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Gallimard
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«Les Lettres à un jeune poète sont tout autant des lettres écrites par un jeune poète - Rilke a vingt-sept ans lorsqu'il répond pour la première fois, trente-deux ans lorsqu'il écrit la dernière lettre publiée - à un jeune homme dont la figure précise reste dans l'ombre de sorte qu'il devient, pour ainsi dire, l'éponyme, moins d'un âge, que d'une période de la vie, définie par un type de dilemmes. La force de ces lettres et leur très vaste lectorat tient d'abord à ceci que ce qu'on lit dans les réponses de Rilke prend un tour quasi universel en même temps qu'il y a suffisamment d'indications particulières pour ancrer la personne de Franz Kappus dans une réalité individuelle. C'est que ce dernier traverse ce moment inévitable, mais irréductiblement singulier dans l'expérience, au cours duquel chacun s'efforce de passer vers le monde adulte et de parvenir à être enfin vraiment soi-même:Ne vous laissez pas troubler dans votre solitude par le fait que quelque chose en vous cherche à s'en évader. C'est précisément ce désir qui, pourvu que vous en tiriez parti calmement, à la façon d'un outil, et sans vous laisser dominer par lui, peut vous aider à étendre votre solitude à de vastes domaines [...]. Mais l'apprentissage est toujours une période longue et close... Par la suite, Kappus a voulu, avec beaucoup de justesse et d'exactitude dans la reconnaissance, rendre hommage à celui qui, à ce moment-là, lui a permis d'accomplir ce passage.» Marc B. de Launay.
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Élégies de Duino ; sonnets à Orphée
Rainer Maria Rilke
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 25 Octobre 1994
- 9782070327874
«Un regard sur l'accueil fait aux Élégies dans les années 20 s'impose. On constate avec étonnement que les interprétations divergent d'une manière extrême : les uns, tous ceux qui sont proches de Rilke, admirent la continuité, autrement dit, la victoire de Rilke sur le "temps funeste" de la grande guerre. C'est comme si les Élégies avaient guéri la plaie créée par la catastrophe historique. D'autres s'offusqueront du fait que le monument rilkéen ne porte aucune trace de la déchirure du monde occidental. D'autres encore, notamment la génération perdue de la guerre, allaient considérer, en dépit des faits, les Élégies comme l'expression majeure de cette crise aiguë de l'histoire. C'est ainsi que la Sixième Élégie (L'élégie du héros), pourtant rédigée dans sa majeure partie dès 1912/1913 (à Duino, Ronda et Paris), enfanta l'image d'un Rilke "héroïque" cristallisant les expériences de la guerre. "La tessiture primitive de l'âme" (Urtext der Seele), la grande scène des archétypes, le théâtre intérieur de Rilke se heurtèrent donc bien aux discours idéologiques de l'époque dont parlait Musil. Rilke "apolitique" et "atemporel" ? Même si une interprétation de l'oeuvre comme miroir de son temps peut paraître inadaptée, il faut néanmoins tenir compte du fait que les Élégies et les Sonnets posent la question de l'être humain à l'époque du nihilisme. Les difficultés du texte viennent essentiellement du fait que tous les systèmes d'orientation traditionnels et identifiables ont disparu du texte. "Étrange de voir ainsi que tout ce qui se rattachait, librement vole de ci de là, dans l'espace sans lien" (Première Élégie). Tout ce qui est dit du positionnement des morts peut être mis en relation avec la situation de l'homme après l'annonce par Nietzsche de la mort de Dieu. Il s'agit d'une tentative extrême de trouver la place de l'homme - son temps et son lieu ("emplacement, site, gîte, sol, domicile", Dixième Élégie). Les Élégies sont l'une des grandes manifestations de l'expérience de la "solitude" (Nietzsche) et de l'absence d'un "chez-soi transcendantal" (Lukacs, La théorie du roman).» Gerald Stieg.
