Filtrer
Support
Éditeurs
Prix
Seuil
-
Il faut défendre la société ; cours au Collège de France, 1976
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 27 Février 1997
- 9782020231695
Dans le cours de 1976, « Il faut défendre la société », Michel Foucault s'interroge sur la pertinence du modèle de la guerre pour analyser les relations de pouvoir.
Michel Foucault en définit deux formes : le pouvoir disciplinaire, qui s'applique sur le corps par le moyen des techniques de surveillance et des institutions punitives, et ce qu'il appellera désormais le « bio-pouvoir », qui s'exerce sur la population, la vie et les vivants. Analysant les discours sur la guerre des races et les récits de conquête (notamment chez Boulainvilliers), Michel Foucault dresse la généalogie du bio-pouvoir et des racismes d'État. La logique des rapports entre pouvoir et résistance n'est pas celle du droit mais celle de la lutte : elle n'est pas de l'ordre de la loi mais de celui de la stratégie. La question est dès lors de savoir s'il convient de renverser l'aphorisme de Clausewitz et de poser que la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens.
Le cours présenté ici a été prononcé de janvier à mars 1976 au Collège de France, c'est-à-dire entre la sortie de Surveiller et Punir et celle de La Volonté de savoir. Il inaugure la publication des cours de Foucault au Collège de France, établie sous la direction de François Ewald et d'Alessandro Fontana, dans la collection « Hautes Études ».
-
Nietzsche : Cours, conférences et travaux
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 31 Mai 2024
- 9782021452853
« Nietzsche et Heidegger, ça a été le choc philosophique ! Mais je n'ai jamais rien écrit sur Heidegger et je n'ai écrit sur Nietzsche qu'un tout petit article ; ce sont pourtant les deux auteurs que j'ai le plus lus », dira Michel Foucault à la fin de sa vie. Puis, il précise : « Je crois que c'est important d'avoir un petit nombre d'auteurs avec lesquels on pense, avec lesquels on travaille, mais sur lesquels on n'écrit pas. »
Les Cours, conférences et travaux sont des témoignages inédits du « travail » de Foucault avec Nietzsche. Ces textes datent des deux grandes périodes de sa vie intellectuelle : d'abord le début des années 1950, quand il s'intéresse à Hegel et à la phénoménologie, ainsi qu'au marxisme. Le jeune Foucault expérimente alors de nouvelles approches pour développer une philosophie fondée sur l'expérience et l'analyse du discours. Ensuite, après la publication des Mots et les Choses en 1966, lorsque Foucault revient avec élan à Nietzsche pour élaborer sa propre méthode généalogique, relançant ainsi son projet d'une histoire de la vérité et du dire vrai.
C'est à travers la confrontation avec Nietzsche que Foucault aura construit sa propre manière de philosopher. Ces Cours, conférences et travaux sont indispensables pour comprendre comment Foucault a lu Nietzsche, en particulier au moment décisif où il le découvre. Ils sont essentiels pour saisir le Nietzsche de Foucault. -
La société punitive ; cours au collège de France 1972-1973
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 5 Décembre 2013
- 9782021038033
" L'organisation d'une pénalité d'enfermement n'est pas simplement récente, elle est énigmatique. Qu'est-ce qui pénètre dans la prison ? En tout cas, pas la loi. Que fabrique-t-elle ? Une communauté d'ennemis intérieurs. " C'est en ces termes que Michel Foucault dénonce, dans ce cours prononcé en 1973 - et que viendra compléter, en 1975, son ouvrage Surveiller et punir - le " cercle carcéral ".
La Société punitive étudie ainsi comment les sociétés traitent les individus ou les groupes dont elles souhaitent se débarrasser, c'est-à-dire les tactiques punitives, mais aussi la prise de pouvoir sur le corps et sur le temps et l'instauration du couple pénalité-délinquance.
Michel Foucault retrace l'histoire des " tactiques fines de la sanction " dont il distingue quatre modalités : exiler ; imposer un rachat ; marquer ; enfermer. C'est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que se développe une " science des prisons " à fonction corrective et que se construit un discours sur le criminel et son traitement possible, donnant naissance à un schéma de société qui vise à l'absolu du contrôle et de la surveillance. L'ajustement entre le système judiciaire et le mécanisme de surveillance (l'organisation d'une police), entre l'émergence de la richesse et la pratique des illégalismes, entre la force corporelle de l'ouvrier et l'appareil de production s'accomplit ensuite au tournant du XIXe siècle. Foucault démontre donc que ce sont les instances de contrôle para-pénal du XVIIe et du XVIIIe siècle qui ont abouti, in fine, au fonctionnement de la prison, visant à l'élimination du désordre, au contrôle de la distribution spatiale des individus, de leur emplacement par rapport à l'appareil productif.
