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Poésie
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On lira ici pour la première fois en français les sonnets de l'Arioste (1474-1533), le génial auteur du Roland furieux. Italo Calvino loua l'énergie de ces poèmes - l'esprit de l'Arioste, écrit-il, c'est « l'élan en avant ». Ces sonnets sont pleins d'allant et c'est sans doute pourquoi les poètes comme Du Bellay et Ronsard y puisèrent leur inspiration. L'Arioste est partout libre : pétrarquiste, il n'est pas alourdi par le repentir chrétien. Il est sensuel, délicat, ironique, cultivé, raffiné et direct. Il mélange les tons de la louange et du dépit, de l'invective et du thrène. Il sonne vrai.
Les amoureux de l'amour reconnaîtront une voix originale dans ces poèmes du corps et du désir ; les amoureux de l'Italie rêveront à la cour de Ferrare ; les amoureux du sonnet goûteront la technique d'un poète aux ouvrages ciselés parfaitement rendus dans la traduction inventive de Frédéric Tinguely. Quant aux amoureux des lettres, ils ne seront pas mécontents de rencontrer une oeuvre portée par tant de délicatesse et tant de goût. Entrer dans les sonnets de l'Arioste, c'est faire l'expérience d'une densité qui invite à tirer le meilleur de soi.
Personne ne restera insensible aux couleurs de ces vers, à leurs lumières, aux ombres qui les traversent et qui sont aussi nos ombres. -
Bashõ est l'une des figures majeures de la poésie classique japonaise.
Par la force de son oeuvre, il a imposé dans sa forme l'art du haiku, mais il en a surtout défini la manière, l'esprit : légèreté, recherche de la simplicité et du détachement vont de pair avec une extrême attention à la nature. le haiku naît donc au bord du vide, de cette intuition soudaine, qui illumine le poème, c'est l'instant révélé dans sa pureté.
La vie de ce fils de samouraï, né près de kyoto en 1644, fut exclusivement vouée à la poésie.
Agé de treize ans, il apprend auprès d'un maître du haikai les premiers rudiments de ce genre. plus tard, après avoir lui-même fondé une école et connu le succès à edo (l'actuelle tokyo), il renonce à la vie mondaine, prend l'habit de moine, et s'installe dans son premier ermitage. devant sa retraite, il plante un bananier, un bashõ, offert par l'un de ses disciples - ce qui lui vaudra son pseudonyme.
Sa vie est dès lors faite de pauvreté, d'amitiés littéraires et de voyages. osaka sera le dernier. après avoir dicté un ultime haiku à ses disciples éplorés, il cesse de s'alimenter, brûle de l'encens, dicte son testament, demande à ses élèves d'écrire des vers pour lui et de le laisser seul. il meurt le 28 novembre 1694. sur sa tombe, on plante un bashõ.
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Hâfez est le poète majeur de la poésie lyrique persane. Il vécut au quatorzième siècle à Chiraz. Les mots de ses poèmes sont ceux des spirituels de son temps, aussi ceux des fêtes à la cour, ceux des soldats ou de la chasse, du commerce, du jardin ou de la rue. Mais ses poèmes sont surtout habités du désir de voir le visage de l'Aimé, désir que ne font qu'aviver toutes les réalités du monde. Et si Hâfez jouit en Iran d'un prestige populaire qui ne s'est jamais démenti, c'est peut-être parce que l'amour a dans son oeuvre une place si éminente qu'il semble effacer les frontières entre l'humain et le divin.
La traduction complète du Divân est la première qui paraît en français. Toute l'érudition du traducteur, Charles-Henri de Fouchécour, est mise au service de la beauté de la langue et du souci que chacun puisse faire de cette oeuvre une lecture personnelle et approfondie.
Prix Nelly Sachs 2006 de la traduction de poésie.
Lauréat de la Fondation culturelle iranienne Mowqûfât de Téhéran (Dr. Mahmûd Afshâr).
Prix 2007 de la Bibliothèque Nationale d'Iran.
Médaillé du Centre de Recherches d'études hâféziennes de Chiraz, 2007.
