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CLAUDE PORCELL
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«Rentrez en vous-même. Explorez le fond qui vous enjoint d'écrire ; vérifiez s'il étend ses racines jusqu'à l'endroit le plus profond de votre coeur, répondez franchement à la question de savoir si, dans le cas où il vous serait refusé d'écrire, il vous faudrait mourir.» À 27 ans, Rilke reçoit une lettre d'un jeune poète qui lui soumet ses textes. À cet inconnu, l'aîné ouvre son coeur. Dans cet échange, il lui parle de la création, de l'inspiration, de l'écriture, mais aussi des tourments de l'amour, de la mort et de la solitude. Cette correspondance, touchante par sa justesse et la confiance qui s'y manifeste, demeure l'un des plus beaux textes adressés à la jeunesse.
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L'époque : 1900-1954 ; la nation : l'Allemagne des bords de la Baltique ; le héros : un nain, qui sous les apparences de l'enfance a la maturité d'un adulte. En tapant sur son tambour, Oscar Matzerath bat le rappel de ses souvenirs, ceux de sa famille et de son pays. Ainsi voit-on grouiller un univers grotesque et mystérieux dont la logique n'est pas de ce monde, mais qui éclaire le monde et les hommes mieux que le cerveau humain. Dans un registre torrentiel, Grass réussit un portrait de l'époque, à travers 50 ans d'histoire européenne que l'on peut considérer comme le document littéraire de la langue allemande à la fois le plus insolite et le plus audacieux depuis la guerre.
C'était il y a cinquante ans : Günter Grass faisait une irruption fracassante sur la scène littéraire internationale avec la publication du Tambour. Le style détonnant, l'aspect recherché de la langue d'Oscar en phrases longues et imbriquées avaient conduit à une traduction libre. Une nouvelle version plus fidèle s'imposait pour ce grand roman devenu un classique. Claude Porcell l'a élaborée en suivant scrupuleusement les indications fournies par l'auteur lors d'un séminaire de traduction à Gdansk.
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Au fil de la vie : nouvelles et esquisses
Rainer Maria Rilke
- Folio
- Folio 3 Euros
- 6 Avril 2023
- 9782073013439
Une messe d'enterrement, un hospice de vieillards, deux soeurs liées par la haine, des malades et des personnages médiocres... Tout cela n'est guère réjouissant. Et pourtant, Rilke, avec un talent inégalé, nous fait rire de chacune de ces scènes. Il révèle le grotesque et la drôlerie des moments et des caractères les plus pathétiques. À travers onze courtes nouvelles, découvrez la richesse de l'univers et l'humour de l'auteur des Carnets de Malte Laurids Brigge.
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Lettres à un jeune poète et autres lettres
Rainer Maria Rilke
- Flammarion
- Gf
- 30 Octobre 2024
- 9782080463487
En 1903, Rainer Maria Rilke entame une correspondance avec un jeune homme de vingt ans, Franz Kappus, élève d'un établissement militaire, qui lui a envoyé ses premiers essais poétiques. Plusieurs lettres suivent, que Kappus publie en 1929, trois ans après la mort de Rilke. Ces textes sont immédiatement devenus célèbres et comptent parmi les plus beaux de Rilke ; au fil du temps et des échanges, ils composent une superbe méditation sur la solitude, l'amour, la création, l'accomplissement de l'être. D'autres lettres viennent compléter ce recueil, adressées à l'amante du poète, Lou Andreas-Salomé, à son ami, Friedrich Westhoff, et à sa femme, Clara Rilke. Elles continuent de parler «de la vie et de la mort, et de ceci que l'une et l'autre sont grandes et magnifiques».
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Cette réédition en Poche rassemble outre une chronologie de l'auteur réalisée par
le traducteur Claude Porcell des récits autobiographiques, ses discours de remerciements -
à l'époque, jugés scandaleux et méprisants -, aux plus grands prix littéraires. Dans le
rarissime entretien accordé à André Müller, on y voit l'obsession de la mort (Thomas
Bernhard a fait deux tentatives de suicide), mais aussi les ressorts cachés qui ont poussé
un parfait nihiliste à écrire.
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Günter grass revisite notre siècle finissant, en cent textes brefs évoquant chacun une année.
Cette série de croquis ne prétend pas constituer une grande fresque ni retracer même sommairement l'histoire, pourtant constamment présente. grass choisit pour chaque année un événement petit ou grand, mais bien daté, et un narrateur différent qui, sur le moment ou longtemps après, l'évoque avec sa voix propre, dans sa perspective et dans son langage.