La Société punitive finit par poser la question, cruciale aux yeux du philosophe, de la validité intrinsèque de la loi pénale. A-t-elle vocation universelle ou se limite-t-elle à la douteuse applicabilité d'une somme de décrets ?
-
Qu'est-ce que la philosophie et quel est son rôle aujourd'hui ? Entre juillet et octobre 1966, quelques mois après la parution des Mots et les Choses, Michel Foucault, dans un manuscrit très soigneusement rédigé mais qu'il ne publiera pas, apporte sa réponse à cette question tant débattue.
À la différence de ceux qui, à l'époque, s'attachent à dévoiler l'essence de la philosophie ou à en prononcer la mort, Foucault l'appréhende, dans sa matérialité, comme un discours dont il convient de dégager l'économie eu égard aux autres discours (scientifique, fictif, ordinaire, religieux) qui circulent dans un contexte donné.
Le Discours philosophique propose ainsi une nouvelle manière de faire l'histoire de la philosophie, qui la décentre du commentaire des grands philosophes. Nietzsche y occupe toutefois une place particulière car il inaugure une conjoncture où la philosophie devient une entreprise de diagnostic du présent. Il revient en effet désormais à la philosophie de dire, à partir de l'« archive intégrale » d'une culture, ce qui en fait l'actualité.
Si L'Archéologie du savoir, consacré aux enjeux méthodologiques d'un tel projet, s'y annonce, nulle part autant que dans Le Discours philosophique Michel Foucault n'aura explicité les ambitions de son programme intellectuel. -
Qu'est-ce qu'un auteur mondial ? Le champ littéraire transnational
Gisèle Sapiro
- Seuil
- Hautes Etudes
- 27 Septembre 2024
- 9782021568554
Longtemps, la notion de classique universel fut admise comme une évidence. Ce canon de la littérature mondiale est désormais contesté, en raison de la prédominance en son sein d'hommes blancs occidentaux. Mais par quels mécanismes s'est formée la « littérature mondiale » ? Comment se fabrique la gloire internationale ?
À partir d'archives, d'entretiens, d'observations et d'études quantitatives, ce livre analyse les conditions d'accès à la consécration littéraire par-delà les frontières nationales : les facteurs qui la favorisent ou l'entravent, et les acteurices qui y contribuent. Trois moments socio-historiques sont abordés : l'entre-deux-guerres, marqué par une internationalisation des échanges, d'abord en Europe puis avec les États-Unis ; l'ouverture géoculturelle après 1945, sur fond de guerre froide, avec une lente progression de la diversité linguistique, parallèlement à la féminisation ; et enfin leur intensification à l'heure de la mondialisation. Foires et festivals de livres se multiplient, mais la domination accrue de l'anglais et les concentrations éditoriales suscitent des résistances.
Gisèle Sapiro renouvelle les récits habituels de la fabrication des notoriétés littéraires et dévoile les coulisses d'un monde fait d'intermédiaires, éditeurices, médiateurices, traducteurices ou institutions de consécration (Unesco, Nobel). -
Leçons sur la volonté de savoir ; cours au Collège de France, 1970-1971 ; le savoir d'OEdipe
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 10 Février 2011
- 9782020860246
Voici le premier cours de Michel Foucault, professé au Collège de France en 1971. Foucault fait suite ici à l'annonce de sa leçon inaugurale dans lqauelle il déclarait vouloir établir une généalogie du savoir. Le véritable thème de ce cours est moins la possibilité de cette entreprise que ses effets sur notre conception de la vérité depuis Platon, c'est-à-dire sur la philosophie elle-même. D'Hésiode à Nietzsche, Foucault, Foucault poursuit une réflexion qui se nourrit aussi à des sources plus contemporaines, explicites ou implicites : Heidegger, Jean-Pierre-Vernant, Marcel Detienne, notamment.
-
L'héritage des Lumières ; ambivalences de la modernité
Antoine Lilti
- Seuil
- Hautes Etudes
- 12 Septembre 2019
- 9782021427899
Les Lumières sont souvent invoquées dans l'espace public comme un combat contre l'obscurantisme, combat qu'il s'agirait seulement de réactualiser. Des lectures, totalisantes et souvent caricaturales, les associent au culte du Progrès, au libéralisme politique et à un universalisme désincarné.
