Éditions du Minuit
-
L'Établi, ce titre désigne d'abord les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s'embauchaient, «s'établissaient» dans les usines ou les docks. Celui qui parle, ici a passé une année, comme O S. 2, dans l'usine Citroën de la porte de Choisy. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la grève. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier dans une grande entreprise parisienne.
Mais L'Établi, c'est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu'elles passent au montage.
Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l'intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production -
Bourdieu et Panofsky. Essai d'archéologie intellectuelle
Etienne Anheim, Paul Pasquali
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 6 Mars 2025
- 9782707356369
Ce livre raconte, à partir d'archives inédites, l'histoire de la rencontre entre deux figures emblématiques des sciences humaines du XX e siècle, Pierre Bourdieu (1930-2002) et Erwin Panofsky (1892-1968). Rien de commun, en apparence, entre le jeune sociologue français, oeuvrant au milieu des années 1960 à la refondation de sa discipline dans un monde intellectuel dominé par le structuralisme, et le vieil historien d'art allemand reconnu internationalement, émigré aux États-Unis après avoir fui le nazisme. Et pourtant, c'est dans la collection « Le sens commun », dirigée par Bourdieu aux Éditions de Minuit, que paraît la première traduction française de Panofsky, Architecture gothique et pensée scolastique, au printemps 1967, en même temps que les Essais d'iconologie chez Gallimard.
L'édition d'Architecture gothique et pensée scolastique est minutieusement préparée par Bourdieu qui, fait unique dans sa carrière, réalise lui-même la traduction. Il y joint une longue postface qui deviendra célèbre : c'est là qu'apparaît sous sa plume la première théorisation du concept d'habitus.
En s'appuyant sur des sources multiples - dont la correspondance des deux savants reproduite en annexe -, cette enquête retrace pas à pas une aventure éditoriale et intellectuelle unique, moment clé dans la réception d'Erwin Panofsky, mais aussi dans la carrière d'un Pierre Bourdieu en pleine construction des outils qui lui permettront de s'imposer dans les décennies suivantes comme l'auteur d'une oeuvre capitale. -
La distinction : critique sociale du jugement
Pierre Bourdieu
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Août 1979
- 9782707302755
Classeurs classés par leurs classements, les sujets sociaux se distinguent par les distinctions qu'ils opèrent ¿ entre le savoureux et l'insipide, le beau et le laid, le chic et le chiqué, le distingué et le vulgaire ¿ et où s'exprime ou se trahit leur position dans les classements objectifs. L'analyse des relations entre les systèmes de classement (le goût) et les conditions d'existence (la classe sociale) qu'ils retraduisent sous une forme transfigurée dans des choix objectivement systématiques (« la classe ») conduit ainsi à une critique sociale du jugement qui est inséparablement un tableau des classes sociales et des styles de vie. On pourrait, à titre d'hygiène critique, commencer la lecture par le chapitre final, intitulé « Éléments pour une critique vulgaire des critiques pures », qui porte au jour les catégories sociales de perception et d'appréciation que Kant met en oeuvre dans son analyse du jugement de goût. Mais l'essentiel est dans la recherche qui, au prix d'un énorme travail d'enquête empirique et de critique théorique, conduit à une reformulation de toutes les interrogations traditionnelles sur le beau, l'art, le goût, la culture. L'art est un des lieux par excellence de la dénégation du monde social. La rupture, que suppose et accomplit le travail scientifique, avec tout ce que le discours a pour fonction ordinaire de célébrer, supposait que l'on ait recours, dans l'exposition des résultats, à un langage nouveau, juxtaposant la construction théorique et les faits qu'elle porte au jour, mêlant le graphique et la photographie, l'analyse conceptuelle et l'interview, le modèle et le document. Contre le discours ni vrai ni faux, ni vérifiable ni falsifiable, ni théorique ni empirique qui, comme Racine ne parlait pas de vaches mais de génisses, ne peut parler du Smig ou des maillots de corps de la classe ouvrière mais seulement du « mode de production » et du « prolétariat » ou des « rôles » et des « attitudes » de la « lower middle class », il ne suffit pas de démontrer ; il faut montrer, des objets et même des personnes, faire toucher du doigt ¿ ce qui ne veut pas dire montrer du doigt, mettre à l'index ¿ et tâcher ainsi de forcer le retour du refoulé en niant la dénégation sous toutes ses formes, dont la moindre n'est pas le radicalisme hyperbolique de certain discours révolutionnaire. Cet ouvrage est paru en 1979.