Cette centaine de personnages des deux sexes, de tous âges et de toutes conditions sociales, constituent comme une petite " comédie humaine " où le romancier fait briller les innombrables facettes de son talent.
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Au fil de la vie, Nouvelles et esquisses / Am Leben hin, Novellen und Skizzen
Rainer Maria Rilke
- Folio
- Folio Bilingue
- 21 Octobre 2021
- 9782072925214
Une messe d'enterrement, un hospice de vieillards, deux soeurs liées par la haine, un amoureux lâche... Rilke met en scène le quotidien sans artifice de personnages souvent pathétiques pour aborder les thèmes qui lui sont chers:le temps qui passe, l'omniprésence de la mort et la complexité de l'âme humaine.Au travers de ces onze courtes nouvelles, Rainer Maria Rilke off re une fine observation de la nature humaine empreinte de poésie.
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« Voici l'un des plus beaux textes de Thomas Bernhard. Il date apparemment de la fin des années soixante-dix, et l'on y retrouve bien sûr les thèmes habituels : l'existence "au degré de difficulté le plus haut" d'un "être de l'esprit" engagé dans une recherche totale et mortelle. Ici, c'est la physiognomonie appliquée à quatre personnages ordinaires rencontrés à la cantine populaire (à ce qu'il y a de plus quotidien donc), dans le disocurs bernhardien en abyme, et en écho aux périodes difficiles dont parlent les romans autobiographiques.
Mais au-delà de la thématique, ce texte est peut-être surtout, lui aussi, une composition grandiose, une magnifique dentelle, une partition magistrale dont les amateurs auront le plus grand plaisir à découvrir une variation supplémentaire ».
Claude Porcell.
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Mon année dans la baie de personne ; un conte des temps nouveaux
Peter Handke
- Folio
- Folio
- 1 Mars 2000
- 9782070407286
Voici le grand livre de Peter Handke.L'auteur y emprunte, comme déjà dans plusieurs ouvrages précédents, le masque d'un narrateur qui lui ressemble : Georg Keuschnig, écrivain autrichien habitant près de Paris, qui évoque ici une année de sa vie dans une banlieue tranquille en lisière de forêt. La baie de Personne n'est autre que cette niche écologique, microcosme ouvert en fait sur le monde entier par le jeu du souvenir, de l'attente et des amitiés.Somptueusement écrit, ce récit poétique d'une aventure intérieure à la fois solitaire et unanimiste confirme magistralement la place de Peter Handke parmi les grands écrivains de ce siècle, comme Rilke, comme Pessoa.
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Née de la révolution de novembre 1918, victime de la prise de pouvoir nationale-socialiste en 1933, la république de Weimar a laissé un souvenir ambigu : d'un côté, un régime fragile, ébranlé de 1919 à 1923 par les insurrections, les tentatives de coup d'Etat, la crise économique et l'occupation alliée, incapable d'enrayer la montée en puissance d'Hitler et de ses partisans ; de l'autre, la première tentative de démocratie allemande, ère sans précédent de liberté politique, de foisonnement intellectuel et de créativité artistique. Dans ce livre, devenu un classique en langue allemande, l'historien Horst Möller nous met en garde contre tout déterminisme. Si ses chances de réussite étaient faibles, la république de Weimar, n'était pas irrémédiablement vouée à l'échec. Héritiers de la défaite et de la révolution, chargés du lourd fardeau du traité de Versailles, ses fondateurs parvinrent à construire un nouvel ordre constitutionnel et offrirent à l'Allemagne quelques brèves années de stabilité. Son échec final ne se comprend que dans le moyen terme de la période 1918-1945, marquée par la contestation et le renversement de la légalité; l'idéologisation et la polarisation de tous les secteurs de la société. Son histoire est une leçon de culture politique, d'une actualité inentamée, sur la possibilité de la démocratie et les dangers qui la guettent. Une leçon qu'ont retenue les bâtisseurs de l'Allemagne moderne et que doivent méditer tous ceux, qui, en Europe, considèrent la démocratie non comme un acquis, mais comme un combat.
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«Le projet de ce livre était de se rapprocher un peu de l'enfance. Car il n'est pas d'art qui n'éprouve la nostalgie de ce jardin perdu, qui ne veuille s'enrichir de ses parfums et de ses ombres et recueillir l'écho de ses murmures. Deux petites histoires ne constituent que le prétexte.Le théâtre en est Prague, cette ville pleine de ruelles obscures et de cours pleines de mystère. Les jours y sont rêveurs et tristes et agissent peu. Leur voix est pleine de nostalgie slave; ils vivent la piété native de leur sentiment vierge. Et le prétexte a conduit à un sujet nouveau:l'histoire de l'enfance d'un peuple. Quelques mots racontent en passant le destin d'un peuple qui ne peut donner de l'espace à son enfance à côté d'un peuple frère grave, plus âgé, adulte. Et c'est dans ces propos, qui me sont venus presque par hasard, que me paraît maintenant résider le meilleur de mon livre. Car c'est de là que vient toute sa chaleur; et c'est précisément là où il paraît être tendancieux qu'il est large, humain, plein de savoir.» Rainer Maria Rilke.