Or, comme le montre ici Antoine Lilti, les Lumières n'ont pas proposé une doctrine philosophique cohérente ou un projet politique commun. En confrontant des auteurs emblématiques et d'autres moins connus, il propose de rendre aux Lumières leur complexité historique et de repenser ce que nous leur devons : un ensemble de questions et de problèmes, bien plus qu'un prêt-à-penser rassurant.
?Les Lumières apparaissent dès lors comme une réponse collective au surgissement de la modernité, dont les ambivalences forment aujourd'hui encore notre horizon. Partant des interrogations de Voltaire sur le commerce colonial et l'esclavage pour arriver aux dernières réflexions de Michel Foucault, en passant par la critique postcoloniale et les dilemmes du philosophe face au public, L'Héritage des Lumières propose ainsi le tableau profondément renouvelé d'un mouvement qu'il nous faut redécouvrir car il ne cesse de nous parler.
-
Théories et institutions pénales ; cours au Collège de France, 1971-1972
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 15 Mai 2015
- 9782020985697
Dans ces leçons, prononcées au Collège de France de novembre 1971 à février 1972, Michel Foucault théorise pour la première fois la question du pouvoir qui va l'occuper jusqu'à la rédaction de Surveiller et punir (1975) et au-delà.
À travers la relation minutieuse de la répression par Richelieu de la révolte des Nu-pieds (1639-1640), il montre comment le dispositif de pouvoir élaboré à cette occasion par la monarchie rompt avec l'économie des institutions juridiques et judiciaires du Moyen Âge et ouvre sur un « appareil judiciaire d'État » dont la fonction va se centrer sur l'enfermement de ceux qui défient son ordre. Il étend ensuite son analyse à l'économie des institutions juridiques et judiciaires depuis le droit germanique jusqu'au seuil de la modernité.
Dans ce cours, Michel Foucault systématise l'approche d'une histoire de la vérité à partir de l'étude des « matrices juridico-politiques », étude qu'il avait commencée dans le cours de l'année précédente (La Volonté de savoir) et qui est au cour de la notion de « relation de savoir-pouvoir ».
-
La question anthropologique : cours, 1954-1955
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 10 Juin 2022
- 9782021452730
Qu'est-ce que l'homme ? Michel Foucault, au mitan des années 1950, consacre une partie de son enseignement, dispensé à l'université de Lille et à l'École normale supérieure, à comprendre comment cette interrogation a traversé et transformé la philosophie. Ces leçons sont rassemblées dans un manuscrit, dont nous proposons ici l'édition complète.
Foucault déroule son parcours en une dramaturgie impeccable. Premier acte : montrer pourquoi la philosophie classique (Descartes, Malebranche, Leibniz) demeurait sourde à cette question. Son idée infinie de « nature » empêchait que l'homme puisse nouer un rapport immédiat à sa propre vérité. Deuxième acte : exposer comment, après le renversement kantien, le point de gravitation de la philosophie moderne, de Feuerbach à Dilthey en passant par Hegel et Marx, devient cet homme vrai qui déploie un monde de significations et de pratiques révélant son essence. Troisième acte : décrire l'éclatement du dispositif anthropologique chez Nietzsche - à travers cette pensée dionysiaque qui, avec la mort de Dieu, proclame l'effacement de l'homme et promet des expériences tragiques de vérité. Pour la première et dernière fois, on trouve sous la plume foucaldienne une présentation longue, précise et percutante de la philosophie de Nietzsche.
Dans ce cours, Foucault lance en même temps des flèches vers son oeuvre à venir. On y discerne déjà l'entreprise critique qui s'épanouit en 1966 dans Les Mots et les Choses : thèse d'une configuration anthropologique de la modernité, annonce d'une mort de l'homme après son invention toute récente, programme d'une archéologie des sciences humaines. Juste avant son départ pour la Suède, Foucault surgit à la verticale de son propre destin philosophique. -
Phénoménologie et psychologie 1953-1954
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 4 Novembre 2021
- 9782021452693
En octobre 1954, Michel Foucault, alors assistant en psychologie à Lille, écrit à son ami Jean-Paul Aron au sujet d'un texte qu'il est en train de rédiger : « La thèse est passée en deux mois du néant à la 150e page. Je suis moi-même fort surpris de ce livre-champignon : non seulement de sa croissance, qui exige bien des retouches, mais aussi de sa tournure ; il a pris tout de suite l'allure d'une interrogation sur la notion de monde dans la phénoménologie, qui m'a mené à toute une interprétation de Husserl, qu'on dira certainement heideggérienne, mais qui ne l'est pas, je crois. Je me demande en tout cas comment j'ai pu jouer au psychologue pendant plusieurs années. » Le manuscrit édité dans ce volume correspond sans doute à ce projet de thèse que Foucault n'a plus évoqué par la suite.
