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Christianisme
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Cette nouvelle traduction du grec ancien des quatre Évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc et Jean) entend faire redécouvrir ces textes comme des oeuvres littéraires originales, au sein de la littérature antique juive et grécoromaine. Une littérature forgée et inventée à partir des pratiques orales d'enseignement et de discussion de la Torah (la Bible hébraïque) pendant toute la période dite du Second Temple, du vie siècle avant notre ère au Ier siècle.Une triple conviction est à l'origine de cette traduction : 1) Les Évangiles appartiennent à la culture religieuse et littéraire du judaïsme antique. 2) Rédigés dans la langue grecque de l'époque, ce sont des traductions de paroles, de discours, de citations de l'araméen et de l'hébreu de l'époque. 3) Ces textes sont des performances littéraires pour témoigner de l'enseignement d'un jeune rabbi du Ier siècle en Judée et en Galilée.Le mot «évangile» est ainsi traduit et compris comme performance : réaliser par l'écrit «l'annonce heureuse».Il s'agit de revisiter le vocabulaire traditionnel religieux, en revenant à la littéralité du grec ancien.Enfin, on découvre une autre représentation de Jésus et de sa parole. Jésus cherche moins à culpabiliser qu'à libérer, il ne fonde pas de nouvelle religion mais cherche à faire abonder, multiplier, la parole de la Torah, en direction de toutes les classes sociales. Ces textes, écrits et composés en temps de crise, dialoguent avec notre époque.F. B.
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De toute l'oeuvre de Max Weber, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme est sans doute l'ouvrage le plus cité et le plus commenté. Est-ce pour autant que ce «classique» de la sociologie est lu et travaillé pour ce qu'il est, soit une contribution fondamentale à l'analyse de la genèse du capitalisme moderne ?En proposant au lecteur francophone une édition scientifique de cette étude, qui rassemble, en outre, une série de textes jusque-là inédits en français et propres à en expliciter le sens - les «Anticritiques», dans lesquelles Weber répond longuement aux objections qui lui avaient été faites, mais aussi la première version de l'étude sur les sectes protestantes américaines - et cela dans une traduction qui se veut scrupuleusement attentive à la richesse et à la subtilité de l'analyse wébérienne, Jean-Pierre Grossein donne la possibilité d'une lecture nouvelle de ce grand texte, lequel peut encore nous aider à approcher les questions les plus vitales qui travaillent nos sociétés contemporaines. Un appareil critique important et une présentation à la fois historique et analytique font de cette édition l'indispensable outil de travail pour accéder à une oeuvre aujourd'hui «canonique».
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La Bible ; ancien testament Tome 2
Anonyme
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 1 Septembre 1959
- 9782070100088
«La Bibliothèque de la Pléiade avait inscrit depuis longtemps à son programme une traduction intégrale de La Bible. Cette traduction devait être, par ses qualités littéraires, digne des grands classiques français et étrangers qui ont établi le renom de la collection. Elle devait en même temps répondre aux exigences de précision qu'ont suscitées le développement de l'esprit scientifique, les progrès de la philologie et les découvertes archéologiques les plus récentes. Nul ne pouvait donc être plus qualifié pour diriger et réaliser cette publication que M. Édouard Dhorme, membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France : à une connaissance parfaite de l'hébreu et des langues sémitiques antérieures ou postérieures à celle-ci, M. Dhorme joint, à un haut degré, le sens de la langue française. Pour la première fois en France, semble-t-il, un tel approfondissement de l'hébreu non seulement n'a pas empâté la vigueur, ni terni les nuances de notre langue, mais au contraire en a affiné les richesses. C'est en serrant l'original de plus près que le traducteur, a, du fond du génie français, fait surgir des pouvoirs endormis et comme une nouvelle écriture. Celle-ci épouse le style de chacun des auteurs