Prix du meilleur « Livre de l'année 1386 a.h. (2007) » attribué par le ministère de la Culture de l'Iran (Téhéran, 09/02/2008).
Prix Delalande-Guérineau de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l'Institut de France, 2008.
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Si ce poète habitué aux visitations angéliques s'est voulu insubstantiel, humble, dépouillé jusqu'à la transparence, c'est qu'il se savait né pour transmettre, pour écouter, pour traduire au risque de sa vie ces secrets messages que les antennes de son génie lui permettaient de capter : enfermé dans son corps comme un homme aux écoutes dans un navire qui sombre, il a jusqu'au bout maintenu le contact avec ce poste d'émission mystérieux situé au centre des songes.
Du fond de tant de dénuement et de tant de solitude, les privilèges de rilke, et son mystère lui-même, sont le résultat du respect, de la patience, et de l'attente aux mains jointes. un beau jour, ces mains dorées par le reflet d'on ne sait quels cieux inconnus se sont écartées d'elles-mêmes, pareilles à la coque fragile et périssable d'un fruit formé dans la profondeur de ces paumes, et dont on ne saura jamais s'il doit davantage à la lumière qui l'a mûri, ou aux ténèbres dont il est issu.
Marguerite yourcenar (extrait de la préface) les poèmes à la nuit, traduits ici pour la première fois intégralement en français, ont été offerts par rilke à rudolf kassner en 1916 et sont l'une des étapes essentielles de la genèse des elégies de duino.
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Le haïku, " sorte de balafre légère tracée dans le temps ", comme dit roland barthes, réussit à exprimer en peu de mots ce que l'encre suscite en quelques traits de pinceau dans la calligraphie ou la peinture : un moment privilégié, un instant de lumière, un éveil.
L'un et l'autre naissent d'un même souffle, d'un même élan, au terme d'un intense recueillement. tenu au bout des doigts, le pinceau, gorgé d'encre, est suspendu verticalement au-dessus du papier puis, d'un seul mouvement, il trace un signe noir qui s'inscrit avec la force de l'évidence sur la surface blanche : un mot, un kaki, un héron.
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Moins lu en France que d'autres oeuvres majeures de Rilke, Requiem fut, de son vivant, l'un de ses textes les plus largement diffusés. Écrits en 1908 et dédiés à un très jeune poète suicidé et à une artiste peintre à laquelle Rilke avait été presque fiancé avant d'épouser Clara Westhoff, dont elle était l'amie, ses deux volets représentent une expression déjà pleinement maîtrisée des thèmes qu'amplifieront les Élégies de Duino. Pour la première fois depuis les Nouveaux poèmes, Rilke se détourne du monde objectif et de " l'apprentissage du regard qu'il s'était fixé pour tâche, et revient à la question de la mort qui le hantait dès ses premiers poèmes, cherchant à lui donner une réponse qui ne relève d'aucune religion instituée. Deux autres " Requiem ", l'un de 1900, l'autre de 1915, complètent la présente édition.
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Née dans une famille juive de Berlin en 1891, Nelly Sachs échappe de justesse aux persécutions nazies et se réfugie en Suède en compagnie de sa mère en 1940.
Soumise à l'effroyable pression de l'histoire, elle s'enferme dans le silence puis, après une relecture de la Bible dans la traduction novatrice de Martin Buber et Franz Rosenzweig dont les premiers volumes avaient paru avant la guerre, recommence à écrire à partir de 1943. Naissent alors, le plus souvent la nuit, les poèmes qu'elle rassemble en 1946 sous le titre Dans les demeures de la mort. Elle considérera ce livre, qui la place aussitôt parmi les plus grands poètes de son temps, comme le véritable début de son oeuvre, souhaitant laisser dans l'ombre les textes qui l'ont précédé.
Il contient une série de poèmes dédiés à un homme dont elle ne dira jamais le nom, son fiancé, mort en camp de concentration. Eclipse d'étoile, qui paraît en 1949, prolonge le recueil précédent par une méditation sur le destin d'Israël, sur la fidélité aux morts, sur la possibilité même de tirer encore une parole du silence après l'épreuve des ténèbres. La poésie de Nelly Sachs interpelle les bourreaux, convoque la mémoire des prophètes, et s'affirme comme l'expression de " cette ardeur du coeur qui veut franchir toutes les frontières ", toute patrie étant perdue.