De ce silence, comme de quelques remarques ultérieures, on a pu déduire que Foucault avait une vision surtout négative de la phénoménologie. Phénoménologie et Psychologie montre pourtant qu'il avait le plus grand respect pour la pensée de Husserl, dont on constatera que le jeune philosophe avait une maîtrise remarquable. Pour lui, la phénoménologie husserlienne permet à la philosophie de se dégager des impasses de la psychologie. Ressaisie dans sa radicalité transcendantale, la phénoménologie ne se concentre plus en effet sur le sujet ou la conscience, mais elle dévoile sa portée proprement ontologique en s'orientant résolument vers le monde. À travers son interprétation de Husserl, Foucault définit donc pour la première fois son propre projet philosophique, liant expérience, sujet, vérité et langage.
-
La sexualité ; le discours de la la sexualité
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 18 Octobre 2018
- 9782021401134
Michel Foucault avait engagé le projet d'une histoire de la sexualité dès les années 1960, et lui avait notamment consacré deux cours, jusqu'ici inédits.
Le premier, donné à Clermont-Ferrand en 1964, s'interroge sur les conditions d'apparition, en Occident, d'une conscience problématique et d'une expérience tragique de la sexualité, ainsi que de savoirs qui la prennent pour objet. Partant d'une réflexion sur l'évolution du statut des femmes et du droit du mariage, ce cours aborde l'ensemble des savoirs sur la sexualité, de la biologie ou l'éthologie à la psychanalyse.
Le second, donné à Vincennes en 1969, prolonge en même temps qu'il déplace ces interrogations. Foucault s'y intéresse en détail à l'émergence d'un savoir biologique sur la sexualité et à la manière dont celle-ci a été investie dans un ensemble d'utopies au long des XIXe et XXe siècles : utopies transgressives de Sade à Histoire d'O., utopies intégratives, visant à réconcilier la société et la nature sexuelle de l'Homme, de Fourier à Marcuse. C'est l'occasion pour Foucault d'approfondir sa généalogie critique du double thème de la sexualité naturelle et de la libération sexuelle, engagée dès 1964 mais qui prend d'autant plus de sens après Mai 1968.
Ces cours sont deux jalons essentiels pour une archéologie de la sexualité comme expérience moderne. On y découvre un Foucault qui n'hésite pas à faire jouer les données biologiques sur la sexualité contre une certaine conception étriquée du sujet humain ; un Foucault attentif à maintenir le potentiel transgressif contenu dans l'expérience sexuelle et à analyser les conditions économiques, sociales et épistémologiques de sa constitution récente en objet de savoir et en enjeu politique.Michel Foucault avait engagé le projet d'une histoire de la sexualité dès les années 1960, et lui avait notamment consacré deux cours, jusqu'ici inédits.
-
Binswanger et l'analyse existentielle : manuscrit inédit
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 20 Mai 2021
- 9782021432596
En 1954 paraît en traduction française Le Rêve et l'Existence du psychiatre suisse Ludwig Binswanger, accompagné d'une introduction de Michel Foucault. Le philosophe y annonce un « ouvrage ultérieur » qui « s'efforcera de situer l'analyse existentielle dans le développement de la réflexion contemporaine sur l'homme ». Foucault ne publiera jamais ce livre, mais il en a conservé le manuscrit ici présenté. Il y procède à un examen systématique de la « Daseinsanalyse», la compare aux approches de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la phénoménologie, et salue son ambition de comprendre la maladie mentale. Cette démarche l'accompagne dans sa quête de « quelque chose de différent des grilles traditionnelles du regard psychiatrique », d'un « contrepoids » ; pourtant il en souligne déjà les ambiguïtés et les faiblesses, en particulier une dérive vers une spéculation métaphysique qui éloigne de l'« homme concret ».