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Vergers / les quatrains valaisans / les roses / les fenêtres / tendres impôts à la France
Rainer Maria Rilke
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 2 Février 1978
- 9782070321650
Ce soir mon coeur fait chanterdes anges qui se souviennent...Une voix, presque mienne,par trop de silence tentée,monte et se décideà ne plus revenir;tendre et intrépide,à quoi va-t-elle s'unir? «C'est le premier poème de Vergers, écrit autour du 1?? février 1924; il dit, avec une espèce de joie étonnée et reconnaissante, que la poésie recommence, que l'excès du silence est rompu; en fait, pour Rilke comme pour beaucoup d'autres poètes, que le souffle, que la vie vous sont rendus. Parce que l'on a cessé d'être enfermé en soi-même. [...]»Philippe Jaccottet.
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Oeuvres en prose ; récits et essais
Rainer Maria Rilke
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 11 Février 1993
- 9782070112555
Dans sa remarquable préface, Claude David émet l'hypothèse que l'oeuvre toute entière de Rilke s'édifie sur une absence, celle de la mère. Il va radicalement à l'absence, c'est-à-dire à la mort qui «mûrit en nous comme un fruit». Car la mère, qui n'est même pas morte (si on peut dire), s'est absentée et la retrouver, c'est l'halluciner. Ainsi s'ouvre le temps et l'oeuvre s'inaugure. Par des spectres, qui donnent à voir l'invisible. On sait que le Golem erre dans Prague comme Rilke ne cessera d'errer à la recherche de fantômes qui habilleraient la disparue. «Même Dieu, évoqué presque à chaque page, ce Dieu sans passé, sans tradition, sans contour, sans dogme, n'est guère différent d'une absence. Et les choses elles-mêmes ne sont à leur tour qu'un masque et qu'un décor» note Claude David. Comme les anges dans les églises baroques de Prague, elles sont suspendues dans le vide qui seul leur donne un sens. Dans ce «manchon de néant, à revêtir des déguisements et des masques, soudain on ne se reconnaît plus. Ce n'est jamais la chose, ni l'être que l'on trouve, mais seulement son image, sa représentation». Le deuil, pour s'apaiser, cherche une relique : l'oeuvre comme ombre portée de la mère ?
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Oeuvres poétiques et théâtrales
Rainer Maria Rilke
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 23 Octobre 1997
- 9782070115006
La richesse de l'oeuvre poétique de Rilke est parfois occultée par la célébrité des Élégies de Duino et des Sonnets à Orphée. Cette nouvelle traduction, incluant une bonne moitié de textes encore ignorés du public français, a pour ambition de retracer l'évolution de l'oeuvre dans son ensemble, depuis les poèmes de jeunesse célébrant les blondes jeunes filles et les paysages de Bohême, jusqu'à la poésie inspirée et parfois énigmatique des célèbres recueils. Pour la première fois, des poèmes épars ont été rassemblés en cycles autonomes. Certains de ces cycles s'imposaient ; les autres, apparemment moins évidents, respectent des choix exprimés par Rilke lui-même : c'est ainsi qu'est proposée une seconde partie des Élégies. Celles-ci sont en outre suivies de variantes et de fragments que Rilke avait rassemblés, et qui permettent d'éclairer la genèse du recueil ; de même, on a fait figurer à la suite des Sonnets à Orphée les annotations du poète, ainsi que des poèmes et fragments tirés de ce qu'il appelait leur «orbitaire». Enfin, trois pièces de théâtre, qui par leur caractère intimiste et leur réalisme évoquent H. Ibsen, révèlent une dernière facette d'un auteur encore fortement ancré dans le XIX? siècle, mais qui par toute une partie de son oeuvre appartient sans conteste à la modernité.
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«Le projet de ce livre était de se rapprocher un peu de l'enfance. Car il n'est pas d'art qui n'éprouve la nostalgie de ce jardin perdu, qui ne veuille s'enrichir de ses parfums et de ses ombres et recueillir l'écho de ses murmures. Deux petites histoires ne constituent que le prétexte.Le théâtre en est Prague, cette ville pleine de ruelles obscures et de cours pleines de mystère. Les jours y sont rêveurs et tristes et agissent peu. Leur voix est pleine de nostalgie slave; ils vivent la piété native de leur sentiment vierge. Et le prétexte a conduit à un sujet nouveau:l'histoire de l'enfance d'un peuple. Quelques mots racontent en passant le destin d'un peuple qui ne peut donner de l'espace à son enfance à côté d'un peuple frère grave, plus âgé, adulte. Et c'est dans ces propos, qui me sont venus presque par hasard, que me paraît maintenant résider le meilleur de mon livre. Car c'est de là que vient toute sa chaleur; et c'est précisément là où il paraît être tendancieux qu'il est large, humain, plein de savoir.» Rainer Maria Rilke.