Morte à Stockholm en 1970, quatre ans après avoir reçu le Prix Nobel de Littérature, Nelly Sachs apparaît aujourd'hui comme l'une des voix majeures du XXe siècle. Mireille Gansel propose ici la première traduction complète de ses deux premiers recueils, réalisée dans un souci de fidélité non seulement au sens mais à l'usage particulier du souffle qui caractérise la diction poétique de Nelly Sachs.
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Avant de devenir le librettiste attitré de Richard Strauss ou l'auteur de la célèbre Lettre de Lord Chandos, Hugo von Hofmannsthal (1874-1929) a d'abord été un poète à la trajectoire fulgurante : l'essentiel de son oeuvre poétique a été écrite entre seize et vingt-cinq ans. C'est à ce titre qu'il figure dans toutes les anthologies de la poésie de langue allemande. Ce volume rassemble l'intégralité des poèmes publiés par Hofmannsthal de son vivant, complétés par l'essentiel de ses poèmes posthumes, et rend ainsi justice à l'une des oeuvres majeures de la culture viennoise du tournant du siècle dernier.
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Matsuo Munefusa, fils d'un petit samouraï, et plus tard célèbre sous le nom de Bashô, est né en 1644 non loin de Kyôto. Très tôt il se consacre à la poésie et, selon ses propres termes, " fait du haïkaï sa vie ". L'édition de René Sieffert, éminent et prolixe traducteur et commentateur de la littérature classique japonaise, restitue toute la complexité thématique qui porte cette forme brève et donne une profondeur à cet art de la simplicité et de la légèreté. Plus que l'alouette haut dans le ciel me repose au sommet du col.
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Paru en février 1928, la tour est probablement le plus célèbre des recueils de w.
B. yeats. il doit son titre à thoor ballylee, le cottage acquis par yeats en 1917, dont la tour devient ici le symbole d'un esprit qui monte la garde en temps de ténèbres. tous les grands thèmes de l'oeuvre de yeats trouvent ici leur expression la plus accomplie au service d'une conscience aiguë de la nécessité de redéfinir la mission de la poésie dans le monde moderne. pour yeats, il n'est pas d'autre fondement possible à la dignité humaine que la prise en compte du destin de l'âme ; le matérialisme, le rationalisme étroit en germe dans la pensée anglaise depuis le xviiie siècle, lui paraissent la source de tous les maux.
La poésie et l'art sont seuls à pouvoir rappeler la primauté de la vocation spirituelle de l'homme. alors que l'histoire se fait toujours plus sombre et que s'annonce la fin d'un monde, yeats trouve dans le pouvoir des images une lueur qui le guide dans les ténèbres. il s'invente une tradition secrète. byzance lui apparaît à l'horizon de l'histoire comme un de ces moments oú s'est réalisé l'équilibre refusé à l'homme moderne, tout comme l'athènes du siècle de périclès ou l'italie de la renaissance.
Mais en même temps que se multiplient les appels à la fuite vers un passé meilleur, la tour est un livre traversé du rappel insistant que l'éphémère est la loi. la force de la poésie de yeats est de convertir en vision l'amertume du poète vieillissant face aux tragédies qui accablent l'irlande, et de faire de sa colère une source de grandeur.
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Parus en 1957 et 1959, les deux recueils réunis dans ce volume font suite à Éclipse d'étoile et rassemblent les poèmes écrits par Nelly Sachs durant les années cinquante.
Alors que son oeuvre commence à rencontrer un écho (le poète Peter Huchel l'accueille en 1950 au sommaire de la prestigieuse revue littéraire est-allemande Sinn und Form, elle entame en 1957 une correspondance régulière avec Paul Celan et reçoit en Suède la visite de plusieurs jeunes écrivains allemands), Nelly Sachs doit faire face à de graves troubles dépressifs. Après la mort de sa mère en 1949, elle séjourne à plusieurs reprises en hôpital psychiatrique.