C'est en réalité à une double déprise que nous assistons : d'abord à l'égard de la psychiatrie, puis, à l'égard de l'analyse existentielle elle-même, qui le conduit bientôt à la perspective radicalement nouvelle de l'Histoire de la folie à l'âge classique. La marque de ce travail ne disparaîtra pas pour autant. En 1984, Michel Foucault présente de cette manière son Histoire de la sexualité : « Étudier ainsi, dans leur histoire, des formes d'expérience est un thème qui m'est venu d'un projet plus ancien : celui de faire usage des méthodes de l'analyse existentielle dans le champ de la psychiatrie et dans le domaine de la maladie mentale. »
-
Le savant et le populaire ; misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature
Claude Grignon, Jean-Claude Passeron
- Seuil
- Hautes Etudes
- 1 Novembre 1989
- 9782020113915
L'Autre s'identifie souvent aux mondes lointains et exotiques. Sociologues, Claude Grignon et Jean-Claude Passeron réfléchissent ici au contraire sur l'altérité domestique, celle que nous côtoyons tous les jours, qui nous est familière, presque intime. Comment décrit-on la culture populaire, c'est-à-dire : comment se donne-t-on les moyens de la penser ? Faut-il, pour la comprendre dans sa cohérence, la traiter comme un univers autonome de significations, ainsi que le conseille le relativisme culturel ? Faut-il, au contraire, partir des mécanismes de domination sociale qui la constituent, comme le voudrait une théorie de la légitimité culturelle ? En quoi rend-on, par l'un ou l'autre choix, justice aux traits propres dont elle est porteuse ? L'efficacité obstinée des deux figures opposés du misérabilisme et du populisme suggère que vouloir penser l'Autre comme radicalement Autre ou comme utopiquement Même, c'est, comme le dit l'expression populaire, «du pareil au même».
-
Subjectivité et vérité ; cours au Collège de France (1980-1981)
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 2 Mai 2014
- 9782020862592
Le cours prononcé par Michel Foucault de janvier à avril 1981 propose une réflexion sur les rapports entre subjectivité et vérité, à partir d'une étude des transformations de l'expérience de la sexualité, et plus précisément du mariage, dans l'Antiquité.
Au-delà des interdits relativement stables et monotones à travers l'histoire, la grande rupture identifiée par Foucault dans les formes d'élaboration du rapport à soi, aux autres et à la " bonne " sexualité intervient dans les deux premiers siècles de notre ère, avec l'invention d'une nouvelle idée du couple, relayée par les arts de vivre philosophiques : un couple qui confisque la sexualité en son sein et la finalise par la seule procréation, un couple surtout qui construit une intimité relationnelle irréductible aux rapports sociaux.
À partir de là, Foucault tente de comprendre le déplacement qu'opère le christianisme, qui ne consiste pas dans la valorisation d'une sexualité monogamique et ordonnée à la reproduction que les Pères de l'Église ne font qu'hériter du stoïcisme romain, mais dans des techniques spirituelles nouvelles permettant un contrôle parfait de son désir : un questionnement permanent et inquiet sur ses émois intérieurs, une verbalisation indéfinie de son intimité, ce que Foucault désigne comme les aveux de la chair.
-
Du gouvernement des vivants (1979-1980)
Michel Foucault
- Seuil
- Hautes Etudes
- 8 Novembre 2012
- 9782020881333
Prenant ses distances avec la problématique du pouvoir-savoir, développée dans les années 1970, Michel Foucault se propose d'étudier ici la question du gouvernement par la vérité. Nouveau déplacement à l'intérieur du champ de la " gouvernementalité " ouvert en 1978, la question n'est plus seulement de retracer l'essor, dans la culture occidentale, d'un art de " conduire la conduite " des hommes, mais d'examiner la façon dont se constitue le sujet dans le jeu du pouvoir et de la vérité. Comment se noue le rapport du sujet à l'obligation de dire vrai sur lui-même ? Ce projet conduit Michel Foucault d'une relecture de l'oedipe-roi de Sophocle à l'analyse des " actes de vérité " propres au christianisme primitif, à travers les pratiques du baptême, de la pénitence et de la direction de conscience. Foucault choisit de s'intéresser aux actes par lesquels le croyant est conduit à manifester la vérité de ce qu'il est lui-même, en tant qu'être indéfiniment faillible. De l'expression publique de sa condition de pécheur, dans le rituel de la pénitence à la verbalisation minutieuse de ses pensées les plus intimes, dans l'examen de conscience, c'est l'organisation d'une économie pastorale centrée sur l'aveu que l'on voit se dessiner. Ce cours, lié au projet de l'Histoire de la sexualité, ne constitue pas seulement une étape essentielle, jusqu'à présent méconnue, de l' " histoire du sujet " poursuivie par Foucault jusqu'à ses derniers travaux ; il révèle un visage insolite du philosophe, dans l'attention rigoureuse qu'il porte aux écrits des premiers Pères de l'Église.