-
" Ce qui circule entre les chercheurs et les non-spécialistes, ou même entre une science et les spécialistes des autres sciences, ce sont, au mieux, les résultats, mais jamais les opérations. On n'entre jamais dans les cuisines de la science. " Ce sont ces secrets de métier, ces recettes de fabrication, ces tours de main, que Pierre Bourdieu tente de livrer ici. En regroupant l'ensemble des réponses qu'il a faites, dans des exposés, des interventions orales ou des interviews, aux principales questions que pose la sociologie, il livre sous la forme à la fois directe et nuancée que permet le discours oral, des réflexions sur la méthode et sur les concepts fondamentaux de sa sociologie (champ, habitus, capital, investissement, etc.), sur les problèmes épistémologiques et philosophiques que pose la science sociale, en même temps que des analyses nouvelles sur la culture et la politique, la grève et le syndicalisme, le sport et la littérature, la mode et la vie artistique, le langage et la musique. En donnant accès au travail sociologique en train de se faire, il invite le lecteur non à s'identifier à une " pensée " toute pensée mais à se rendre maître d'une méthode de pensée.
-
Les héritiers ; les étudiants et la culture
Pierre Bourdieu, Jean-Claude Passeron
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Octobre 1964
- 9782707300812
QuaSi l'école aime à proclamer sa fonction d'instrument démocratique de la mobilité sociale, elle a aussi pour fonction de légitimer - et donc, dans une certaine mesure, de perpétuer - les inégalités de chances devant la culture en transmuant par les critères de jugement qu'elle emploie, les privilèges socialement conditionnés en mérites ou en " dons " personnels. A partir des statistiques qui mesurent l'inégalité des chances d'accès à l'enseignement supérieur selon l'origine sociale et le sexe et en s'appuyant sur l'étude empirique des attitudes des étudiants et de professeurs ainsi que sur l'analyse des règles - souvent non écrites - du jeu universitaire, on peut mettre en évidence, par-delà l'influence des inégalités économiques, le rôle de l'héritage culturel, capital subtil fait de savoirs, de savoir-faire et de savoir-dire, que les enfants des classes favorisées doivent à leur milieu familial et qui constitue un patrimoine d'autant plus rentable que professeurs et étudiants répugnent à le percevoir comme un produit social.
-
Faits d'affects Tome 2 : La fabrique des émotions disjointes
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 14 Mars 2024
- 9782707349873
Les faits d'affects sont à valences multiples. Ils méritent donc d'être interrogés dans le pourquoi de leurs motifs souvent inconscients, dans le comment de leurs manifestations gestuelles et, tout aussi bien, dans le pour quoi de leurs destins éthiques et politiques. Car tout cela fonctionne ensemble dans chaque moment de l'histoire.
Ce volume, comme le précédent, s'autorise à vagabonder entre des analyses de cas singuliers très divers, mais pour voir s'y dessiner une configuration particulière bien que, malheureusement, très puissante et répandue. Les faits d'affects y sont réglés selon une disjonction : « fronts contre fronts », en quelque sorte. On entre là dans le vaste domaine d'une anthropologie politique des sensibilités et, notamment, de ce que Svetlana Alexievitch nommait les « documents-sentiments » relatifs à l'expérience des femmes russes enrôlées dans les combats de la Seconde Guerre mondiale. Comment, alors, ne pas s'interroger, en amont sur la « fabrique des émotions » dans le cadre propagandiste nazi, en aval sur la notion économique de « promotion » capitaliste ? Comment, au fil de ce parcours, ne pas revenir à la notion - toujours à revisiter, de Hegel à Marx et de Freud à l'anthropologie contemporaine - du fétichisme, là où justement les relations des sujets aux objets prennent un tour réifié, aliéné, mortifère ?
La disjonction affective ne caractériserait-elle pas, pour finir, ce « malaise dans la culture » duquel nous peinons à nous extraire dans un monde où notre liberté dans le « partage du sensible » se heurte constamment à une sorte de loi du marché affectif ? -
La reproduction - elements pour une theorie du systeme d'enseignement
Pierre Bourdieu
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Mars 1970
- 9782707302267
Cet ouvrage présente la synthèse théorique de recherches dont le livre les héritiers, en 1964, marquait la première étape.
A partir de travaux empiriques sur le rapport pédagogique, sur l'usage lettré ou mondain de la langue et de la culture universitaires et sur les effets économiques et symboliques de l'examen et du diplôme, se construit comme une théorie générale des actions de violence symbolique et des conditions sociales de la dissimulation de cette violence. en explicitant les conditions sociales du rapport d'imposition symbolique, cette théorie définit les limites méthodologiques des analyses qui, sous l'influence cumulée de la linguistique, de la cybernétique et de la psychanalyse, tendent à réduire les rapports sociaux à de purs rapports symboliques.
L'école produit des illusions dont les effets sont loin d'être illusoires : ainsi, l'illusion de l'indépendance et de la neutralité scolaires est au principe de la contribution la plus spécifique que l'ecole apporte à la reproduction de l'ordre établi. par suite, essayer de mettre au jour les lois selon lesquelles elle reproduit la structure de la distribution du capital culturel, c'est non seulement se donner les moyens de comprendre complètement les contradictions qui affectent aujourd'hui les systèmes d'enseignement, mais encore contribuer à une théorie de la pratique qui, constituant les agents comme produits de structures, reproducteurs des structures, échappe aussi bien au subjectivisme de la liberté qu'à l'objectivisme pan-structuraliste.