originaux et rend sensible leur tempérament propre : ici un ton oral sans âge, ailleurs de savants effets littéraires, parfois la raideur des inscriptions archaïques ou le frémissement de vie et la jeunesse retrouvée de poèmes immortels. L'introduction et les notes, n'ayant point de thèses à défendre, soucieuses uniquement d'éclairer le texte, situent tout ce qui peut l'être dans l'état actuel de nos connaissances : coutumes, jeux de mots, histoire et géographie, philosophie et morale, etc. Elles portent la marque d'une grande sagesse et d'une prudence courageuse. M. Dhorme, qui connaît aussi bien les hardiesses hypercritiques que la théologie savante, sait défendre les droits du texte littéral contre toute interprétation tendancieuse et se réserver devant les hypothèses téméraires. Voilà qui ne saurait laisser indifférents ni les croyants ni les historiens : cette publication doit ainsi emporter l'assentiment unanime. Il se trouve de surcroît que c'est un grand événement littéraire.» Bulletin Gallimard, oct. 1956. -
La legende doree
Jacques de voragine
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 11 Mars 2004
- 9782070114177
La Légende dorée fut l'ouvrage le plus lu et le plus diffusé au Moyen Âge, juste après la Bible (on en connaît 1000 exemplaires manuscrits conservés, contre 150 exemplaires seulement pour le fameux Livre du Graal). L'ouvrage doit d'ailleurs son titre actuel à son succès, les tranches dorées étant précisément réservées aux livres les plus importants de l'époque. Découpée en 178 chapitres, cette «légende des saints» (son titre originel) constitue en fait une encyclopédie de la vie chrétienne - le terme «légende» devant être compris comme «ce qui doit être lu» (par les prédicateurs, dans les écoles ou pendant les repas dans les monastères). Néanmoins, le merveilleux s'y fait très présent, selon la tradition des apocryphes chrétiens, friands de fantastique et de miraculeux. Outre les vies des saints (le sanctoral), l'ouvrage s'attache à expliciter le sens des grandes fêtes chrétiennes (le temporal). Cette édition de la Pléiade constitue la première traduction intégrale en français, à partir d'un manuscrit latin authentique et complet. Elle est illustrée de plus de 150 bois gravés tirés d'éditions des XV? et XVI? siècles, et complétée par un index des noms et un index des notions.
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La Bible ; écrits intertestamentaires
Anonyme
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 22 Avril 1987
- 9782070111169
Dès 1956, la Pléiade s'ouvrait à la Bible en accueillant le premier volume de l'Ancien Testament, publié sous la direction
d'Édouard Dhorme ; le second volume paraissait en 1959, puis le Nouveau Testament, traduit par Jean Grosjean et Michel Léturmy, en 1971. Entre l'Ancien Testament et le Nouveau Testament vient aujourd'hui s'insérer un nouveau volume, celui des Écrits intertestamentaires. Par sa conception d'ensemble comme par son contenu, ce volume est sans équivalent en français ou en toute autre langue. Il réunit les principaux textes esséniens découverts à Qoumrân, près de la mer Morte, à partir de 1947, et les «pseudépigraphes» - parfois appelés «apocryphes» - les plus importants, comme Hénoch, les Jubilés, les Testaments des douze patriarches, et beaucoup d'autres. Dès 1950, André Dupont-Sommer avait affirmé avec une parfaite netteté le caractère essénien des documents que l'on venait de mettre au jour à Qoumrân et il avait aussitôt reconnu, avec une extrême pénétration, qu'il fallait attribuer à
l'essénisme nombre des pseudépigraphes antérieurement connus. Ainsi l'origine essénienne probable de nombre de ces recueils justifie pleinement ce regroupement. Les écrits qoumrâniens sont traduits sur les originaux hébraïques et araméens ; les «pseudépigraphes» - conservés le plus souvent en traduction de traduction - sont traduits des versions anciennes : grecque, latine, éthiopienne, syriaque, slave ou copte. Il n'était pas possible dans le cadre de cette édition de signaler toutes les variantes des versions dont on disposait, mais on s'est attaché cependant à en noter les plus significatives. En bas de page, des notes claires et abondantes
éclairent le texte et indiquent les rapprochements qui s'imposent. Chacun des recueils est précédé d'une notice critique et d'une bibliographie. L'introduction générale campe tout d'abord à grands traits les principaux faits de la période qui voit naître cet ensemble