À nouveau, c'est dans la lecture de la Bible, du Zohar, et dans une proximité de plus en plus accentuée avec la tradition hassidique, qu'elle puise la force de poursuivre sa route. " Lapidée par la nuit ", celle qui a pris en 1940 le chemin de l'exil interroge l'histoire de son peuple et découvre, grâce aux hassidim, qu'" Israël n'est pas seulement un pays ". Les prophètes et les patriarches auxquels elle consacre, parallèlement à l'écriture des poèmes, plusieurs drames, hantent ses vers comme autant de figures vivantes.
Ils sont ici les compagnons et les guides d'un nouvel exode intérieur, d'une ascèse au terme de laquelle il redevient possible de croire en l'avenir et d'accueillir la beauté sensible : " Les métamorphoses du monde me tiennent lieu de pays natal. "
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Avant de devenir, des Cygnes sauvages à Coole aux Derniers poèmes, l'un des fondateurs de la modernité poétique, W B Yeats a d'abord été, ainsi qu'il l'écrira en 1931 dans L'Escalier en spirale, l'un des " derniers romantiques ". Sous le double signe de la Renaissance celtique et du symbolisme préraphaélite, le jeune Yeats s'est rapidement imposé, dès avant le tournant du siècle, comme l'un des poètes majeurs de sa génération. Les quatre recueils réunis dans ce volume, parus entre 1889 et 1899, le montrent déjà maître dans son art, même s'il se cherche encore. " Errant " comme son double mythique Oisin, héros de son premier poème narratif, le premier Yeats voudrait parvenir à faire la synthèse entre sa tentation de fuir le monde (pour s'évader dans l'imaginaire antique, oriental ou celtique), son goût des recherches occultes, et son engagement politique au service de l'Irlande en quête d'indépendance. Le voici, ainsi que le dit un titre adopté en 1895, à La Croisée des chemins. Il trouvera d'abord dans la Rose, emblème à la fois de la femme aimée, de l'Irlande, et de l'unité du divers, l'un des symboles-clés de sa poésie. Mais c'est en approfondissant l'expérience de l'amour qu'il parvient, avec Le Vent dans les roseaux, à écrire le premier d'une longue série de chefs d'oeuvre.
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Le monde est devenu plus rude.
On ne peut plus comme avant contempler les fleurs des cerisiers ni philosopher avec des amis autour d'une coupe de vin. désormais, quand on regarde les nuages, c'est à travers les barbelés. quand on s'endort, c'est dans la promiscuité et les mauvaises odeurs. plus rien n'est paisible. la poésie persiste en dépit des circonstances, l'humour et le détachement continuent à ordonner l'existence, mais la voix s'éraille.
La voix ne cherche plus à faire preuve d'élégance. celui qui parle veut surtout, avant d'être brisé, apporter son témoignage. en choisissant le haïku comme forme d'expression, lutz bassmann raconte une histoire. il décrit les menus événements du quotidien de la prison, il donne vie aux figures qui l'entourent, il invente des personnages : l'idiot, le révolutionnaire dogmatique, le bonze désenchanté, le cannibale, et tant d'autres que de nouveaux malheurs menacent.
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Les arbres de Ville Evrard ; lorsqu'ils deviennent passage des cigognes dans le ciel
Armand Gatti
- Verdier
- Litterature Francaise
- 22 Janvier 2009
- 9782864325635
C'est à l'hôpital de Ville- Évrard, à Neuilly-sur-Marne - où furent internés Camille Claudel et Antonin Artaud -, qu'à l'été 2006 Gatti mena l'une de ses expériences théâtrales qu'allaient clore trois représentations intitulées : Les oscillations de Pythagore en quête du masque de Dionysos, opéra quantique. Il avait réuni là trente-cinq " stagiaires " de quatorze pays différents pour mettre en jeu ce nouvel épisode de La Traversée des langages (un ensemble de pièces à paraître aux éditions Verdier en 2009). Les arbres de Ville- Évrard lorsqu'ils deviennent passage des cigognes dans le ciel est nourri de cette expérience, il en est l'aventure transposée dans et par le poème. On y retrouve - outre beaucoup des grands morts de Gatti et leurs voix actives - la quête toujours énigmatique, inspirée du Livre des mutations, des mouvements de l'univers et de ses invariants. L'arbre est la verticalité insurrectionnelle à laquelle Gatti confie sa parole errante.