-
Le Témoin jusqu'au bout. Une lecture de Victor Klemperer
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- 3 Mars 2022
- 9782707347541
Être témoin : être sensible. En quel sens faut-il l'entendre ?
Dans un procès, on ne demande au témoin que d'être précis, puisque ce sont des faits qu'il s'agit de rendre compte. Mais celui qui décide de témoigner contre vents et marées, sans que personne ne lui ait rien demandé, se tient dans une position différente : il porte aussi en lui l'exigence d'un partage de la sensibilité. Il considère implicitement que ses émotions constituent en elles-mêmes des faits d'histoire, voire des gestes politiques.
C'est ce que montre une lecture du Journal de Victor Klemperer tenu clandestinement entre 1933 et 1945 depuis la ville de Dresde où il aura subi, comme Juif, tout l'enchaînement de l'oppression nazie. Témoignage extraordinaire par sa précision, en particulier dans l'analyse qu'y mena Klemperer - qui était philologue - du fonctionnement totalitaire de la langue. Mais aussi par sa sensibilité. Par son ouverture littéraire à la complexité des affects, avec la position éthique - celle du partage - que cette sensibilité supposait.
Entre la langue totalitaire, qui ne se prive jamais d'en appeler aux émotions sans partage, et l'écriture de ce Journal, ce sont donc deux positions que l'on voit ici s'affronter autour des faits d'affects. Combat politique lisible dans chaque repli, dans chaque inflexion de ce chef-d'oeuvre d'écriture et de témoignage. -
Les êtres qui se reproduisent, les êtres reproduits, sont des êtres distincts entre eux, séparés par un abîme, une fascinante discontinuité. Mais, individus mourant isolément dans une aventure inintelligible, nous gardons la nostalgie de la continuité perdue. L'activité sexuelle de reproduction, dont l'érotisme est une des formes humaines, nous la fait retrouver ; au moment où les cellules reproductrices s'unissent, une continuité s'établit entre elles pour former un nouvel être à partir de leur mort.
C'est aussi par la mort, la mort violente, que cet effort de libération s'est manifesté dès l'origine des activités de l'homme. Mais le désir de meurtre met en cause toute l'organisation de communautés fondées sur le travail et la raison. D'où la naissance d'interdits, à quoi s'oppose, ou plutôt s'ajoute, en un dépassement nécessaire, leur propre transgression. Guerre et chasse rejoignent ici l'inceste ou l'orgie sacrée...
-
Mise en scène vie quotidienne 1
Erving Goffman
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Avril 1973
- 9782707300140
Rencontres fortuites, échanges de paroles, de regards, de coups, de mimiques, de mots, actions et réactions, stratégies furtives et rapides, combats ignorés de ceux-là mêmes qui se les livrent avec l'acharnement le plus vif, telle est la matière première qui constitue l'objet, inhabituel, de la présentation de soi.
Pour ordonner ces miettes de vie sociale - résiduelles pour la sociologie canonique qui les néglige - sur lesquelles il concentre l'attention la plus minutieuse, goffman prend le parti de soumettre à l'épreuve de l'explicitation méthodique une intuition du sens commun : le monde est un théâtre. le vocabulaire dramaturgique lui fournit les mots à partir desquels il construit le système des concepts propre à abstraire de la substance des interactions quotidiennes, extérieurement dissemblables, les formes constantes qui leur confèrent stabilité, régularité et sens.
Ce faisant, goffman élabore dès la présentation de soi, son premier livre, les instruments conceptuels et techniques à partir desquels s'engendre une des oeuvres les plus fécondes de la sociologie contemporaine et qui sont peut-être aussi au principe de la constitution des catégories fondamentales d'une nouvelle école de pensée : en rompant avec le positivisme de la sociologie quantitative en sa forme routinisée et en s'accordant pour tâche de réaliser une ethnographie de la vie quotidienne dans nos sociétés, la présentation de soi peut être tenu pour un des ouvrages qui sont au fondement du courant interactionniste et, plus généralement, de la nouvelle sociologie américaine.
-
Il y a le stigmate d'infamie, tel la fleur de lys gravée au fer rouge sur l'épaule des galériens.
Il y a les stigmates sacrés qui frappent les mystiques. il y a les stigmates que laissent la maladie ou l'accident. il y a les stigmates de l'alcoolisme et ceux qu'inflige l'emploi des drogues. il y a la peau du noir, l'étoile du juif, les façons de l'homosexuel. il y a enfin le dossier de police du militant et, plus généralement, ce que l'on sait de quelqu'un qui a fait ou été quelque chose, et " ces gens-là, vous savez...
".