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Inspiré par la beauté des paysages et par la profonde spiritualité du peuple russe, qu'il découvre lors d'un voyage en 1900, Rilke est convaincu de la présence de Dieu à chaque instant de sa vie et dans chacun de ses gestes, «sanctifiant» son travail. C'est cette conviction qu'illustrent les nouvelles de ce recueil.Ces Histoires du Bon Dieu s'inspirent à la fois des contes universels et de la chanson populaire russe, «ces mélodies, écrit Rilke, que personne, fût-il cosaque ou paysan, n'a jamais pu entendre sans pleurer». Le poète interprète librement le récit biblique de la création du monde et le martyre du Christ, retrace la rencontre du tsar Ivan Vassiliévitch avec un bâtisseur d'églises qui pourrait être Dieu, relate le retour de Jego, fils exilé, auprès de son père, et le destin d'un vieux peintre d'icônes ou une «scène du ghetto de Venise».
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En 1903, Rainer Maria Rilke répond à une longue missive envoyée par un jeune homme de vingt ans, Franz Kappus, qui est élève officier comme il le fut à son âge. S'ensuit une correspondance qui durera jusqu'en 1908 et qui sera publiée par les soins de Franz en 1929. Nous ne connaîtrons jamais ses lettres, car il ne publiera que celles de Rilke, préférant s'effacer derrière le poète. Sans pathos, sans « effets de manches », Denis Podalydès nous restitue l'âme de Rilke, solitaire et exigeante. C'est la pensée d'un immense poète, transmise ici par un très grand acteur.
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Ces lettres qui sont inédites, même en Allemagne, n'ont été publiées qu'en édition restreinte en Italie, pendant la dernière guerre. Rilke, âgé à l'époque de leur composition d'une trentaine d'années, était très amoureux d'une jeune Vénitienne d'une grande beauté. Écrites en français entre 1907 et 1912, elles sont envoyées au cours de voyages incessants, aussi bien de Paris que de Capri, de Brême ou du château de Duino. Chez ce grand poète inquiet, en constant déplacement, on retrouve pourtant des préoccupations permanentes, des réflexions sur les poètes et surtout sur la poésie : «C'est effrayant de penser qu'il y ait tant de choses qui se font et se défont avec des mots, enfermés dans l'éternel à-peu-près de leur existence secondaire, indifférents à nos extrêmes besoins ; ils reculent au moment où vous les saisissez, ils ont leur vie à eux et nous la nôtre.»
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Correspondance ; 1902-1913
Rainer Maria Rilke, Auguste Rodin
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 22 Novembre 2018
- 9782070179589
Lorsque Rainer Maria Rilke naît à Prague en 1875, Rodin a déjà trente-cinq ans. Fort de ses premiers succès, il est en passe de s'imposer, en quelques décennies, comme l'un des sculpteurs les plus talentueux et innovants de son époque. De son côté, le jeune Rilke se destine tôt à l'écriture, et publie dès 1896 ses premiers recueils de poèmes. Peu après avoir découvert l'oeuvre de Rodin, notamment grâce à son épouse, la sculptrice Clara Westhoff, il reçoit la commande d'un livre sur l'artiste et se rend à Paris pour le rencontrer. Pour la première fois rassemblée, cette correspondance retrace, de 1902 à 1913, la relation entre deux hommes a priori dissemblables:le jeune poète désargenté maîtrisant encore mal la langue française et le sculpteur au faîte de son art et de sa gloire, à la tête d'une véritable entreprise chargée de la diffusion de son oeuvre. Rilke donne du «Maître» à Rodin et analyse son oeuvre dans de longues lettres, tandis que les réponses du sculpteur sont lapidaires, sans pourtant dissimuler son affection pour le jeune poète. De 1905 à 1906, Rodin engage Rilke comme secrétaire et l'héberge à Meudon. Une brouille survient, puis se dissipe. Ils renoueront des rapports soutenus entre 1908 et 1911, à l'hôtel Biron, futur musée Rodin, que Clara Westhoff fait découvrir à son mari. Le poète a beaucoup publié, il est reconnu - ils sont désormais sur un pied d'égalité. Considéré en Allemagne comme le «gardien à la porte rodinienne», Rilke affirmera plus tard que c'est grâce à Rodin que Paris aura longtemps été le seul point d'attache dans sa vie de déraciné. Cette correspondance dessine un échange émouvant, à la croisée des générations, des disciplines artistiques, des langues et des cultures, entre deux personnalités hors du commun, et témoigne, avant l'heure, d'un véritable esprit européen.