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Publiés par W B. Yeats entre 1903 et 1914, les ouvrages rassemblés dans ce volume sont autant d'étapes sur le chemin de la maturité. Si des poèmes narratifs comme La Vieillesse de la reine Maeve ou Baile et Ailinn portent encore la marque crépusculaire de la " Renaissance celtique ", les recueils Dans les sept bois (1904) et Le Heaume vert (1910) traduisent une évolution décisive. En renonçant au vague de la rêverie romantique, en resserrant ses vers, en portant sur le monde un regard plus soucieux du détail concret, Yeats est déjà sur la voie de ses oeuvres majeures. L'amitié d'Olivia Shakespear ou de Lady Gregory, l'influence bénéfique de Synge et de Pound y ont contribué. Quittant la tour d'ivoire du symbolisme, Yeats affirme sa volonté de descendre dans l'arène. En même temps qu'elle devient plus ouvertement autobiographique, sa poésie se fait ainsi le miroir des événements contemporains - non sans amertume, car c'est aussi par sa capacité d'indignation face à la médiocrité de la vie publique que Yeats interpelle ses contemporains. Le titre du recueil qui paraît en 1914, Responsabilités, entend ainsi signifier que le poète a un rôle à jouer dans l'avènement d'un nouvel âge où l'art saura réveiller en l'homme la puissance endormie de l'imagination créatrice.
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La publication de ce recueil, en 1919, consacra l'entrée de yeats dans la période de sa plus grande maturité créatrice.
Ayant définitivement conquis son ton de voix le plus personnel, yeats donne ici à la poésie anglaise quelques-uns de ses chefs-d'oeuvre et, dépassant le symbolisme de sa jeunesse, trouve les métaphores fondamentales qui vont guider sa recherche jusqu'à la fin de sa vie. l'envol des cygnes dans le parc de coole, vus dans la beauté d'une heure, d'une saison, d'un lieu précis, et dont le tournoiement " en grands cercles brisés " annonce les images de spirale des recueils qui suivront, est un moment inaugural : c'est la poésie du vingtième siècle qui commence, et c'est aussi une poésie rêvée, utopique, impossible, qui révèle ici sa splendeur.
Cette première traduction intégrale d'un recueil majeur de yeats a été entièrement révisée par le traducteur à l'occasion de la présente réédition. elle constitue aujourd'hui le troisième volume, dans l'ordre chronologique, de l'intégrale des poèmes de yeats publiée aux éditions verdier.
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L'escalier en spirale est un livre de transition: à près de 70 ans, yeats contemple sa vie passée, multipliant les échos avec les recueils précédents ; mais aussi, sentant monter en lui une révolte irrépressible contre la vieillesse qui vient, il tente et réussit un ultime renouvellement de son art, au prix d'une remise en question qui aboutira aux derniers poèmes, posthumes.
Ce livre dont la genèse fut longue (de 1922 à 1933) contient quelques-uns des poèmes et des cycles les plus célèbres de yeats, dont plusieurs sont traduits ici en français pour la première fois, comme les chansons intitulées " paroles à mettre en musique (peut-être) ". le poète les a ordonnés de telle manière que les souvenirs des lieux marquants de sa vie aient pour contrepoint l'évocation d'une série de lieux idéaux: ainsi le célèbre poème intitulé " byzance " est-il moins une rêverie sur l'héritage byzantin qu'une préparation à la mort.
L'ésotérisme de yeats change ici de nature : sans se préoccuper de trouver des explications aux rêves qui le hantent, il laisse son imagination se déployer en visions fantastiques, et bâtir une sorte d'" éloge de la folie " en réponse aux troubles de l'histoire. les poèmes de l'escalier en spirale imposent ainsi au fil des pages la souveraine évidence de leur imaginaire. ce septième et dernier volume achève la première traduction complète en français de la poésie de w.