Le point commun de tout cela ? marquer une différence et assigner une place : une différence entre ceux qui se disent " normaux " et les hommes qui ne le sont pas tout à fait (ou, plus exactement, les anormaux qui ne sont pas tout à fait des hommes) ; une place dans un jeu qui, mené selon les règles, permet aux uns de se sentir à bon compte supérieurs devant le noir, virils devant l'homosexuel, etc., et donne aux autres l'assurance, fragile, qu'à tout le moins on ne les lynchera pas, et aussi l'espoir tranquillisant que, peut-être, un jour, ils passeront de l'autre côté de la barrière.
-
Les caractéristiques des institutions totalitaires.
La carrière morale du malade mental. la vie clandestine d'une institution totalitaire. les hôpitaux psychiatriques et le schéma médical-type.
-
Mise en scene vie quotidienne 2
Erving Goffman
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Avril 1973
- 9782707300638
Cet ouvrage représente l'aboutissement d'une recherche constante dans l'oeuvre de goffman : décrire de façon quasi grammaticale ce qui constitue l'étoffe de la société (de toute société), les rapports entre les gens.
De même que la phrase : " auriez-vous du feu ? " obéit à des règles grammaticales strictes que le locuteur est obligé d'appliquer s'il veut se faire comprendre (et qu'il applique sans y penser) de même les comportements " interpersonnels " alors manifestés (façon de s'approcher, mouvements réciproques du regard, forme de l'adresse - " vous ", " monsieur ", etc.) sont régis par des règles rituelles auxquelles il faut se conformer si l'on ne veut pas choquer.
Il y a pourtant une différence, que goffman souligne à plusieurs reprises : si les règles linguistiques forment une grammaire, les règles rituelles constituent un " ordre ". et l'ordre social, à la différence d'une grammaire, n'est pas au-delà de l'éthique, car il n'est pas simplement un code fonctionnel, mais il traduit aussi des rapports de domination et de profit. il s'ensuit que " mal " se comporter à une tout autre dimension que " mal " parler (au sens de faire des " fautes " de syntaxe).
C'est cette dimension proprement politique du comportement inter-individuel qui se découvre progressivement au long des sept articles qui composent le livre et qui se complètent en un cheminement du plus simple au plus complexe, du plus extérieur au plus intériorisé.
-
Ce qui nous soulève Tome 1 : Désirer désobéir
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 7 Mars 2019
- 9782707345226
« Nous avions beaucoup enduré et puis, un jour, nous nous sommes dit que cela ne pouvait plus durer. Nous avions trop longtemps baissé les bras. À nouveau cependant - comme nous avions pu le faire à l'occasion, comme d'autres si souvent l'avaient fait avant nous - nous élevons nos bras au-dessus de nos épaules encore fourbies par l'aliénation, courbées par la douleur, par l'injustice, par l'accablement qui régnaient jusque-là. C'est alors que nous nous relevons : nous projetons nos bras en l'air, en avant. Nous relevons la tête. Nous retrouvons la libre puissance de regarder en face. Nous ouvrons, nous rouvrons la bouche. Nous crions, nous chantons notre désir. Avec nos amis nous discutons de comment faire, nous réfléchissons, nous imaginons, nous avançons, nous agissons, nous inventons. Nous nous sommes soulevés. »
Ce livre est un essai de phénoménologie et d'anthropologie - voire une poétique - des gestes de soulèvement. Il interroge les corps avec la psyché à travers le lien profond, paradoxal, dialectique, qui s'instaure entre le désir et la mémoire. Comme il y a « ce qui nous regarde » par- delà « ce que nous croyons voir », il y aurait peut-être « ce qui nous soulève » par-delà « ce que nous croyons être ». C'est une question posée en amont - ou en dedans - de nos opinions ou actions partisanes : question posée, donc, aux gestes et aux imaginations politiques. Question posée à la puissance de se soulever, même lorsque le pouvoir n'est pas en vue. Cette puissance est indestructible comme le désir lui-même. C'est une puissance de désobéir. Elle est si inventive qu'elle mérite une attention tout à la fois précise (parce que le singulier, en l'espèce, nous dit plus que l'universel) et erratique (parce que les soulèvements surgissent en des temps, en des lieux et à des échelles où on ne les attendait pas). -
La condition postmoderne : rapport sur le savoir
Jean-françois Lyotard
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Septembre 1979
- 9782707302762
Contribution à la discussion internationale sur la question de la légitimité : qu'est-ce qui permet aujourd'hui de dire qu'une loi est juste, un énoncé vrai ? Il y a eu les grands récits, l'émancipation du citoyen, la réalisation de l'Esprit, la société sans classes. L'âge moderne y recourait pour légitimer ou critiquer ses savoirs et ses actes. L'homme postmoderne n'y croit plus. Les décideurs lui offrent pour perspective l'accroissement de la puissance et la pacification par la transparence communicationnelle. Mais il sait que le savoir quand à devient marchandise informationnelle est une source de profits et un moyen de décider et de contrôler. Où réside la légitimité, après les récits ? Dans la meilleure opérativité du système ? C'est un critère technologique, il ne permet pas de juger du vrai et du juste. Dans le consensus ? Mais l'invention se fait dans le dissentiment. Pourquoi pas dans ce dernier ? La société qui vient relève moins d'une anthropologie newtonienne (comme le structuralisme ou la théorie des systèmes) et plus d'une pragmatique des particules langagières. Le savoir postmoderne n'est pas seulement l'instrument des pouvoirs : il raffine notre sensibilité aux différences et renforce notre capacité de supporter l'incommensurable. Lui-même ne trouve pas sa raison dans l'homologie des experts, mais dans la paralogie des inventeurs. Et maintenant : une légitimation du lien social, une société juste, est-elle praticable selon un paradoxe analogue ? En quoi consiste celui-ci ?