-
Le menuisier de Nevers : poésie ouvrière, fait littéraire et classes sociales (XVIIe-XIXe siècle)
Dinah Ribard
- Seuil
- Hautes Etudes
- 27 Octobre 2023
- 9782021542400
Le Menuisier de Nevers est un nom d'auteur. C'est même le premier à être devenu célèbre parce que celui qui s'en servait proclamait dans ses livres qu'il était un ouvrier. Tout ici est étonnant : la date d'abord, autour de 1640, bien en amont de l'industrialisation de la France et d'une démocratisation de la culture ; la disparition complète du canon littéraire, ensuite, de ce poète longtemps fameux, réédité, lu et commenté, qui s'appelait en fait Adam Billaut.
La chronologie de la poésie ouvrière pose le problème historique qui se trouve au coeur de ce livre. La littérature n'a pas attendu que les ouvriers deviennent des acteurs de l'histoire, au XIXe siècle, pour consacrer des auteurs issus du peuple laborieux. L'apparition de ce travailleur manuel sur la scène littéraire à l'époque de Louis XIV prouve que la littérature n'enregistre pas le mouvement de l'histoire : elle est une forme d'action qui transforme les voies d'accès à la parole publique et façonne l'histoire des classes sociales.
Au cours des deux siècles suivants, on a trouvé naïve et populaire la poésie très savante de ce « Virgile au rabot ». Exception glorieuse dans une société férocement hiérarchique, sa figure a maintenu hors de la littérature les très nombreux artisans qui ont composé des vers dans cette période. Elle a ensuite été relayée par les ouvriers poètes qui ont intéressé un moment les éditeurs et écrivains progressistes de l'époque industrielle. En retrouvant tout ce peuple d'auteurs, Dinah Ribard montre que la littérature est une contribution essentielle à l'histoire de l'inégalité. -
Clivages politiques et inégalités sociales ; une étude de 50 démocraties (1948-2020)
Amory Gethin, Clara Martinez-toledano, Thomas Piketty, Collectif
- Seuil
- Hautes Etudes
- 1 Avril 2021
- 9782021456479
Depuis les années 1980, les inégalités sont reparties à la hausse dans la plupart des régions du monde, après une période relativement égalitaire dans l'après-guerre. Faut-il y voir la conséquence implacable de la mondialisation et de la technologie, ou bien plutôt un phénomène proprement politique et idéologique ? Pourquoi de nouvelles coalitions électorales unies par d'ambitieux programmes de redistribution des richesses tardent-elles à se développer, et quel est le lien avec la montée de nouveaux conflits identitaires, incarnée par les succès de Trump aux États-Unis, Le Pen en France, Modi en Inde ou encore Bolsonaro au Brésil ?
Cet ouvrage collectif offre des pistes de réponses à ces questions en retraçant la transformation des clivages politiques dans 50 pays entre 1948 et 2020. À partir de l'exploitation d'enquêtes électorales couvrant de manière inédite les cinq continents, l'ouvrage étudie le lien entre les comportements de vote et les principales caractéristiques des électeurs telles que le revenu, le diplôme, le genre ou l'identité ethno-religieuse. Cette analyse permet de comprendre comment les mouvements politiques sont amenés à coaliser des intérêts et identités multiples dans les démocraties contemporaines. Une telle perspective historique et mondiale s'avère indispensable pour mieux appréhender l'avenir de la démocratie au XXIe siècle.
Toutes les données rassemblées sont mises à la disposition des personnes intéressées dans le cadre de la World Political Cleavages and Inequality Database (www.wpid.world).
-
Les usages de la coutume ; traditions et résistances populaires en Angleterre, XVIIe-XIXe siècles
Edward p. Thompson
- Seuil
- Hautes Etudes
- 24 Septembre 2015
- 9782021180787
À l'aide de notions comme l'histoire vue d'en bas ("history from below"), l'économie morale ou la discipline du travail industriel, Thompson, à partir du cas anglais, y analyse les transformations des sociétés européennes entre le XVIIe et le XIXe siècle. Dans une société travaillée par le paternalisme de la noblesse, les tensions sur le marché des subsistances, la privatisation des biens communs ou l'impossibilité du divorce, Thompson scrute les luttes des hommes et des femmes du peuple pour conserver leur place et leurs droits, batailles dont il n'a cessé de rappeler l'actualité. La défense de la coutume y apparaît alors comme le principal moyen pour s'opposer aux réformes qui ouvrent la voie à la société libérale.