de textes. Elle rappelle d'autre part les difficiles questions d'ordre non seulement historique, mais aussi littéraire que pose ce vaste corpus. Enfin, deux index (l'un, des noms propres ; l'autre, des thèmes) facilitent la consultation de l'ouvrage. Faut-il préciser que ce volume ne prétend à aucune valeur canonique ? Il ne relève ni de la Synagogue ni d'aucune Église. André Dupont-Sommer aimait à en parler comme de la «Bible de l'humaniste». Il reste que ces Écrits intertestamentaires sont de la plus haute importance pour l'intelligence de l'Ancien Testament, qu'ils prolongent, et pour celle du Nouveau Testament, qu'ils annoncent. -
écrits apocryphes chrétiens Tome 2
Collectif
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 22 Septembre 2005
- 9782070113880
Les textes recueillis dans ces deux volumes sont des apocryphes, ce qui signifie qu'en dépit d'un contenu comparable à celui des Écritures ils n'appartiennent pas au canon. En effet, soit ils s'écartent de la doctrine officielle de l'Église en véhiculant des idées hétérodoxes, soit ils font trop appel au merveilleux, aspect dont l'Église s'est toujours méfiée. Mais rappelons que le canon des Écritures n'a pas été fixé tout de suite, son histoire court jusqu'à la quatrième session du Concile de Trente (1546). Ajoutons aussi qu'il y a toujours désaccord en la matière entre l'Église catholique et les Églises protestantes pour certains livres.Les textes réunis dans le premier tome relèvent de l'Antiquité chrétienne et recoupent différents genres bibliques : évangiles (auquel il convient d'adjoindre des écrits relatant la vie et la dormition de Marie, mère de Jésus), épîtres, Actes des apôtres, apocalypses (sur les derniers temps et l'au-delà). Ces pièces sont précieuses. Elles permettent une connaissance plus approfondie des premiers temps de l'Église et la compréhension de traditions - dans le domaine de la piété, de la liturgie ou de l'art - dont nous n'avons pas trace dans les textes canoniques. Les textes réunis dans le second tome sont, dans leur majorité, plus tardifs. Ce volume accorde, d'autre part, une place plus grande que le premier à des livres qui circulèrent dans des aires religieuses et linguistiques autres que le monde byzantin et l'Occident latin ; les traditions copte, arabe, éthiopienne, arménienne y sont bien représentées. Pour la plupart, ces écrits n'avaient encore jamais été publiés en langue française. Les écrits chrétiens que l'on dit « apocryphes » n'ont cessé d'être diffusés, récrits, adaptés. Ils furent le terreau de l'imaginaire chrétien, et une source d'inspiration pour les sculpteurs, les peintres, les écrivains, les musiciens et les cinéastes : le Bunuel de La Voie lactée se souvient des Actes de Jean. C'est que, face au discours régnant, institutionnel, ces textes ouvrent un espace à l'imagination. Ils se développent en quelque sorte dans les interstices des livres canoniques. Ils comblent des vides, inscrivent une parole dans les silences, donnent une voix aux personnages muets, un nom et un visage à ceux qui n'étaient que des ombres. Comme toute littérature, ils rusent avec le discours clos.
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Les cathares - pauvres du christ ou apotres de satan ?
Anne Brenon
- Gallimard
- Decouvertes Gallimard
- 5 Janvier 2012
- 9782070445875
D'eux-mêmes, ils disent « Nous, pauvres du Christ ». Bernard de Clairvaux, lui, les nomme « apôtres de Satan ». Qui sont-ils ? Les cathares étaient des hommes et des femmes au christianisme austère, soucieux d'évangélisme et assoiffés d'une vie apostoloque dont l'Église s'était alors largement écartée.
Ils constituèrent à ce titre une véritable Contre-Église et s'engagèrent dans la voie d'une dissidence qui allait exaspérer l'Inquisition et qui s'acheva par le drame de Montségur où périrent le même jour dans les flammes plus de deux cents cathares.
Anne Brenon éclaire d'une lumière crue et simple ce courant essentiel des temps romans qui en fut sans doute l'un des paroxysmes spirituels et qui inaugura la terreur inquisitoriale.
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Mort de Judas ; le point de vue de Ponce Pilate
Paul Claudel
- Gallimard
- Le Manteau D'arlequin
- 14 Juin 1988
- 9782070713844
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« D'après les Évangiles, et dans sa courte vie tant cachée que publique, le Galiléen s'est rendu, sans visa ni carte d'identité, en Israël, Palestine, Jordanie, à Gaza, au Liban, en Égypte et en Syrie. Je me suis faufilé dans tous ces pays : il y faut plus qu'un passeport et des détours. Jésus pouvait traverser la mer de Génésareth, aller "au-delà du Jourdain", et revenir le lendemain sur l'autre rive. Ce n'est plus possible. Aussi ce voyage d'un flâneur des deux rives n'a-t-il pu s'effectuer d'un seul trait.