-
Les rites d'interaction
Erving Goffman
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Octobre 1974
- 9782707300225
La vie sociale est un théâtre, mais un théâtre patriculièrement dangereux.
A ne pas marquer la déférence qu'exige son rôle, à se tenir mal, à trop se détache des autres comédiens, l'acteur, ici, court de grands risques. celui, d'abord, de perdre la face ; et peut-être même la liberté : les hôpitaux psychiatriques qont là pour accueillir ceux qui s'écartent du texte.
Il arrive ainsi que la pièce prene l'allure d'un drame plein de fatalité et d'action, où l'acteur-acrobate - sportif, flambeur ou criminel - se doit et nous doit de travailler sans filet.
Et les spectateurs d'applaudir, puis de retourner à leurs comédies quotidiennes, satisfaits d'avoir vu incarné un instant, resplendissant dans sa rareté, la morale toujours sauve qui les soutient.
-
Protestation élevée, au nom de l'objectivité, contre les poncifs aristocratiques ou populistes qui s'interposent entre les classes populaires et ses observateurs, nécessairement intellectuels ou bourgeois, the uses of literacy relève aussi de l'autobiographie, sinon de l'auto-analyse.
Mais, grâce à une attention clinique aux nuances de la vie quotidienne, l'auteur réussit à tirer de son expérience d'intellectuel issu des classes populaires tout ce que l'ethonologue averti sait tirer d'un bon " informateur ". sans nier les changements que les moyens modernes de communication ont déterminés dans la culture des classes populaires, richard hoggart essaie d'en prendre la juste mesure en faisant voir que la réception d'un message culturel ne saurait être dissociée des conditions sociales oú elle s'accomplit.
Il se donne ainsi les moyens de comprendre tout ce que la consommation culturelle doit à l'éthos de classe des consommateurs : le mythe du " conditionnement des masses " peut alors céder la place à l'analyse de l'adhésion à éclipses ou de l'attention oblique, conçues comme dispositions spécifiques des classes populaires portées par la logique de leur situation à trouver dans le cynisme narquois et une grande capacité d'indifférence leur meilleure protection contre le monde des " autres ", son autorité et ses sollicitations.
-
Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ?
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 5 Novembre 2020
- 9782707346520
On ne cesse de critiquer les informations fausses, en méconnaissant tout ce qu'elles apportent à notre vie privée et collective. Elles ne sont pas seulement, en effet, source de bien-être psychologique, elles stimulent la curiosité et l'imagination, ouvrant ainsi la voie à la création littéraire comme aux découvertes scientifiques.
Ce livre prend leur défense. -
L'amour de l'art : les musees d'art europeens et leur public
Bourdieu Pierre
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Mars 1966
- 9782707300287
L'accès aux trésors artistiques est à la fois ouvert à tous et interdit en fait au plus grand nombre.
Qu'est-ce qui sépare des autres ceux qui sépare des autres qui fréquentent les musées ? les amoureux de l'art vivent leur amour comme affranchi des conditions et des conditionnements. ne fallait-il pas qu'ils fussent prédisposés à recevoir la grâce pour aller à sa rencontre et pour l'accueillir ? pourtant, le musée est un des lieux oú l'on ressent le plus vivement le poids des obligations mondaines : la pratique obligée peut-elle conduire à la vraie délectation ou bien le plaisir cultivé est-il irrémédiablement maqué par l'impureté de ses origines ? chaque visiteur des musées est enclin à suspecter la sincérité des autres : mais ne trahit-il pas par là qu'il sait que son amour doit aux arguments de la raison et à la force de la coutume autant qu'à l'inspiration du coeur ?
Ce livre essaie d'apporter à la question des réponses sociologiques, c'est-à-dire à la fois logiques et empiriques.
Sans craindre de manquer au bon goût, il prétend soumettre le bon goût à la rigueur de l'examen scientifique. en mettant en évidence les conditions sociales de l'accession à la pratique cultivée, il fait voir que la culture n'est pas un privilège de nature mais qu'il faudrait et qu'il suffirait que tous possèdent les moyens d'en prendre possession pour qu'elle appartienne à tous.
La présente édition est augmentée des résultats des enquêtes menées dans cinq pays européens : l'espagne, la grèce, l'italie, les pays-bas, la pologne.
