L'Annonce, Les Pays, Joseph, Histoires...). Dans Les étés, elle dit avec force combien écrire est une aventure charnelle, incarnée, soumise à une profonde tension intérieure. Elle évoque, en particulier, l'exemple magnifique de Ramuz.
-
Expressions familières, citations de chanson, mots de tous les jours, Marie-Hélène Lafon fait fl èche de tout bois. Elle creuse et sculpte la langue pour débusquer derrière les mots, la saveur, les couleurs du vivant. Tout lui est matériaux pour ces Chantiers. Sa vie de fi lle lettrée issue de la campagne, les cérémonies de l'enfance catholique, le quotidien des familles dont elle décrypte les codes avec un humour ravageur, ses écrivains de coeur et de chair - Flaubert et Claude Simon. Jamais Marie-Hélène Lafon n'a été aussi présente dans ses récits, comme si écrire ces choses qui lui sont chères libérait sa plume. C'est son portrait discrètement voilé qui se dessine dans ses pages. Et le rire, l'émotion, une certaine nostalgie jaillissent de la chair dense de son écriture.
-
«Les Santoire vivaient sur une île, ils étaient les derniers Indiens, la mère le disait chaque fois que l'on passait en voiture devant les panneaux d'information touristique du Parc régional des volcans d'Auvergne, on est les derniers Indiens.» Les Santoire, le frère et la soeur, sont la quatrième génération. Ils ne se sont pas mariés, n'ont pas eu d'enfants. En face de chez eux, de l'autre côté de la route, prolifère la tribu des voisins qui ont le goût de devenir. Sentinelles muettes, les Santoire happent les moindres faits et gestes. Et contemplent la vie des autres. Celle des vrais vivants. D'une plume toute en économie et en tensions, Marie-Hélène Lafon dépeint avec finesse la fin d'un monde, d'une civilisation.
-
Dans la vie d'un lecteur, certains auteurs occupent une place à part : lectures inaugurales, compagnons de tous les jours, sources auxquelles on revient. La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains d'aujourd'hui à partager leur admiration pour un classique, dont la lecture a particulièrement compté pour eux.
« Flaubert à cheval.
Flaubert fut beau.
Flaubert fut jeune.
Jeune. Glorieux. Blond, bouclé. Grand et bien fait.
Flaubert eut mal aux dents.
Il fut foudroyé à dix-sept ans sur le chemin de Pont-l'Évêque ; on ne sait pas bien par quoi il fut foudroyé ; il le fut et il échappa au Droit et il put commencer à devenir.
Flaubert est inépuisable.
Flaubert for ever. » Marie-Hélène Lafon
-
C'est un abécédaire choisi. Il va de Arbres à Vaches en passant par Chemins, Journal, ou Tracteurs. Ce serait l'os des choses, leur velours ; et comme une déclaration d'amour répétée vingt-six fois.
-
écrire serait l'épicentre du jour
Claire Angelini
- Creaphis
- L'animal Fabuleux
- 28 Novembre 2019
- 9782354281533
Le livre propose une cohabitation. D'une part un texte inédit d'une écrivaine au plus près des choses et des moments de la campagne, d'autre part des dessins originaux d'une artiste plasticienne qui est aussi cinéaste. Le dispositif initial est posé : à quatre mains. L'une dessine, l'autre écrit. Les deux ensembles se nouent via l'articulation souterraine de l'Histoire, qui, le soir du 14 juillet 2016 à Nice, a traversé les deux femmes chacune de leur côté.
Pour dessiner un ensemble qui puisse rencontrer le texte, il faut reprendre sa situation de travail, dans le Cantal, en Auvergne, une maison, de la campagne, de la paysannerie vivace, des histoires, l'histoire. En écho à cela, le Jura, la maison d'une famille paysanne et ouvrière hantée de restes et de traces et Nice, autre maison et lieu d'enfance.
Marie-Hélène Lafon note par le menu, dans un vrai-faux journal en treize fragments, les moments d'un été dans une campagne dans la Nièvre. Un motif par fragment et une poignée de motifs, un panier d'osier, un hélicoptère, des chaises-longues, un paysan-maçon, un blaireau, un mot, surgis jour après jour de l'inépuisable réel. Les étés débordent, les vies débordent, sont mêlées, emmêlées. Les coutures étriquées de l'autobiographie craquent.
Claire Angelini saisit dans neuf dessins des morceaux de ce même été dans une campagne frontalière du Jura, propose une vision graphique, à la fois observation et interprétation. Ce qui est recherché en termes de dessin n'est pas de l'ordre de l'illustration ou du reflet, mais de l'analogie. A partir de moments visuels choisis au sein de ce monde campagnard et familier, il s'agit de composer une proposition graphique, organique, qui relèverait à la fois de l'observation et de l'interprétation.
Il ne s'agit donc pas d'un commentaire d'écrivain sur une série dessinée. Et pas plus, d'une illustration par le dessin d'un texte existant. Les deux dispositifs sont éprouvés, inscrits qu'ils sont dans l'histoire longue des textes et des illustrations.