C'est un pari que de refaire l'itinéraire de Jésus à travers le Proche-Orient d'aujourd'hui, pour observer comment juifs, chrétiens et musulmans vivent à présent leur foi. Les surprenantes et souvent rebutantes vérités qui se dévoilent en Terre sainte ont valeur d'avertissement. Plus qu'un voyage au bout de la haine, ce carnet de route peut servir à la connaissance du monde profane tel qu'il va. Tout à la fois témoignage, chronique et méditation, l'enquête peut dès lors se lire comme un pèlerinage au coeur de l'homme, qu'il soit croyant ou agnostique, d'ici ou de là-bas. »
Régis Debray.
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Les Cisterciens voulaient mener une vie monastique parfaite, sans compromission avec le siècle. Leur aventure spirituelle, commencée en 1098, est toujours actuelle, et concerne aujourd'hui quelque sept mille moines et moniales. Mais le rêve cistercien va bien au-delà d'une quête confinée aux monastères où vivent des chrétiens épris d'absolu. Il a profondément modifié les relations de l'homme à la nature, à la société, à l'art. Dès le XIIe siècle, la volonté de réforme et les aspirations mystiques de solitaires volontairement coupés du monde ont déterminé des métamorphoses qui nous concernent tous.
Historien et archéologue, Léon Pressouyre nous convie à ce retour aux sources.
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Du sommeil, des songes, de la mort
Tertullien
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 19 Octobre 1999
- 9782070756155
Le traité Sur l'âme de Tertullien, l'un des textes fondateurs de l'anthropologie chrétienne, n'a jamais été traduit en français. En 1948, Pierre Klossowski en isola quelques chapitres consacrés au motif essentiel du sommeil et de la mort, c'est-à-dire du lien entre l'âme et le corps ; c'est cette traduction, rendu magistral d'un style virtuose qu'admirait Huysmans, que l'on propose ici. Le traité de Tertullien se veut avant tout réfutation des thèses hérétiques sur le sujet ; c'est étrangement par fidélité à la Bible qu'il adopte la théorie stoïcienne suivant laquelle l'âme est un «corps», car si l'âme créée par le souffle divin est immortelle du fait de son origine, elle est, en tant cette fois que créature, limitée, sensible et passive. Le sommeil, le songe, la mort marquent précisément les frontières où se joue cette union, les moments où l'immatériel se détache du corps pour rejoindre les limites ou l'inouï ; et l'on reconnaîtra incidemment, dans ces thèmes, quelques-uns des motifs essentiels du futur auteur du Baphomet et du Souffleur.
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«Il n'est pas mauvais que les Évangiles aient été transcrits mot à mot : le lecteur peut regarder par-dessus l'épaule du transcripteur. Il n'est pas mauvais non plus qu'il y ait des traductions nobles qui intéressent les lettrés. D'autres traducteurs ont eu le souci de faire sentir le caractère populaire ou au moins oral de ces écrits. Mais ne pourrait-on pas, sans s'écarter de la structure du texte, en retrouver mieux le naturel ? On rêve de le faire parler en français sans tomber dans la trivialité ni dans l'embellissement. Car les Évangiles sont à la fois manifestement parlés et volontairement écrits. Et si les évangélistes connaissent tout ou partie de l'Écriture qui les précède, la dimension littéraire leur est voilée par leur souci d'exactitude et d'utilité, sans parler de la pénurie de leurs moyens. Pour nous en tenir à l'Évangile selon Jean, remarquons un vocabulaire admirablement réduit, une syntaxe passablement monocorde et des gaucheries qui ne sont peut-être pas involontaires. La composition a une allure racée mais de guingois. [...] Jean tente (à l'écart des hiératismes comme des séductions) de faire corps, comme il peut, avec une vie indivisiblement externe et interne qui est le dialogue du Messie en Dieu, dans le monde et dans l'âme. Une tension y est pleine d'abandon sans que la sérénité cesse d'être dramatique.» Jean Grosjean.