-
Pierre Bourdieu veut montrer que l'anthropologie ne peut s'accomplir comme science qu'à condition de prendre aussi pour objet les actes et les instruments de la pratique scientifique et, plus précisément, le rapport que le chercheur entretient avec son objet. C'est ce qu'il montre très concrètement en rappelant l'itinéraire qui l'a conduit à des recherches dites ethnologiques sur la civilisation Kabyle aux recherches dites sociologiques sur les aspects les plus divers de notre société, en passant par différentes études sur la société béarnaise dont il est originaire.
Ce que nous appelons pensée « primitive », « prélogique » ou « sauvage », n'est autre chose que la logique pratique à la fois commode et tournée vers l'action, à laquelle nous avons recours chaque jour, dans nos actions et nos jugements sur les autres et le monde. Parce que la logique logique, qui s'est construite contre les logiques pratiques, est un peu notre point d'honneur intellectuel, nous nous refusons à voir ce qu'est la logique réelle de notre action, jamais complètement logique, jamais complètement illogique. Il suffit de décrire cette logique, de l'objectiver, de la mettre sur le papier, pour apercevoir que le primitif, c'est nous ; que nous n'agissons pas autrement lorsque nous classons des hommes politiques, ou des mobiliers, ou des peintres, que les « primitifs », lorsque pour mettre de l'ordre dans leur monde, ils mettent en oeuvre des principes classificatoires comme masculin et féminin, sec et humide, haut et bas ou est et ouest.
Nous supportons avec beaucoup d'impatience les analyses des sociologues lorsqu'ils décrivent nos conduites dans le langage de la règle (en France, lorsqu'on est reçu à dîner, il faut apporter des fleurs en nombre impair) ou du rituel (en France, les femmes se marient en robe blanche, symbole de pureté). Pourtant nous ne voyons rien à redire lorsque les ethnologues emploient ce langage pour parler des peuples dits primitifs : et cela, tout particulièrement, lorsqu'il s'agit de mariage ou de rituel. C'est cette discordance que Pierre Bourdieu interroge, demandant pourquoi nous sommes spontanément objectivistes lorsqu'il s'agit des autres et pourquoi nous revendiquons pour nous-mêmes et nous seuls le privilège de la liberté et de la subjectivité. Les Béarnais (d'autrefois) ou les Kabyles, lorsqu'ils choisissent leur conjoint, n'obéissent pas plus à une règle que les Parisiens d'aujourd'hui. Et Pierre Bourdieu se moque de ceux qui, à force de parler de « mariage préférentiel » avec la cousine croisée ou la cousine parallèle, finiront un jour par démontrer, de préférence mathématiquement, que deux cousines parallèles à une même troisième sont parallèles entre elles.
Critiquer la notion de règle ou de coutume ou de droit et toutes les notions équivalentes, qui n'expliquent jamais rien, puisqu'il faut encore expliquer pourquoi on obéit à la règle, à la coutume ou au droit plutôt que de lui désobéir, ce n'est pas abandonner les pratiques à l'inexplicable. Il suffit de se placer au point de vue de la pratique, qui est celui des acteurs, pour savoir que les pratiques ont pour principe, non des règles, mais des stratégies ; et que ces stratégies ne sont pas livrées au hasard. Comme aux cartes, elles dépendent - on le voit bien dans le cas du mariage - de la donne (capital possédé, nombre d'enfants à marier, etc.) et de l'art de jouer. La même chose est vraie dans le cas des pratiques rituelles qui ne sont ni des séquences insensées d'actes sans queue ni tête, ni les actes inspirés d'une liturgie mystique, ni les opérations logiques d'une sorte d'inconscient calculateur (comme chez Lévi-Strauss), mais des séquences pratiques d'actes orientés par un sens analogique, un «démon de l'analogie» comme dit Mallarmé, qui est caractéristique d'une société déterminée et qui nous fait par exemple apercevoir une affinité immédiate entre la femme et la lune. Le mouvement qui conduit de la règle à la stratégie est le même qui mène de la pensée « prélogique » ou « sauvage » au corps géomètre, « corps conducteur » tout entier traversé par la nécessité du monde social. - « Je crois que j'ai fait une découverte théologique », dit Charlie Brown, le héros de la bande dessinée de Schulz. - « Laquelle ? » - « Si on tient les mains tournées vers le bas, upside down, on obtient le contraire de ce pour quoi on prie. » La pratique rituelle, comme la plupart des pratiques, est une gymnastique symbolique, dans laquelle le corps pense pour nous.