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Moment d'angoisse chez les riches ; chroniques allemandes
Kurt Tucholsky
- Héros-Limite
- Feuilles D'Herbe
- 19 Septembre 2012
- 9782940358878
«Ce que c'est, je n'en sais rien... mais je sens confusément que quelque chose approche à pas feutrés, qui menace de tous nous anéantir. Nous, c'est notre vie ancienne, ce sont les îles verdoyantes que, malgré tout, nous avions réussi à édifier au milieu du courant de ce ridicule tapage - nous, c'est notre vieux monde auquel, malgré tout, nous tenions tant. Où allons-nous ? [...] Que savons-nous du temps ? Nous sommes à ses pieds comme le voyageur au pied de la falaise rouge, beaucoup trop près pour en voir la structure, et encore moins la beauté. Que savons-nous de notre temps ? Nous sommes ses instruments, et je crois que le meilleur d'entre eux est encore celui qui ne cherche pas à lui faire obstacle.»
Ces Chroniques allemandes sont le regard d'un Allemand, qui a choisi l'exil en France avant même l'arrivée des nazis au pouvoir, sur tout ce qui fait la vie de l'Europe de 1914 à 1935 : la guerre, l'armée, la justice, l'art, le théâtre, la littérature, les gens et les paysages. Regard d'un Allemand sur la France, d'un Français d'adoption sur l'Allemagne, d'un Juif sur l'Europe en folie. Regard féroce, plein d'humour, de colère, de tendresse, de raison et de prophétie. Trait vif, langue mordante, tableaux et poèmes, petit théâtre de personnages familiers et grotesques, bataille courageuse au jour le jour... Le combat et les déchirements d'un intellectuel tenté par le communisme, déçu par la social-démocratie, qui voit venir l'apocalypse, et se sent de plus en plus seul loin d'une Allemagne qui se perd - jusqu'au jour de décembre 1935, où, en Suède, il se donne la mort. -
L'ultime pièce de l'auteur qui fit scandale à sa création à Vienne. Le chef d'État autrichien, M. Waldheim, a cherché par tous les moyens à empêcher sa représentation, mais la direction du Burgtheater et l'auteur triomphèrent.
Tous ceux qui connaissent la haine amoureuse qui attachait Thomas Bernhard à sa patrie peuvent imaginer le testament qu'il a laissé à ses compatriotes - mais pas seulement à eux. Les clameurs de la foule, le fanatisme qui s'y cache, les méfaits qui en résultent, n'ont-ils pas trop souvent, en quelque lieu que ce soit, des conséquences mortelles ?
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«Qu'on se représente une société efficace, presque aussi éloignée du sacré que du poème intemporel (et un peu fatiguée déjà), qui succomberait non à un mythe ni à une idéologie, mais au génie d'une grande oeuvre d'art. Vus ainsi, les personnages et l'action de cette nouvelle pièce sont possédés, mus, soulevés, mystifiés par l'esprit du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. Et de même qu'aucun d'entre nous ne vit sa propre vie, mais une vie qui obéit toujours à des milliers de déterminations, de structures, de forces patrimoniales supérieures et souterraines, les contemporains que l'on voit ici sont des êtres sous dépendance et des idéologues soumis au charme magique d'une très ancienne, d'une insondable comédie. Comme le suc des fleurs que Puck et Obéron versent aux dormeurs du bois d'Athènes, c'est maintenant une oeuvre d'art que l'on instille, les plongeant dans l'erreur, aux présents personnages. Mais il se produit des métamorphoses qui subvertissent hommes, esprits et action - le songe d'une nuit d'été se poursuit sans relâche, et personne n'est resté éveillé pour apporter enfin le contre-poison qui, soudain, les ferait tous revenir de l'erreur.» Botho Strauss.
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La mémoire, au fur et à mesure qu'on l'épluche, met à jour de petites histoires enfouies, pour toucher à l'essentiel. À quatre-vingts ans, Günter Grass se souvient. Son récit débute en 1939 avec l'entrée en guerre, son engagement dans les S.S et la perte de l'innocence. Il s'achève à Paris en 1959 avec la publication du Tambour et la consécration littéraire. Au coeur de ces épisodes fondateurs, c'est la genèse de son oeuvre que donne à lire le maître.