B. yeats (1863-1939)
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Paru à l'automne 1999 en Italie, À l'image de l'homme est le dernier en date de la série des grands livres " symphoniques " de Mario Luzi inaugurée en 1985 avec Pour le baptême de nos fragments. Le précédent livre-poème de l'auteur, Voyage terrestre et céleste de Simone Martini, prenait la forme d'une fiction proche du " roman en vers ". A limage de l'homme est très loin de présenter la même dimension narrative, mais repose néanmoins sur une fiction: les poèmes en sont attribués à un double imaginaire du poète, Lorenzo Malagugini. Les onze sections du livre sont les fragments posthumes, recueillis par ses amis, de son journal intime dont le fil conducteur, écrit Mario Luzi en tête du livre, serait l'idée d'un " noviciat incessant ". Si la confession directe est ici résolument voilée, la particularité de ce " journal sans dates " est d'enregistrer aussi bien la dictée de l'expérience, la succession des circonstances quotidiennes (un voyage en Hollande, un pèlerinage à Assise, une promenade au bord de l'Arno, un soir à Lugano...) que les méditations religieuses les plus intemporelles, tournées vers l'énigme de la vie future. Le noviciat étant la période préparatoire à l'entrée dans un ordre religieux, on comprend que le " noviciat incessant " dont il s'agit dans ces pages est une manière de concevoir la vie entière comme préparation à un accomplissement qui se situe au-delà d'elle, et hors du temps.
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De cent poètes un poème est une compilation faite au XIIème siècle par un homme de lettres qui a choisi les meilleurs poèmes écrits entre le VIIIème et le XIIème siècle. Au fil des siècles, ces poèmes ont été écrits sur des cartes et sont devenus un jeu très populaire toujours pratiqué au moment du Nouvel An. Les POF ont déjà publié ce recueil en 1993 (collection Tama), mais il s'agit ici d'un beau livre : chaque poème est en page de gauche avec en vis-à-vis la calligraphie qui lui correspond en page de droite.
Texte de 4ème de couverture : Lors d'un été pluvieux, un célèbre poète, Teika, décida de choisir un poème de chacun des meilleurs auteurs connus de ce temps et de les calligraphier sur des feuilles destinées à être collées sur des paravents. C'est ainsi que naquit ce recueil de cent poèmes composés entre le VIIIème et le XIIème siècle. Au fil des siècles, ces poèmes furent transcrits sur des cartes à jouer et devinrent un jeu pratiqué par tous les Japonais, petits et grands, avec championnat au niveau national dont les media rendent compte abondamment, finale après finale. Pour illustrer ce recueil, Sôryû Uésugi a peint cent calligraphies : il a condensé l'expression des 31 syllabes de chaque poème en deux caractères chinois qu'il a calligraphiés, réalisant ainsi une très belle rencontre entre les poètes d'un passé lointain et un artiste du XXIème siècle. Il a voulu offrir cette rencontre à la mémoire de René Sieffert, le traducteur en français de ces poèmes.
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Avais-je écrit ces livres, avaient-ils eu quelque audience, ces questions me semblaient oiseuses, elles appartenaient à quelqu'un que je n'étais plus et tout mon passé se présentait aux yeux de ma mémoire comme une surface lisse, monotone, étrangère à ce que j'étais devenu.
Je n'avais pas à faire l'effort de rameuter mes souvenirs, ils se détachaient de moi comme une matière inerte, un agrégat d'épisodes insignifiants que je regardais s'effondrer, sans que j'en déplore la perte, sans remords, sans sursaut d'orgueil. J'en éprouvais, au fort de ma douleur physique, comme un allégement intellectuel, fallacieux sans doute, mais il me plaisait de penser que cette expérience était close et que je serais capable de vivre, si la chance m'en était donnée, sans plus écrire jamais.
Mais quelque génie tenace veillait encore sur moi, puisqu'aujourd'hui, en ce moment même, je livre ces observations dans des mots qui me sont accordés, telle une offrande de l'imprévisible. C.E.