Une véritable compréhension des pratiques autres ou propres suppose un double travail : il s'agit d'objectiver les structures objectives ou incorporées, ce qui suppose une mise à distance, fondée sur l'emploi de techniques d'objectivation. Une science sociale vraiment rigoureuse suppose ce double mouvement, qui conduit au-delà de l'objectivisme, moment inévitable (symbolisé en ethnologie par l'oeuvre de Lévi-Strauss) et du subjectivisme (représenté sous une forme limite par la phénoménologie « sartrienne ») : objectiver les structures objectives (par exemple, les régularités statistiques des pratiques) ou incorporées (par exemple, les catégories sociales de perception, comme brillant / terne, distingué / vulgaire, etc.) mais aussi objectiver l'objectivation, c'est-à-dire les opérations qui rendent possible l'accès à cette « vérité objective » et le point de vue à partir duquel elles s'opèrent. Et découvrir ainsi qu'il y a une objectivité du subjectif, que la représentation que les acteurs se font de leur pratique et que le chercheur, armé de ses instruments d'objectivation (statistique, observation, etc.) doit détruire pour saisir les structures objectives, fait encore partie de l'objectivité. Les illusions collectives ne sont pas illusoires et les mécanismes les plus fondamentaux tels ceux de l'économie, ne pourraient fonctionner sans le soutien de la croyance qui est au principe de l'adhésion accordée aux jeux sociaux et à leurs enjeux.
Pierre Bourdieu nous donne ici une théorie de l'action qui n'est pas à elle-même sa fin mais qui est la condition d'une interprétation adéquate des pratiques : et cela aussi bien de celles que privilégie d'ordinaire l'ethnologie, comme le mariage et le rituel, que de celles qui retiennent plutôt l'attention du sociologue, comme les conduites économiques ou les pratiques culturelles. Ce qui revient à réintégrer les disciplines séparées dans l'unité d'une anthropologie.
----- Table des matières ----- Préface Livre 1. Critique de la raison théorique : Avant-propos - Chapitre 1. Objectiver l'objectivation - Chapitre 2. L'anthropologie imaginaire du subjectivisme - Chapitre 3. Structures, habitus, pratiques - Chapitre 4. La croyance et le corps - Chapitre 5. La logique de la pratique - Chapitre 6. L'action du temps - Chapitre 7. Le capital symbolique - Chapitre 8. Les modes de domination - Chapitre 9. L'objectivité du subjectif Livre 2. Logiques pratiques : Avant-propos - Chapitre 1. La terre et les stratégies matrimoniales - Chapitre 2. Les usages sociaux de la parenté : L'état de la question. Les fonctions des relations et le fondement des groupes. L'ordinaire et l'extra-ordinaire. Stratégies matrimoniales et reproduction sociale - Chapitre 3. Le démon de l'analogie : La formule génératrice. La partition fondamentale. Seuils et passages. La transgression déniée. Transferts de schèmes et homologies. Le bon usage de l'indétermination Annexe. La maison ou le monde renversé Bibliographie - Index
-
Le texte de la leçon inaugurale prononcée au Collège de France, le 23 avril 1982.
-
La noblesse d'etat: grandes ecoles et esprit de corps
Bourdieu Pierre
- Éditions de Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Mars 1989
- 9782707312785
Pour parler aujourd'hui non des puissants, comme certaine histoire, ou du pouvoir, comme certaine philosophie, mais des jeux sociaux, les champs, où se produisent les différents enjeux de pouvoir et les différents atouts, les capitaux, nécessaires pour y triompher, il faut mobiliser toutes les ressources de la statistique, de la théorie anthropologique et de l'histoire sociale. Comment s'est constituée la configuration singulière de pouvoirs, intellectuels, politiques, bureaucratiques, économiques, qui domine les sociétés contemporaines ? Comment ces pouvoirs, notamment ceux qui s'autorisent de l'autorité conférée par l'École, obtiennent-ils notre reconnaissance ? Qu'est-ce que la compétence dont se réclament les technocraties ? Le travail de consécration qu'accomplit l'institution scolaire, notamment à travers les grandes écoles, s'observe dans l'histoire, à des variantes près, toutes les fois qu'il s'agit de produire une noblesse ; et les groupes socialement reconnus, en particulier les grands corps, qui en sont le produit, fonctionnent selon une logique tout à fait semblable à celle des divisions d'Ancien Régime, nobles et roturiers, grande et petite noblesse. La noblesse d'État qui dispose d'une panoplie sans précédent de pouvoirs, économiques, bureaucratiques et même intellectuels, et de titres propres à justifier son privilège, titre d'écoles, titres de propriété et titres de noblesse, est l'héritière structurale - et parfois généalogique - de la noblesse de robe qui, pour se construire comme telle, contre d'autres espèces de pouvoirs, a dû construire l'État moderne, et tous les mythes républicains, méritocratie, école libératrice, service public.
Grâce à une écriture qui alterne l'humour de la distance avec la rigueur du raisonnement statistique ou de la construction théorique, Pierre Bourdieu propose une réalisation accomplie d'une anthropologie totale, capable de surmonter l'opposition entre l'art et la science, l'évocation et l'explication, la description qui fait voir et le modèle qui fait comprendre. Déchirant l'écran des évidences qui protègent le monde familier contre la connaissance, il dévoile les secrets de la magie sociale qui se cache dans les opérations les plus ordinaires de l'existence quotidienne, comme l'octroi d'un titre scolaire ou d'un certificat médical, la nomination d'un fonctionnaire ou l'institution d'une grille des salaires.