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Correspondance à trois
Rainer Maria Rilke, Boris Pasternak, Marina Tsvétaïéva
- Gallimard
- L'imaginaire
- 29 Mai 2003
- 9782070768134
Pendant quelques mois, trois des plus grands poètes de leur temps échangent un courrier d'une passion extrême. Pasternak est cloué à Moscou par la révolution (il est le docteur Jivago), Tsvétaïeva en France par l'émigration et Rilke en Suisse où il meurt lentement. Seuls Pasternak et Tsvétaïeva se connaissent bien. Rilke n'a jamais rencontré Tsvétaïeva et connaît à peine Pasternak : le lien réel de leur triangle est l'admiration réciproque. L'isolement, l'absence de tout contact et de toute connaissance concrète favorisent l'exaltation, l'idéalisation, le sublime... mais aussi les drames de susceptibilité, de jalousie, les remords et les ruptures. La passion amoureuse est indéniablement mêlée à la fougue poétique.
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Correspondance
Lou Andréas-Salomé, Rainer Maria Rilke
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 22 Mars 1985
- 9782070702480
En 1897, lorsque Rainer Maria Rilke rencontra Lou Andreas-Salomé à Munich, il avait vingt-deux ans, et déjà plusieurs plaquettes de poèmes à son actif. Lou en avait trente-six. Fille d'un général russe, passionnément et vainement aimée par Nietzsche rencontré à Rome en 1882, mariée depuis 1887 à l'orientaliste Friedrich Carl Andreas, elle avait publié, de son côté, un roman et de nombreux articles de revues.Après quatre années de liaison au cours desquelles se situent notamment leurs deux voyages en Russie et qui s'achevèrent sur une mise en garde pathétique de Lou à Rilke qui s'apprêtait à épouser Clara Westhoff, cet amour fera place à une amitié qui devait durer jusqu'à la mort du poète et rester sans doute la plus étroite et la plus nécessaire d'une vie où tant de figures féminines ont passé.«Dieu le sait : ton être aura été la véritable porte par laquelle j'accédai pour la première fois à l'air libre...», écrit Rilke à Lou en 1911. Et il est bien vrai que cette rencontre de 1897 a constitué pour le jeune poète encore vague et frêle une nouvelle naissance, et le commencement de son vrai travail.En dépit des pertes qui affectent cette correspondance, pertes dues, pour la première partie (1897-1901), à une volonté commune de destruction et, pour le reste, à de probables interventions extérieures, elle reste aujourd'hui, telle que l'a présentée intégralement Ernst Pfeiffer, la plus substantielle de toutes celles qu'a entretenues l'épistolier parfois excessivement fécond que fut Rilke.C'est en effet vers Lou seule, mère, maîtresse, amie, ami tout ensemble, que le poète s'est tourné chaque fois que le conflit qui opposait en lui la création et la vie, la poésie et l'amour, devenait trop cruel pour être affronté sans aide. Et seule Lou Andreas-Salomé, avec sa grande intelligence naturelle, sa connaissance et bientôt sa pratique de la psychanalyse, son amour inaltérable de la vie, pouvait donner aux questions anxieuses de Rilke sinon toujours les réponses, ou les fragments de réponse, du moins l'écho chaleureux qui devait l'aider à «surmonter». Il n'est donc pas surprenant que l'on trouve, à plus d'un moment de leurs échanges, nombre de pages qui comptent parmi ce qui s'est écrit de plus pénétrant et de plus brûlant sur les ténèbres souterraines où germe et mûrit, directement quelquefois, la poésie.