Intellectuel peu conventionnel, E. P. Thompson n'a jamais séparé la rigueur et l'inventivité de ses recherches de son engagement militant pour un socialisme humaniste qu'il rattache aux militants ouvriers et aux poètes romantiques du début du XIXe siècle.
-
Mariages à la florentine ; femmes et vie de famille à Florence (XIVe-XVe siècle)
Christiane Klapisch-Zuber
- Seuil
- Hautes Etudes
- 22 Octobre 2020
- 9782021466010
Les femmes de la Renaissance florentine régnaient-elles sur la ville, comme tant d'images du Quattrocento et d'historiens depuis le XIXe siècle l'ont suggéré ? Cette vision idéalisée est-elle confirmée par la documentation historique touchant aux rapports de genre et à la vie familiale ?
En Toscane, dans la pratique, les femmes ne sont pas encouragées par le droit et la coutume à investir ou à gérer de façon autonome leurs affaires. La tradition confine les femmes dans la sphère domestique. Même les missions qui sont le plus volontiers abandonnées aux mères, l'éducation des tout-petits par exemple, tombent sous le feu de la critique des clercs. Christiane Klapisch-Zuber suit le fil de la vie des Florentines avant, pendant et après leur mariage. En étudiant les représentations mentales et figurées, elle éclaire les multiples facettes de la domination masculine dans une société renaissante où l'écriture et la culture sont largement partagées par les maris, mais encore fort peu par leurs soeurs et leurs épouses. L'historienne nous conduit ainsi, au-delà des témoignages et des images de l'époque qui sont presque toujours produits par des hommes, au plus près de la vie des femmes et de la manière dont elles ont vécu, entre exclusion et intégration.
-
éditer et traduire : mobilité et matérialité des textes (XVIe-XVIIIe siècles)
Roger Chartier
- Seuil
- Hautes Etudes
- 20 Mai 2021
- 9782021473896
Notre monde devient chaque jour plus global et, pourtant, il n'est pas doté d'une langue universelle. Traduire est donc une nécessité pour que les destins partagés ne soient pas, en fait, des histoires cloisonnées. De là, l'importance des études portant sur la traduction et sur son envers, l'intraduisible. Elles permettent de dissiper les illusions anachroniques qui oublient la très grande inégalité entre les langues qui sont traduites et celles qui traduisent. Shakespeare connaissait Don Quichotte, mais Cervantes ne savait rien du dramaturge anglais. L'histoire des traductions doit s'écrire dans la tension entre l'hospitalité langagière, qui accueille l'autre, et la violence, qui le prive de ses propres mots. Ce livre voué à la première modernité, entre XVIe et XVIIIe siècle, s'attache d'abord aux mots eux-mêmes : ainsi, « sprezzatura » chez Castiglione ou « To be, or not to be » chez Shakespeare. Mais il montre aussi que la traduction ne se limite pas à faire passer un texte d'une langue à une autre. La modification des formes de publication transforme des oeuvres dont la langue reste inchangée. C'est en ce sens que l'édition peut être considérée comme une modalité de traduction et que se trouvent ici associées la matérialité des textes et la mobilité des oeuvres.
-
Dernières leçons ; Collège de France, 1968 et 1969
Emile Benveniste
- Seuil
- Hautes Etudes
- 12 Avril 2012
- 9782021071979
Trente cinq ans après sa mort, l'oeuvre d'Émile Benveniste continue de faire partie des références pour de nombreuses recherches en linguistique. La publication des Problèmes de linguistique générale a assuré tardivement une large publicité à ses travaux, mais en a aussi laissé quelques autres dans l'ombre, ainsi ceux portant sur des langues rarement connues qui ne sont accessibles qu'à des spécialistes mais aussi l'ensemble de ses cours à l'École Pratique des Hautes Études et au Collège de France, encore inédits.Offrir à la lecture les derniers cours qu'il a donnés au Collège de France, en 1968 et 1969, permet de voir, clairement mise au jour, sa volonté d'établir une théorie du langage. Mais c'est aussi l'occasion de faire apparaître les différentes facettes du célèbre linguiste : l'envergure du savant, dont on admire la limpidité du style théorique, les grandes orientations du travail de recherche - on lira en particulier ses analyses inédites consacrées à l'écriture - mais aussi le dynamisme et la fermeté de l'enseignant.