----- Table des matières ----- Prologue : Structures sociales et structures mentales Première partie :
Les formes scolaires de classification Chapitre 1 : Pensée dualiste et conciliation des contraires. La discipline des esprits - Le privilège de l'aisance - Academica mediocritas.
Chapitre 2 : Méconnaissance et violence symbolique. Une machine cognitive - Le jugement des pairs et la morale universitaire - L'espace des vertus possibles.
Annexes : 1. L'origine sociale des lauréats du concours général (1966-1986) - 2. Élection et sursélection - 3. Quelques thèmes marquants de deux dissertations couronnées - 4. Quatre portraits de lauréats.
Deuxième partie : L'ordination Chapitre 1 : La production d'une noblesse. Forcing et forçage - L'enfermement symbolique - Une organisation dualiste.
Chapitre 2 : Un rite d'institution. Consacrer ceux qui se consacrent - L'ascèse et la conversion - Noblesse oblige.
Chapitre 3 : Les ambiguïtés de la compétence.
Annexe : Quelques documents sur la vie dans les classes préparatoires et les grandes écoles.
Troisième partie :
Le champ des grandes écoles et ses transformations Chapitre 1 : Un état de la structure. Le modèle - Grande porte et petite porte - L'espace des grandes écoles : une structure chiasmatique - Une matrice de préférences - Positions, dispositions et prises de position - L'esprit de corps - Dévoyés et fourvoyés.
Chapitre 2 : Une histoire structurale. Variations et invariants structuraux - Les guerres de palais - Voies détournées et écoles refuges.
Annexes : 1. Le discours de célébration - 2. La méthode - 3. Les principales données statistiques sur les plus grandes écoles - 4. L'aveuglement.
Quatrième partie :
Le champ du pouvoir et ses transformations Chapitre 1 : Les pouvoirs et leur reproduction. La structure du champ du pouvoir - Les stratégies de reproduction - Le mode de reproduction familial - Le mode de reproduction à composante scolaire - La gestion familiale de l'école.
Chapitre 2 : Écoles du pouvoir et pouvoir sur l'économie. Patrons d'État et patrons familiaux - « La noblesse de la classe bourgeoise » - L'« élite » - Le sens de l'évolution - Le privilège des robins.
Chapitre 3 : Les transformations du champ du pouvoir.
Annexes : 1. Le champ du pouvoir économique en 1972 (analyse des correspondances) -2. Positions dans le champ et prises de position politiques - 3. Une journée ordinaire d'un homme de relations - 4. Affinités électives, liaisons institutionnalisées et circulation de l'information - 5. Ambroise Roux « désamorce la bombe Riboud » Cinquième partie :
Pouvoir d'État et pouvoir sur l'État La magie d'État - Les robins et l'invention d'État - L'allongement des circuits de légitimation.
-
Comment entendre le projet d'une écologie des images ? Lorsque Susan Sontag l'ébauche pour la première fois à la fin de son ouvrage de 1977 sur la photographie, il résonne comme une exhortation à la vigilance face au débordement d'images qui menace d'engloutir notre capacité de voir. Plus récemment, derrière ce souci d'une économie de l'attention, une autre inquiétude a percé, concernant cette fois les retombées environnementales de la circulation et du stockage des images numériques.
Cet essai tente d'explorer une troisième voie : sous l'immédiateté du visible, il s'agit de laisser affleurer les temporalités dissonantes et les vitesses contrastées qui font la tension, le ton des images dans leur venue à l'apparaître. Non seulement celles qui furent faites de la main de l'homme, mais aussi toutes les autres, depuis les infinies variations mimétiques du règne animal jusqu'aux vues produites par les machines ou le divin.
Le chemin parcouru conduit de l'histoire de l'ombre (elle commence avec Pline) jusqu'à ce que Bataille aurait pu appeler une iconomie à la mesure de l'univers. En cours de route, on s'arrête sur l'iconogenèse selon Simondon, la mimétologie de Caillois, les papillons de Nabokov, le ralenti d'Epstein, une gravure de Hogarth et le développement de la photographie aérienne.
P. Sz -
Principal inculpé, en 1962 et 1964, de deux procès intentés aux dirigeants nationalistes sud-africains, Nelson Mandela, ancien avoué, s'y était défendu lui-même et avait été condamné à la détention perpétuelle.
Ses deux plaidoiries sont reproduites dans cet ouvrage qui retrace l'histoire du Congrès national africain depuis ses origines et met en lumière le processus par lequel ses dirigeants sont passés successivement de l'opposition légaliste à la grève et de la grève au sabotage.
La lettre de Breyten Breytenbach adressée à Willie Mandela en mai 1985 et qui figure au début de cette réédition, évoque les conditions de vie de Mandela en prison à travers les événements survenus en République sud-africaine ces vingt-cinq dernières années.