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Les trois récits réunis ici (L'italien, À la lisière des arbres et Kulterer) nous permettent de voir comment Bernhard élabore et affine progressivement ses dispositifs narratifs, ses procédés stylistiques et ses thèmes. Ils témoignent tous les trois d'une grande maîtrise et d'une écriture qui n'est pas sans rappeler par moments ce que la prose en allemand a produit de plus beau : Büchner et Kleist.
« Pendant deux heures j'avais oublié tout ce qui avait provoqué depuis des mois dans mon cerveau une douleur monstrueuse, tout mon travail. Je ne sortis de mes pensées qu'une seule fois encore, quand l'Italien, qui m'avait, au bout de peu de temps déjà, invité à venir chez lui à Florence, dit après que nous eûmes passé le pont?: « L'obscurité qui règne ici...?» et puis se tut. «?Il n'y aurait?», dit-il, «?aucun moyen de se fuir soi-même. » Ce qu'il voulait dire, et surtout à cet instant-là, je n'en savais rien, nous étions juste devant la fenêtre ouverte, juste devant le mort. »
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La pièce mise en scène par Charles Berling sera en tournée en France à l'automne 2014.
Dans une société en crise, « l'autre » symbolise souvent une menace. Immigré, clandestin ou tout simplement citoyen jeté à la rue par un destin cruel, le « pas comme nous » est cible de toutes nos suspicions. Robert Schneider donne une voix singulière à ces êtres socialement et culturellement désespérés.
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Dans En Crabe, les thèmes essentiels au coeur de l'oeuvre de Günter Grass, écrivain engagé, attentif àcombattre les résurgences du nazisme sont la continuité, l'enchaînement confus du Bien et du Mal, l'impossibilité d'une victoire définitive sur le fascisme, l'échec de la "génération du repentir", née juste après la guerre, à transmettre ses convictions libérales de gauche et sa notion de « domination du passé » à ses enfants chez lesquels renaissent les vieux démons de l'Allemagne : racisme, antisémitisme, rêves de puissance militaire.
Le problème de transmission de la mémoire, Günter Grass l'aborde en conteur brillant et en virtuose dans l'art de construire les récits. Il part des biographies de l''entre-deux-guerres de trois hommes qui n'ont rien à voir entre eux, semble-t-il. Puis il y ajoute un narrateur contemporain qui trouve les renseignements biographiques sur Internet.
Wilhelm Gustloff, né à Schwerin en 1895, installé en Suisse, où il organise au début des années 1930 une section helvétique du parti nazi.
Alexander Marinesko, né à Odessa en 1913. Fera carrière dans la marine de guerre, malgré son ivrognerie.
David Frankfurter, né dans les Balkans en 1909. Juif. Etudiant en médecine en Suisse, il assassine Gustloff et se livre aux autorités suisses qui le condamnent à 18 ans de travaux forcés.
La propagande nazie fait de Gustloff un martyr et baptise de son nom un grand paquebot. C'est ici que Günter Grass réunit les fils de l'écheveau. Point commun entre ces trois personnages : le Wilhelm-Gustloff, véritable
héros du roman, commence sa carrière comme bateau de croisière pour les travailleurs, puis la guerre venue devient navire-hôpital, ensuite cantonnement à des marins en formation. Quand la défaite se profile, les populations allemandes fuient devant l'Armée rouge qui envahit la partie orientale du Reich. Le Wilhelm-Gustloff sert alors à transporter des milliers de civils de Königsberg, Dantzig, Poméranie, Prusse orientale vers Lübeck, Hambourg, Kiel. Sur le navire surpeuplé, nous retrouvons la famille Pokriefke le père, la mère, et leur fille enceinte, Tulla, l'héroïne des Années de Chien et du Chat et la souris.
Le commandant Marinesko, avec son sous-marin, torpille le Wilhelm-Gustloff. S'ensuit un naufrage terrible où périssent plus de 4000 réfugiés. Le naufrage du Titanic était peu de chose à côté. Parmi les rares survivants, Tulla Pokriefke accouche cette nuit-là du narrateur. Elle devient une citoyenne de RDA tandis que son fils Paul, venu à Berlin, reste à l'ouest après la construction du mur en 1961. Journaliste, il a un fils, Konrad, qui après la chute du mur rejoindra à Schwerin sa grand-mère au discours fort peu conventionnel et se consacre surtout à son ordinateur. Le récit s'enchaîne alors comme une fatalité. Il s'achève sur ces mots: « Ça ne s'arrête pas. Jamais ça ne s'arrête. »
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Günter Grass ; l'homme et l'oeuvre
Per Ohrgaard
- Le Seuil
- Le Don Des Langues
- 11 Octobre 2007
- 9782020601481
Günter Grass est l'un des plus grands écrivains de notre temps, couronné par l'Académie suédoise en 1999 du prix Nobel de littérature. Qui ne se souvient du Tambour, de la « Trilogie de Dantzing » de ses oeuvres engagées, jusqu'à En Crabe, récit qui lui valut une polémique de plus ?