-
Anthropologie historique ; des archives aux terrains
Nathan Wachtel
- Seuil
- Hautes Etudes
- 14 Novembre 2014
- 9782021098105
Les textes rassemblés dans cet ouvrage ont été rédigés et publiés sur près d'un demi-siècle (1966-2011), autour des deux trilogies que Nathan Wachtel a élaborées au long de son parcours : l'une consacrée aux études andines, l'autre aux études marranes.
Auteur d'une thèse sur la conquête espagnole des Amériques, Nathan Wachtel décide de renverser les perspectives habituelles en la traitant non du point de vue des Européens mais de celui des Indiens, autrement dit de celui des vaincus. Ce fil rouge, la " vision des vaincus ", va guider son travail de recherche. Combinant de façon systématique les approches de l'historien et de l'ethnologue, il enquête sur le folklore andin, s'inscrivant dans l'École des Annales qui s'ouvre à l'histoire culturelle à partir des années 1970, et montrant que le folklore peut être intégré à la démarche de l'historien. Profondément marqué par les travaux de Marc Bloch, Nathan Wachtel entend bâtir une " histoire régressive ", tout en participant à la " décolonisation de l'historiographie elle-même ".
Après une vingtaine d'années à étudier les Indiens urus et les archives de leurs ancêtres, il collecte des récits de vie de Juifs vivant en France, et s'intéresse à la condition juive en diaspora et, en particulier, au monde marrane. Nathan Wachtel se penche sur les archives des Inquisitions ibériques et délivre le secret des errances des judaïsants. Il poursuit son analyse à propos d'autres vaincus, mais toujours porté par la même exigence : " relier les archives au terrain, le terrain aux archives, le passé au présent, les morts aux vivants ".
-
Inscrire et effacer ; culture écrite et littérature (XIe-XVIIIe siècle)
Roger Chartier
- Seuil
- Hautes Etudes
- 15 Avril 2005
- 9782020815802
Quelle relation y a-t-il entre la création littéraire et les procédés permettant la réalisation matérielle des oeuvres ? À travers une série d'exemples empruntés à la littérature mondiale, de Cervantès à Diderot, Roger Chartier montre comment la matérialité du processus d'écriture ou de publication à une époque donnée fait souvent retour dans les oeuvres elles-mêmes : Don Quichotte visite une imprimerie ; Cyrano de Bergerac, dans les États et empires de la Lune et du Soleil, met en scène le récit de sa propre publication manuscrite, etc. S'emparant des objets ou des pratiques propres à la culture écrite de leur temps, les auteurs de ces oeuvres y ont puisé des ressourc es esthétiques procédés poétiques, ressorts dramatiques ou inventions narratives.
-
Persévérance du fait juif ; une théorie politique de la survie
Danny Trom
- Seuil
- Hautes Etudes
- 7 Juin 2018
- 9782021378863
« Sur le livre biblique d'Esther continuent à se brocher des discours contemporains, au contenu sans surprise. Ici, on célèbre une oeuvre littéraire qui donne à voir, à travers une intrigue où la dissimulation et l'acceptation apparente de règles imposées servent d'armes aux dominés, un art ancien de la résistance. Là, on magnifie au contraire, dans l'esprit d'une politique qui met en concurrence États et nations dans un jeu à somme nulle, [...] la capacité à exploiter sans hésitation un rapport de forces favorable.
Danny Trom se dissocie de ces lectures faciles, mais cherche lui aussi à percer le secret d'un art politique, moins dans le livre biblique que dans son commentaire rabbinique. Il trouve en effet dans le principal ouvrage renfermant les gloses des sages rabbiniques sur Esther - Esther Rabba - le dépôt d'un riche enseignement politique qui a déterminé sur le long terme les formes courantes de la pratique du politique dans le monde juif. Mieux, fidèle sur ce point aux positions d'Hannah Arendt et de Yosef Yerushalmi, il pense que d'anciennes manières de comprendre, de sentir et de faire ont représenté un outillage mental si puissamment installé qu'elles ont conservé leur emprise même lorsque les bouleversements induits par l'Émancipation et l'entrée dans l'univers de la citoyenneté d'abord, par la confrontation avec l'antisémitisme moderne ensuite, devaient engager les Juifs à les transformer ou à s'en défaire. [...] Il y voit le ressort, non pas de conduites qui ont laissé les juifs démunis face à l'extrême, et ont pu faciliter l'entreprise d'annihilation, mais au contraire d'un sursaut qui a réussi à créer les conditions nécessaires pour que leur survie même ne soit plus mise en danger ».
Maurice Kriegel.