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Parallèlement à son activité scientifique, Newton a developpé tout au long de sa vie une réflexion théologique. De cette immense recherche, seuls les passages à teneur religieuse des Principia et de l'Optique sont accessibles en français. Les textes réunis ici - dont certains sont inédits ou difficilement accessibles en anglais - devraient contribuer à faire mieux apprécier l'ampleur des préoccupations religieuses de Newton. Tandis que la reconstitution de la religion primitive et une haine viscérale de l'Église de Rome le rapprochent des déistes anglais de son temps, le sentiment d'imminence eschatologique qui transparaît dans ses interprétations des prophéties bibliques en fait aussi le contemporain des sectes millénaristes dont l'essor accompagne le mouvement révolutionnaire du milieu du dix-septième siècle. Cependant, l'attitude érudite et rationaliste, voire intellectualiste, qui caractérise bon nombre des travaux théologiques de Newton manifeste un rejet croissant des lectures inspirées de l'Écriture. Enfin, la contestation de l'un des principaux articles de foi de l'Église anglicane, à savoir l'égalité de substance des trois personnes de la Trinité, range définitivement Newton, aux côtés de Milton et probablement de Locke, parmi les grands hérétiques anglais de son siècle.
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Judéo-christianisme : l'expression, utilisée à tout propos, a-t-elle encore un sens ? Le phénomène «judéo-chrétien» de coexistence de cultures religieuses se manifesta deux fois : au début, avec les juifs convertis au christianisme qui continuaient à observer leurs rites et plaçaient leurs croyances dans le contexte exclusif de l'Ancien Testament ; puis aux VI? et VII? siècles, quand le pouvoir civil, au nom de la religion d'État, força les juifs à se convertir au christianisme. Si, au commencement, Jésus étant juif et les apôtres aussi, le christianisme fut redevable des convictions du judaïsme du premier siècle de notre ère, toute son histoire depuis lors est celle de son détachement comme un fruit de la branche qui le portait. Sa volonté de se distinguer du judaïsme prend deux voies : avec l'allégorie, il s'approprie le livre du judaïsme, l'Ancien Testatment, en le considérant le précurseur et la justification du Nouveau ; avec la formulation dogmatique, l'Église présente à l'éventuel fidèle une série de croyances qu'il devra accepter, lui proposant d'emblée la «conversion» à un nouvel ordre de réalités. Judaïsme et christianisme ne constituent pas un tout parce que les deux religions sont extérieures l'une à l'autre même si celle-ci suit de près celle-là ; elles se côtoient, ne se confondent pas. Voilà qui vide de contenu toute forme religieuse d'antisémitisme, puisqu'on ne saurait, au nom d'un tronc commun «judéo-chrétien», accuser les juifs de nier l'envergure religieuse et culturelle du message chrétien, tant les deux religions sont organiquement différentes l'une de l'autre.
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D'abord il y avait le langage, écrit Jean (I, 1-18). Il pense que son texte évangélique, ou les textes évangéliques tels qu'il les recentre, sont nécessaires mais suffisants pour qu'à chaque génération soit atteint le fond des coeurs. L'élan de vie hors de soi (appelé aussi amour parce que, comme le langage, il suppose quelque autre) est le mouvement même du langage et sa vertu illuminatrice. Il faut mais il suffit que, à chaque génération, ce mouvement s'avance à travers le texte évangélique au-devant du simple fond d'âme de chaque être humain. Le livre de Jean Grosjean semble le fruit de la réflexion de tout une vie sur les mots de l'évangéliste. Il nous l'offre pour nous aider à recevoir cette illumination du langage.
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«Une fois de plus l'exil, l'âme toute seule une fois de plus qui remonte à son château, Et le premier rayon du soleil sur la corne du Corcovado ! Tant de pays derrière moi commencés sans que jamais aucune demeure s'y achève !»