Alors que les biographes s'étaient jusqu'à présent intéressés à l'écrivain citoyen plutôt qu'au romancier, Per Øhrgaard nous propose ici une monographie précise, subtile, riche en citations, une analyse chronologique de la totalité de l'oeuvre romanesque jusqu'à Pelures d'oignon. Il analyse les particularités d'une narration extrêmement originale. Il souligne l'écriture volontairement déconcertante où aucune vérité n'est donnée comme telle, où tout est constamment mis en doute, où les « narrateurs » s'emboitent comme des poupées russes, mais ne sont jamais « fiables ». Et où tout est pourtant « réalité ». Un fil d'Ariane pour tous les lecteurs désireux de découvrir ou redécouvrir un immense auteur.
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Les yeux de Waiblinger. Waiblinger, c'est cette étoile filante brièvement apparue au début du XIXe siècle dans un ciel allemand déjà riche en étoiles. Poète et romancier, il meurt à 26 ans en Italie sans avoir accompli les promesses d'un génie aussi éblouissant que destructeur. Son oeuvre, c'est sa vie. Mais il ne s'agit pas là d'une biographie. Peter Härtling choisit, dans cette existence, de nous faire revivre l'épisode des amours interdites avec Julie Michaelis, qui défraya la chronique de cette capitale intellectuelle qu'était alors Tübingen, en Souabe, et son séminaire protestant, berceau de quelques grandes gloires de la littérature et de la philosophie allemandes : mais l'époque n'est plus aux grandes révoltes, c'est celle de Mörike et de Caspar David Friedrich, du biedermeier et de la Restauration. Un tel contact ne peut que faire des étincelles.
Härtling ne joue pas les archéologues. Loin de tenter une reconstitution scientifique, c'est de l'intérieur, dans une langue vive qui ne s'essaie pas, elle, à la restauration, qu'il rêve et nous fait rêver ce destin.
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Cette fois, Michael Krüger nous entraîne dans le tourbillon, peut-être pas aussi burlesque qu'il y paraît, de l'art contemporain revisité par les tribulations politiques de ces dernières décennies.
Que vient faire à Munich cette jeune violoncelliste hongroise ? Quel rôle joue et a joué sa mère, ancienne maîtresse du narrateur, un compositeur désabusé et commercial ? Les mystères d'un début onirique ne seront peut-être pas tout à fait dissipés au bout de ce périple, qui nous emmène d'une Hongrie pluvieuse et kafkaïenne à une Espagne enivrée, d'une France bien dans sa glèbe à une Allemagne en même temps affairiste, mélancolique et toujours à la pointe du progrès.
Que sont devenus les certitudes, les modes et les avenirs ? Dans la veine satirique qu'on lui connaît, Michael Krüger met en scène un polar rêveur, une ronde où s'agitent les affres de la création contemporaine, les services secrets, les idéologies - et les personnages loufoques à la Marx (Brothers). Un monde en train de basculer, tout près de la folie. Et la musique, dans tout ça ? Et l'amour, dans tout ça ?
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Par un soir de chasse sur la lagune embrumée, le comte di Barbaro fait une étrange découverte. Dans les roseaux s'est prise une barque où gît un jeune homme entièrement nu et d'une fabuleuse beauté. Apparemment mort, l' "enfant sauvage" finit par se réveiller, sans pouvoir cependant se souvenir de ses origines. Une fois recueilli dans le palais du comte, Andrea manifeste l'étonnant don d'observation qui fait de lui, peu à peu, un dessinateur et un peintre génial. La jeune Caterina Nardi, voisine du comte, aimée de lui en secret, remarque le jeune homme et en fait, après son propre mariage avec le frère du comte, le sigisbée officiel admis par la société du temps. Celui de la Venise du XVIIIè siècle finissant, avec ses intrigues, son faste, sa vie foisonnante et surtout sa lumière, ses lumières. Flammes de l'amour tragique et couleurs somptueuses enveloppent cet étrange génie qui préfigure Turner.