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L'invention critique de la Bible ; XV-XVIII siècle
Pierre Gibert
- Gallimard
- Bibliotheque Des Histoires
- 25 Mars 2010
- 9782070786534
Quand a-t-on commencé à lire les Écritures autrement qu'en passant par les commentaires allégoriques des Pères de l'Église et en ne se fiant qu'à la Vulgate, version latine établie par saint Jérôme? Comment s'est-on autorisé à poser des questions sur leur auteur (unique ou multiple?), à se tourner vers d'autres versions (grecque et hébraïque) et à les comparer, à entreprendre de nouvelles traductions, à proposer des interprétations, en bref à porter un regard «critique» sur le Livre des livres, censé transmettre la parole révélée? Pierre Gibert retrace dans ses méandres l'histoire de cette invention critique de la Bible dès ses prémisses, au temps de l'humanisme et de la Renaissance, jusqu'à l'établissement de ses principes fondamentaux, dans la seconde moitié du XVII? siècle, afin de suivre les querelles que l'exégèse continue de susciter encore aujourd'hui.
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Chrétiens sans église ; la conscience religieuse et le lien confessionnel au XVII siècle
Leszek Kolakowski
- Gallimard
- Bibliotheque De Philosophie
- 28 Septembre 1987
- 9782070711994
En interprète matérialiste de l'histoire qui tient les phénomènes religieux pour irréductibles, L. Kolakowski - révoqué de sa chaire de philosophie à Varsovie en 1968 - évoque le conflit de la conscience et du rite, du sentiment et de l'institution à travers l'histoire religieuse du XVII? siècle. Il s'appuie sur de nombreux cas tels que Mme Guyon, Bérulle, Molinos, etc. dont l'histoire offre une variante spécifique de plusieurs thèmes majeurs qui, de Luther à Jaspers, n'ont pas cessé d'habiter nos sociétés politiques. Cette étude éclaire d'un jour nouveau les conflits actuels entre la conscience et l'organisation.
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Les missions jésuites : Pour une plus grande gloire de dieu
Philippe Lécrivain
- Gallimard
- Decouvertes Gallimard
- 24 Février 2005
- 9782070307463
Depuis 1540, sur les traces d'Ignace de Loyola et de François Xavier, les compagnons de Jésus ont parcouru le monde. Pour aller à la rencontre des habitants de nouveaux pays, ils ont appris leur langue, leur littérature, leur histoire. Sur place, ils ont ouvert des collèges pour la rencontre des cultures locales. Afrique et Moyen-Orient, terres de l'Islam et des esclaves, Inde où se côtoient les fastes du Grand Mogol et la misère des intouchables. Japon, Chine où à la cour des empereurs, ils sont astronomes, lettrés et diplomates. Amérique latine où ils fondent les «réductions», modèle de société pour les philosophes des Lumières. Canada des «robes noires» chez les Hurons et les Iroquois.
Philippe Lécrivain, jésuite et historien, retrace l'extraordinaire aventure de ces explorateurs-missionnaires jusqu'à la suppression de l'ordre en 1773.
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«C'est dans le Delta que les couchers de soleil étaient le plus rouges. Le soleil descendait, rose épanouie de guingois sur sa tige, et l'occident formait une ligne laiteuse, blanche comme l'écume de la mer. Le ciel, le champ, la piste et le bayou, et tout ce qui avait été dans l'ombre ou baigné de lumière, tout prenait maintenant une couleur uniforme. La tête entre les mains, accoudée au cadre tiède de la fenêtre, devant les champs interminables embrasés comme des charbons ardents, Laura éprouvait ce qu'éprouve tout nouvel arrivant dans un pays:un battement sourd et lent dans la poitrine.»
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Ce que Betty Rojtman nous offre ici s'apparente davantage à une recréation lyrique du personnage biblique, qui réactualise sa présence non seulement au milieu du peuple hébreu d'aujourd'hui toujours en demande d'une terre, mais aussi en appelant chaque lecteur à réécouter en lui la voix de ce «prophète sans image». Portées par une langue fluide et de haute tenue, ces variations autour de Moïse invitent à la méditation poétique.
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Croire au dieu qui vient Tome 1 ; de la croyance à la foi critique
Joseph Moingt
- Gallimard
- 30 Octobre 2014
- 9782070146529
La foi chrétienne a pour singularité, origine et histoire de croire en un Dieu qui a parlé aux hommes depuis toujours et qui est venu habiter parmi eux voici deux mille ans, incarné en Jésus de Nazareth, mort sur une croix et rappelé par Dieu à la vie pour conduire l'humanité à sa destinée éternelle. Mais cette révélation, reçue de la faiblesse et de la folie de la croix, dit saint Paul, est difficile à croire, et elle tombe de si haut et vient de si loin qu'elle paraît en voie de s'effacer de la culture occidentale qu'elle a si longtemps inspirée et régentée. Ce livre revisite la tradition qui a répandu cette foi et éprouve si elle est encore capable de donner à croire que Dieu vient aux hommes du futur de notre destin. Le nom de Dieu apparaît en toutes langues avec les premières traces de la rationalité humaine; le dieu des Hébreux surgit lui-même du panthéon du Proche-Orient ancien avant d'être promu Dieu unique par les prophètes d'Israël; Jésus, se disant envoyé par lui, qu'il appelle Père, le fait reconnaître Père commun de tous les hommes qui veut les réconcilier avec lui et entre eux pour en faire ses fils. Recueillant son enseignement, la tradition chrétienne proclame que Jésus est le Fils éternel de Dieu, né homme de la Vierge Marie pour régénérer l'humanité dans l'Esprit de Dieu et la conduire par l'Église à la vie éternelle. Mais la science moderne des textes bibliques et évangéliques a creusé un fossé entre ce qu'on peut connaître avec certitude de l'histoire de Jésus et l'interprétation qui en est faite par le dogme de l'Église, dogme que l'évolution des esprits rend peu crédible à nos contemporains. Aussi, les théologiens, qui entendent respecter la vérité historique des textes et les rendre intelligibles à notre temps, se sentent obligés de repenser cette tradition en son entier sous l'éclairage d'une foi critique. Telle est l'ambition de ce livre:entreprendre une démarche de véracité et de liberté dans la recherche du sens de la foi. Il s'attachera dans ce but à déchiffrer le mystère qui tend à s'exprimer sous le mythe de la préexistence du Christ, idée qui est à la base de l'articulation dans le dogme des concepts de trinité, incarnation et rédemption:il s'agit en fait de la révélation de l'humanité de Dieu, comprise comme l'amour par lequel il entre en communication avec les hommes pour les libérer de leur finitude, du repli égoïste et mortifère de chacun sur soi qui les empêche de parvenir à l'unité entre eux et avec l'univers. Un second livre, en préparation, envisagera de dire, dans un langage dépouillé de technicité, en quoi consistent la vie et la mission de l'Église, vie de communion fraternelle dans l'Esprit du Christ, mission de «salut» ou d'humanisation du monde.
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La defense de tartufe - extases, remords, visions, prieres, poemes et meditations d'un juif converti
Max Jacob
- Gallimard
- 6 Mars 1964
- 9782070233526
Paru en 1919, confession brûlante sous mille artifices, La Défense de Tartufe est au centre de la vie de Max Jacob et de son oeuvre. Harcelé, peu après son baptême, par les amis de Montparnasse qui doutent de sa sincérité, «Tartufe» décide de mettre sous leurs yeux, sans commentaires, les poèmes et les proses correspondant à chaque étape de son étonnante évolution. Ce sera toute sa «défense». Quel dossier ! Voici d'abord la période «burlesque», dont témoignent quelques chansons de cabaret. L'apparition de la rue Ravignan est relatée ? pudiquement ? en quelques poèmes scintillants et obscurs, qui sont comme des boîtes à secrets. Suivent cinq années troubles : Max est à la fois mystique... et pécheur ! Un précieux Journal raconte, presque heure par heure, l'apparition au cinéma, les péripéties peu banales de la préparation au baptême, les impressions du néophyte. Le livre se clôt sur les toutes premières méditations, que tant d'autres devaient suivre.
Des notes accompagnent chacun de ces textes dont certains brouillons retrouvés permettent de fixer la date et de suivre la genèse.
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Que j'ai commencé tard à vous aimer, ô beauté si ancienne et si nouvelle ! que j'ai commencé tard à vous aimer ! vous étiez au-dedans de moi ; mais, hélas ! j'étais moi-même au-dehors de moi-même.
C'était en ce dehors que je vous cherchais. je courais avec ardeur après ces beautés périssables qui ne sont que les ouvrages et les ombres de la vôtre, cependant que je faisais périr misérablement toute la beauté de mon âme, et que je la rendais par mes désordres toute monstrueuse et toute difforme. vous étiez avec moi, mais je n'étais pas avec vous.